Présidentielles 2022

Les think-tanks ?

« Les think-tanks en ordre de bataille pour la campagne présidentielle »

Le Figaro du 13 septembre 2021, page 20

Marie Visot

Il s’agit d’une analyse fort intéressante, mais qui soulève beaucoup de questions, 1) sur leur financement et donc leur transparence, 2) sur leurs méthodes avec l’intrusion des algorithmes, l’effet politique « historique » de leurs travaux et de leurs publications sur les programmes des candidats et sur les résultats des élections elles-mêmes : une analyse compliquée dans le désordre actuel causé par le nouveau pouvoir des réseaux sociaux et la face encore cachée du monde politique numérique et  algorithmique.

Rappelons tout d’abord la liste publiée de ces groupes de pression : Institut Montaigne, un institut libéral – Fondation Ifrap, institut d’une droite libérale – Fondapol, institut d’inspiration libérale – Fondation Jean Jaurès, institut d’inspiration socialiste – Terra Nova, institut d’inspiration socialiste – Institut de l’Entreprise -Institut Thomas More, libéral conservateur.

Le journal proposera sans doute plus tard une analyse de leurs financements, compte tenu de leur rôle de lobbying politique.

Les effets politiques, il est sans doute assez difficile de les mesurer, sauf peut-être en procédant à des analyses fouillées peut-être disponibles entre catalogue des propositions et inscription dans les programmes politiques.

A titre personnel, je m’étais intéressé à deux prises de position, l’une ouverte par Terra Nova (03/02/2012)  avec sa proposition de primaire présidentielle qui fut un échec pour le Parti Socialiste, l’un de ses supporters ayant été battu lui même à Marseille, l’autre une enquête lancée en 2014 par la Fondation Jean Jaurès sur la guerre d’Algérie, « Les regards des Français sur la guerre d’Algérie soixante après Octobre Rouge » Cette enquête a fait l’objet d’une analyse critique sur ce blog le 29/01/2015.

Il aurait été fort intéressant de voir le journal se livrer à une récapitulation des grandes propositions que ces think-tanks ont faites dans le passé, en nature et en coût affichés, à la fois sur leurs tablettes et dans les programmes des candidats.

 Avec l’accès généralisé au numérique, mais moins aux algorithmes, la donne politique a changé avec une sorte de transformation des études du marché politique en temps réel.

 On établit une carte de France des algorithmes politiques les plus sensibles, génériques et par classe, sociale, économique, ou territoriale, leur répétition dans la durée, leur degré de sensibilité afin de retenir dans son programme ce qui comptera le plus en nombre de voix ou en effet buzz, un système à la fois de ballons d’essai modernisé et de campagne politique.

Macron, avec son équipe de têtes d’œufs a certainement déployé cette méthode pour l’emporter en 2017.

Il serait intéressant de pouvoir disposer d’une telle capacité d’analyse numérique pour comprendre le parcours actuel d’une campagne présidentielle qui ne dit pas son nom : celle du Président.

Elle ne doit rien au hasard : il quadrille le terrain, avec à chacune de ses haltes, des préfectoraux en uniforme, engagés qu’ils le veuillent ou non aux côtés d’un candidat qui sort son carnet de chèques, ou plutôt celui des Français et des Françaises, presque chaque jour, à quelques mois de l’élection.

Il y a quelques jours, il va à une manifestation de la SNCF célébrant le TGV, et fait un chèque de 200 millions d’euros pour « doper le TGV » (Le Figaro Economie des 18 et 19 septembre 2021)

Ce type d’initiative, ce pilonnage soulève par ailleurs la question de la transparence des frais de campagne présidentielle, alors que le Président parait développer son grand jeu sur la ligne de crête du contrôle des dépenses, entre fonction présidentielle et candidat aux présidentielles 2022.

Les think-tanks en question comme les partis politiques ont-ils pris le virage numérique ?

Le contrôle des dépenses de campagne a-t-il pris également le virage numérique ?

Jean Pierre Renaud    Tous droits réservés

Echos sanitaires de l’épidémie Covid

Dans un centre hospitalier d’une de nos belles Provinces

            Depuis la date de l’obligation vaccinale pour les personnels de santé, les personnels réfractaires 1) prennent ou sont priés de prendre des congés, sans être remplacés) 2) ou obtiennent un arrêt de travail par leur médecin.

Dans tous les cas, ils ne sont pas remplacés, qu’il s’agisse des brancardiers ou des aides soignantes hospitalières ce qui ne manque pas de poser de réels problèmes de gestion, à la différence des médecins qui eux peuvent théoriquement être remplacés.

            En même temps et dans certains centres hospitaliers de province, les emplois médicaux sont confiés à des personnels qui disposent d’équivalences de diplômes, mais dont les compétences pratiques ne sont pas suffisantes comparativement aux praticiens hospitaliers plus anciens, alors qu’ils bénéficient de contrats aux tarifs exorbitants par rapport aux salaires des praticiens hospitaliers plus anciens.

D‘autant que certains ont des exigences de spécificité : ils ne peuvent ou ne veulent pas faire certains actes, revendiquent des horaires et organisent leur temps de travail dans des conditions non règlementaires quant aux heures de début et fin d’astreintes : ce qui ne manque pas de créer de grandes difficultés et de devoir transférer les charges de travail sur les autres, même si leurs contrats ne sont pas renouvelés.

Ces situations sont à la source de beaucoup de difficultés.

Par ailleurs, on a recours de plus en plus à la télétransmission de l’imagerie scanner, entraînant une augmentation importante de la dépense pendant les gardes de nuit ou de week-end.

Une garde d‘astreinte traditionnelle sur place de 18h à 8h ne dépasse jamais 150€, que plus personne de toute façon ne veut faire, parce que sous-payée par rapport au coût de la télétransmission des sociétés privées, 200 euros par nuit + 50 à 100 euros par examen…

Rappelons qu’une astreinte de 18 heures à 8 heures ne dépasse jamais 150 euros, … des pratiques qui font donc galoper les dépenses de santé.

      Un témoignage du terrain, le 14 septembre 2021

Billet d’Humeur Historique « Corps noirs et médecins blancs »

Delphine Peiretti–Courtis

Je me suis longtemps demandé quel but poursuivaient ces chercheurs, ces historiens, qui tentaient de démontrer que mon pays devait se repentir de son histoire, quelle qu’elle fut ! Rien de lumineux, rien de bien, aucun service et même sacrifice, vraiment ?

            A lire toute une série d’essais, de thèses, d’articles et de déclarations, il faut se poser la bonne question : ne s’agit-il pas d’un courant de pensée mortifère pour la France ?

            Les courants historiques du passé ont très souvent dérivé d’une contestation universitaire et intellectuelle d’un courant de pensée dominant pour ne pas dire dominateur, au cours du XIX° ou du XX° siècle, exaltant d’une façon ou d’une autre notre « roman national » : ce n’est pas le cas du courant post-colonial animé par des chercheurs en quête de reconnaissance politique, de « marché », ou de nouvelle mission évangélique.

            Si vous le vérifiez, vous constaterez que 1) l’histoire coloniale n’était pas considérée comme assez noble pour attirer les historiens agrégés,

            2) contrairement à ce qu’affirment à longueur de bouquins certains chercheurs, le peuple français n’a jamais été un peuple colonial : le « colonial » n’a jamais fait autant fureur qu’aujourd’hui !

            J’ai publié sur ce blog un ensemble de lectures critiques d’ouvrages ou de thèses qui illustraient ce type de discours, s’abstenant de « mesurer », chaque fois que c’était possible, des faits dont ils nourrissaient leur discours historique, en oubliant donc « l’histoire quantitative ».

            La lecture critique du livre « Corps noirs et médecins blancs » que je vais publier d’ici quelques semaines, constitue à nouveau un bon exemple de cette dérive, d’autant plus qu’elle sape la confiance que l’ont peut faire  aux institutions universitaires, comme c’est ici la cas.

Comment résister à citer un échantillon de littérature complètement délirante, le livre « Adam & Eve » du finlandais Arto Paasilinna ?

L’histoire d’Aadam, un inventeur de batterie électrique farfelu qui réussit à faire fortune, à embarquer son amie Eeva, dans son aventure, qui empoche des millions et les distribue : il en fait bénéficier son chauffeur, Seppo Sorjonen, dont il paie les études médecine, lequel prépare un doctorat, défend sa thèse avec succès devant un jury dont fait partie « un contradicteur ».

Pourquoi ne s’inspirerait-on pas de cet exemple, car le système universitaire des thèses d’histoire souffre incontestablement du catimini dont il est entouré, une soutenance soi-disant publique, mais en réalité un exercice très confidentiel, sans trace écrite ?

« … Il fut décidé d’organiser la soutenance dans une petite salle des fêtes de l’université d’Helsinki… Pour la soutenance de sa thèse, Seppo Serjonen avait  revêtu un frac noir et un gilet, mais ainsi va le monde, on ne distribue pas de titres universitaires aux paresseux et aux idiots. Le chapeau doctoral de Sorjonen avait coûté 12,8 millions de marks à Adam & Accumulateurs and Batteries, ce qui était une somme plutôt élevée, mais néanmoins raisonnable compte tenu de l’importance de la médecine pour la santé de l’humanité.

Le banquet organisé pour fêter l’événement eut lieu à Hvitträsk, en présence du nouveau docteur, du contradicteur, du président du jury et de nombreux invités… » (pages 287 et 288)

Un « contradicteur » de la thèse en question, celle des « corps noirs et médecins blancs » aurait pu demander de préciser de quel « Autre » il s’agissait, de la représentativité des très nombreuses sources citées – un beau travail – , de leurs effets sur l’opinion publique des deux siècles choisis comme références, c’est-à-dire leur « mesure », en France et en Afrique noire, etc…

Ma critique se résumerait ainsi : la thèse en question illustre « un entre- soi historique », hors sol, beaucoup plus qu’« un entre deux historique », et elle alimente une fois de plus l’histoire victimaire des réparations en monnaie sonnante et trébuchante, c’est-à-dire à choisir l’assistance plutôt que la responsabilité, à la différence des pays d’Asie.

Jean Pierre Renaud     Tous droits réservés