Humeur Tique, Burqa et pub JCDecaux, Polanski, Fessée du Conseil de l’Europe

  Burqa et pub JCDecaux, Polanski et la morale Bernard-Henry Lévy, Fessée et Conseil de l’Europe

Burqa et pub JCDecaux: en juin 2009, dans une rue commerçante du Mans, un jour de semaine, un homme et une femme en burqa.

   Une affiche de pub qui valait bien je ne sais combien de grands panneaux de pub JCDecaux!

   Mieux que l’affichage JCDecaux!

Polanski et la morale de Bernard-Henry Lévy

 Notre philosophe mondain, national et international, aurait dit : « car la question, la vraie question, est, non moins que la morale, avec Roman Polanski. »

   Il est possible d’aimer le cinéma de Polanski et de se poser la question de sa morale.

Fessée et Conseil de l’Europe

 A quoi sert l’Europe? Avec le dossier grec, on peut se poser effectivement la question, mais la fessée ouvre une autre page de la grande histoire de notre belle Europe. Pourquoi ne pas refermer le dossier du Conseil de l’Europe, et supprimer cette instance coûteuse et inutile?

Humeur Tique : burqa, Villepin, et les médecins de Molière

Villepin, nouveau médecin de Molière? Au choix dans « le Médecin malgré lui », ou dans « Monsieur de Pourceaugnac », premier médecin ou apothicaire? En tout cas, notre nouveau « Sganarelle » national! 

   Comment en effet ne pas voir notre nouveau « Sganarelle » national, avec son vrai et grand physique de comédien, déguisé comme dans nos bonnes et grandes comédies de Molière, avec une grande robe noire tombant jusques aux pieds, un immense chapeau noir pointu, et un noir pavillon pour mieux ausculter le malade?

Humeur Tique : Pièces jaunes et « Jaunets »

 Juqu’où ira l’avidité d’une partie de notre élite?

   Dans mon vieux Pays de Montbéliard, nos grands-parents savaient ce qu’étaient les « jaunets », les pièces d’or, généralement des napoléons. Ils le savaient d’autant mieux qu’après la guerre de 1914-1918, l’inflation avait rongé et fait fondre, régulièrement, leurs petites économies.

   De nos jours, et s’ils étaient encore vivants, ils seraient sans doute surpris qu’on puisse passer aussi facilement des Pièces Jaunes, une oeuvre de solidarité, aux Jaunets du grand luxe, fût-il de très grande qualité nationale et internationale!

Humeur Tique : Xynthia, »COM » Borloo,le Monde du 20 avril 2010

Humeur Tique: Xynthia, « Com » Borloo, Le Monde du 20 avril 2010, zones noires et zones de solidarité

  Le 20 avril dernier, Le Monde a publié une Chronique intéressante intitulée « Xynthia, ou la nouvelle guerre de Vendée ».

   Est bien résumée cette analyse dans la phrase  » Ce drame raconte une histoire terriblement française, faite d’irresponsabilités partagées, de tartufferies équitablement réparties »

   Sans  doute, mais comment ne pas avoir été frappé par la pirouette de « com » qu’a tentée de faire Borloo: « les zones noires » devenues, d’un coup de baguette magique,  « les zones de solidarité« .

   Et pourquoi ne pas l’avoir relevé?

Mémoire collective,  » La guerre des mémoires. La France face à son passé colonial » B.Stora

Mémoire collective

Contribution 2

 « La guerre des mémoires

 La France face à son passé colonial »

 par Benjamin Stora

            Pourquoi ne pas avouer que j’ai éprouvé un malaise intellectuel à la lecture de beaucoup des pages de ce livre, crayon en mains, alors que j’ai  aimé l’article du même auteur à la mémoire de Camus (Etudes coloniales du 30 septembre 2007). Albert Camus a été un de mes maîtres à penser,  à agir, et à réagir,  avant, pendant la guerre d’Algérie, et après. J’y ai servi la France et l’Algérie, en qualité d’officier SAS, en 1959 et 1960, dans la vallée de la Soummam, entre Soummam et forêt d’Akfadou.

              Un historien sur le terrain mouvant des mémoires chaudes, pourquoi pas ? Mais est-ce bien son rôle ? Dès l’avant propos, le journaliste cadre le sujet de l’interview de M.Stora : « La France est malade de son passé colonial », mais sur quel fondement scientifique, le journaliste se croit-il permis d’énoncer un tel jugement ?

            Il est vrai que tout au long de l’interview l’historien accrédite cette thèse et s’attache à démontrer l’exactitude de ce postulat : les personnes issues des anciennes colonies, première, deuxième, troisième génération (il faudrait les quantifier, et surtout les flux , les dates, et les origines) «  se heurtent inévitablement à l’histoire coloniale » (p.12), « la guerre des mémoires n’a jamais cessé » (p.18), la « fracture coloniale », « c’est une réalité » (p.33), « l’objectif est d’intégrer, dans l’histoire nationale, ces mémoires bafouées » (p.81), « saisir comment s’élaborent en permanence les retrouvailles avec un passé national impérial » (p.90)

            Et l’auteur de ces propos, qui se veut « un passeur entre les deux rives », incontestablement celles de la Méditerranée, accrédite le sérieux des écrits d’un collectif de chercheurs qui n’ont pas réussi, jusqu’à présent, par le sérieux et la rigueur de leurs travaux historiques, à démontrer la justesse de la thèse qu’ils défendent, fusse avec le concours bienveillant de certains médias, quant à l’existence d’une culture coloniale, puis impériale, qui expliquerait aujourd’hui la fameuse fracture coloniale.

            Et le même auteur de reprendre le discours surprenant, de la part d’historiens de métier, sur la dimension psychanalytique du sujet : « la perte de l’empire colonial a été une grande blessure narcissique du nationalisme français » (p.31), pourquoi pas ? Mais à partir de quelles preuves ? « Refoulement de la question coloniale » (p.32). « Pourtant la France a conservé dans sa mémoire collective, jusqu’à aujourd’hui, une culture d’empire qu’elle ne veut pas assumer » » (p.32). « Les enfants d’immigrés sont porteurs de la mémoire anticoloniale très puissante de leurs pères » (p.40).

            « Pourquoi cette sensation diffuse d’une condition postcoloniale qui perdure dans une république où les populations issues des anciens empires n’arrivent pas à se faire entendre ? » (p.90).

            Comment ne pas souligner le manque de clarté des propos de l’auteur, lequel écrit page 11 que la population issue des anciennes colonies a doublé entre les années 1980 et 2007, et les propos qu’il tient parallèlement sur les « mémoires bafouées » : mais les colonies sont indépendantes depuis le début des années 60, et l’Algérie depuis 1962 !

            De quelles générations s’agit-il ? Des enfants d’immigrés du travail venus en France avant 1962 ? Ou pour l’Algérie, importante source d’immigration, des enfants de pieds noirs, de harkis, ou d’enfants de citoyens algériens venus en France après l’indépendance de leur pays, notamment en raison de ses échecs économiques, puis de sa guerre, à nouveau civile ? Pour ne citer que l’exemple de l’Algérie qui est le postulat de la plupart de ces réflexions.

            L’auteur cite le cas de Boudiaf, un des principaux fondateurs du FLN, lequel revenu d’exil dans son pays en 1962, était inconnu des jeunes Algériens : « Les jeunes Algériens ne connaissaient même pas son nom » (p.60).

            Quant au propos tenu sur Madagascar, pays avec lequel j’entretiens des relations particulières, « Dans cette ancienne colonie française, les milliers de morts des massacres de 1947 restent dans toutes les mémoires »

            Je ne suis pas le seul  à dire que la repentance de Chirac, lors de son voyage de   2005,  est tombée à plat, parce que ce passé est méconnu des jeunes générations.

            L’auteur de ces lignes est-il en mesure de justifier son propos ?

            Les Malgaches ne connaissent pas mieux leur passé colonial que les Français, car pour ces derniers, ce n’est pas l’enquête de Toulouse, faite en 2003, par le collectif de chercheurs évoqué plus haut, qui peut le démontrer. Cette enquête va clairement dans un tout autre sens, celui de la plus grande confusion qui règne actuellement sur tout ce qui touche le passé colonial, la mémoire, et l’histoire coloniale elle-même, et la réduction de cette histoire à celle de l’Algérie. Cette enquête révélait en effet l’importance capitale de la guerre d’Algérie dans la mémoire urbaine de Toulouse et de son agglomération.

            Et ce constat avait au moins le mérite de corroborer deux des observations de l’auteur, celle relative à « l’immigration maghrébine » qui « renvoie à l’histoire coloniale », et l’autre quant à l’importance de la guerre d’Algérie dans cette « guerre des mémoires » : « Mais, c’est la guerre d’Algérie, qui est le nœud gordien de tous les retours forts de mémoire de ces dernières années. » (p.50)

            L’obsession de l’Algérie

            Et c’est sur ce point que le malaise est le plus grand, car comment ne pas voir, que pour des raisons par ailleurs très estimables, l’auteur de ces lignes a l’obsession de l’histoire de l’Algérie, et qu’il a tendance à analyser les phénomènes décrits avec le filtre de l’Algérie, pour ne pas dire la loupe, avec toujours en arrière plan, le Maghreb.

            Le tiers des pages de ce livre se rapporte à l’Algérie, et beaucoup plus encore dans l’orientation des réflexions qui y sont contenues. Les autres situations coloniales ne sont évoquées qu’incidemment, alors que l’histoire coloniale n’est pas seulement celle de l’Algérie, quelle que soit aujourd’hui l’importance capitale de ce dossier.

            Un mot sur la mémoire ou les mémoires de l’Algérie et de la guerre d’Algérie. Pour en avoir été un des acteurs de terrain, je puis témoigner qu’il est très difficile d’avoir une image cohérente et représentative de la guerre d’Algérie vécue par le contingent. Chaque soldat, chaque sous-officier, et chaque officier, a fait une guerre différente selon les périodes, les secteurs, les postes militaires occupés, et les commandements effectifs à leurs différents niveaux (sous quartiers, quartiers, secteurs, et régions). Si beaucoup d’anciens soldats du contingent ont écrit leurs souvenirs, peu par rapport à leur nombre, mon appartenance à ce milieu me conduit à penser que beaucoup d’entre eux se réfugient toujours dans le silence, mais pas obligatoirement pour la raison qu’ils auraient commis des saloperies, ou assisté à des saloperies. Un silence qui pourrait s’expliquer par un fossé immense d’incompréhension entre leur vécu, l’attitude des autorités d’hier ou d’aujourd’hui, et celle du peuple français

            M.Rotman a parlé de guerre sans nom. Je dirais plus volontiers, guerre de l’absenceabsence d’ennemi connu, absence du peuple dans cette guerre, sauf par le biais du contingent qui, à la fin de ce conflit, s’est trouvé tout naturellement en pleine communauté de pensée avec le cessez le feu du 19 mars 1962. Et c’est sans doute le sens profond de sa revendication mémorielle.

            Pour la grande majorité des appelés, l’Algérie n’était pas la France.

            Les appelés ne savent toujours pas quelle guerre on leur a fait faire : guerre de l’absence et du silence, et le remue-ménage qui agite en permanence, à ce sujet, certains milieux politiques ou intellectuels leur est étranger.

            Il convient de noter que pour un acteur de ce conflit, ou pour un chercheur marqué dans sa chair et dans son âme par celui-ci, c’est un immense défi à relever que de vouloir en faire l’histoire.

            Et sur au moins un des points évoqués dans le livre, je partage le constat qu’il fait sur l’effet des lois d’amnistie « personne ne se retrouvera devant un tribunal » (p.18), et personnellement je regrette qu’il en soit ainsi, parce qu’il s’agit là d’une des causes du silence du contingent, et de cette conscience d’une guerre de l’absence. A quoi servirait-il de dénoncer des exactions injustifiables si leurs responsables, c’est-à-dire les salauds inexcusables n’encourent  aucune poursuite judiciaire ? Cette amnistie n’a pas rendu service à la France que j’aime et à son histoire.

            Le métier d’historien

            Ma position de lecteur, amateur d’histoire, assez bon connaisseur de notre histoire coloniale, me donne au moins la liberté de dire et d’écrire ce que je pense des livres qui ont l’ambition de relater ce pan de notre histoire.

            Ce passage permanent de la mémoire à l’histoire  et inversement, est très troublant, sans que l’intelligence critique y trouve souvent son compte! Et beaucoup d’affirmations ne convainquent pas !

            Est-il possible d’affirmer, en ce qui concerne l’Assemblée Nationale et sa composition : « C’est d’ailleurs une photographie assez fidèle de cette génération qui a fait la guerre d’Algérie ou qui a été confrontée à elle. »

            Une analyse existe-t-elle à ce sujet ? Et si oui, serait-elle représentative de l’opinion du peuple français à date déterminée ?

            Tout est dans la deuxième partie de la phrase et le participe passé « confrontée »qui permet de tout dire, sans en apporter la preuve.

            La mise en doute du résultat des recherches qui ont été effectuées sur l’enrichissement de la métropole par les colonies : mais de quelle période parle l’auteur et de quelle colonie ? (p.20)

            L’affirmation d’après laquelle la fin de l’apartheid aurait été le  « coup d’envoi » mémoriel mondial (p.41) : à partir de quelles analyses sérieuses ?

            L’assimilation de l’histoire coloniale à celle de Vichy, longtemps frappée du même oubli. (p.21,50, 96).  Non, les situations ne sont pas du tout les mêmes !

            Et ce flottement verbal et intellectuel entre mémoire et histoire, une mémoire partagée ou une histoire partagée ? (p.61,62, 63). Outre la question de savoir si une histoire peut être partagée.

             Et pour mettre fin à la guerre des mémoires, un appel à la reconnaissance et à la réparation (p.93), ou en d’autres termes, à la repentance, que l’historien récuse dans des termes peu clairs dans les pages précédentes (p.34), une récusation partielle répétée plus loin (p.95).

            Et d’affirmer qu’il est un historien engagé (p.88) et d’appeler en témoignage la tradition dans laquelle il inscrit ses travaux, celle des grands anciens que sont Michelet, Vidal-Naquet et Vernant. Pourquoi pas ? Mais il semble difficile de mettre sur le même plan périodes de recherche et histoires professionnelles et personnelles des personnes citées.

            Le lecteur aura donc compris, en tout cas je l’espère, pourquoi le petit livre en question pose en définitive autant de questions sur l’historien et sur l’histoire coloniale que sur les mémoires blessées ou bafouées qui auraient été transmises par je ne sais quelle génération spontanée aux populations immigrées, issues des anciennes colonies.

            Pourquoi refuser de tester la validité « scientifique », et en tout cas statistique, de ce type de théorie historique ?

            Nous formons le vœu qu’une enquête complète et sérieuse soit menée par la puissance publique sur ces questions de mémoire et d’histoire, afin d’examiner, cas par cas, l’existence ou l’absence de clichés, des fameux stéréotypes qui ont la faveur de certains chercheurs qui s’adonnent volontiers à Freud ou à Jung, la connaissance ou l’ignorance de l’histoire des colonies, et donc de mesurer le bien fondé, ou non, des thèses mémorielles et historiques auxquelles l’historien a fait largement écho.

            Alors, histoire ou mémoire ?

            La nouvelle ère des historiens entrepreneurs

            L’histoire est-elle entrée dans un nouvel âge, celui de l’Historien entrepreneur selon l’expression déconcertante de Mme Coquery-Vidrovitch (Etudes coloniales du 27/04/07), ou celui de l’histoire devenue bien culturel selon l’expression de l’auteur ? Mais en fin de compte, sommes-nous toujours dans l’histoire ?

            Et à ce propos, nous conclurons par deux citations de Marc Bloch, évoquant dans un cas Michelet et ses  hallucinatoires résurrections, et dans un autre cas,  le piège des sciences humaines :

            «  Le grand piège des sciences humaines, ce qui longtemps les a empêchées d’être des sciences, c’est précisément que l’objet de leurs études nous touche de si près, que nous avons peine à imposer silence au frémissement de nos fibres. » (Fustel de Coulanges-1930)

Jean Pierre Renaud                         

Mémoire collective, nouvelle panacée historique: tours de passe-passe

Mémoire collective, nouvelle panacée historique !

Tours de passe-passe entre histoire et mémoire collective, entre histoire coloniale, immigration et mémoire collective, avec en prime les fameux stéréotypes et un inconscient collectif colonial.

            L’histoire apprise dans un petit collège de l’Est de la France

           Pourquoi ne pas commencer mon analyse en évoquant un souvenir personnel de mes études dans un petit collège de l’Est de la France ?

            Mon professeur d’histoire avait le défaut d’un peu trop aimer la dive bouteille, mais son enseignement était digne de beaucoup d’éloges, tant sa culture historique était à la fois étendue et sensée. Ce cher professeur avait la fâcheuse tendance de reprendre le propos d’un de ses élèves, lorsque ce dernier osait avancer un « on ».

            Il répliquait aussitôt : « On » est un CON !

            Et je vous avouerai que chaque fois que j’entends un historien ou une  historienne  avancer le sésame « mémoire collective », j’éprouve le même type de réaction, car l’expression en tant que telle, n’a aucun sens, tant qu’elle ne repose pas sur une démonstration statistique sérieuse et aujourd’hui possible.

            Alors qu’il pleut, chaque jour que Dieu fait, des sondages comme des balles à Gravelotte, au cours de la guerre franco – prussienne en 1870.

            Et le grand Lao Tseu!

            Et j’ajouterai, pour faire bonne mesure, et appeler en renfort le célèbre philosophe taoïste Lao Tseu, que la mémoire collective pourrait s’inscrire aussi dans « le vide presque parfait. », de même que « l’inconscient collectif ».

            Dans l’article qui suit, et ceux qui seront publiés successivement sur ce blog, je vais m’attacher :

1-         à définir ce qu’est la mémoire collective selon les critères d’Halbwachs, son véritable initiateur, ci-après (contribution 1) :

2-         à proposer au lecteur trois analyses concrètes de textes ou de situations évoquées par des historiens ou d’autres intellectuels, « La guerre des mémoires » de l’historien Stora, d’une part (contribution 2), et le colloque de la Mairie de Paris du 12/03/09 sous le titre « Décolonisons les imaginaires », d’autre part (contribution 3), le colloque de la Ville de Paris intitulé « Décolonisons les imaginaires » (mars 2009) (contribution 4).

                  Les contributions 2, 3 et 4, seront proposés à la réflexion du lecteur dans les semaines qui suivent.

1-  Histoire ou mémoire collective ?

Contribution 1

            A lire articles ou livres de chercheurs, sociologues ou historiens, notre mémoire collective jouerait un rôle primordial dans l’approche et la compréhension de notre histoire coloniale.

            Une mémoire collective investie d’un rôle clé, quelques exemples :

            Premier exemple, le livre « La guerre des mémoires ».

             Citons des échantillons des textes dans lesquels il est fait référence à ce concept.

            « La guerre des mémoires n’a jamais cessé » (p.18), «  la fracture coloniale, c’est une réalité » (p.33), le « refoulement de la question coloniale » (p.32), « Pourtant la France a conservé dans sa mémoire collective jusqu’à aujourd’hui une culture d’empire qu’elle ne veut pas assumer (p.32), « les enfants d’immigrés sont porteurs de la mémoire anticoloniale très puissante de leurs pères » (p.40).

            Deuxième exemple, le livre « L’Europe face à son passé colonial »

            A la page 144, un historien note « une explosion mondiale des mémoires », et un autre écrit à la page 219 : «  La mémoire coloniale constitue depuis plusieurs années un sujet primordial dans le débat public français. »

            Troisième exemple, le livre « Petit précis de remise à niveau sur l’histoire africaine à l’usage du président Sarkozy ».

            Un historien illustre à plusieurs reprises le concept : « une vision largement partagée par nos concitoyens (p.113) », « ces stéréotypes », « cette façon de voir les Africains est bien présente dans la mentalité française (p.116) », « combien le discours de Dakar « colle » à une opinion majoritaire en France » (p.122), « au service de l’anéantissement de ces clichés et stéréotypes si profondément ancrés dans une certaine vision de l’Afrique. » (p.123)

            Quatrième exemple, le livre « Mémoire année zéro ».

            Brillant essai d’un auteur habile à manier les concepts de mémoire, d’histoire, et d’identité nationale, à donner le vertige intellectuel au lecteur, j’écrirais volontiers d’une excellente facture « ENA ».

            Dans cet essai riche en citations, références, jugements et perspectives,  l’auteur écrit : « A côté de l’histoire, la mémoire était un instrument commode et populaire. La mémoire est collective (1). Les souvenirs sont individuels. (p.24) » La note (1) de la page 39 renvoie au livre « La mémoire collective » de Maurice Halbwachs, sans autre plus de précision.

            A la même page 39, l’auteur écrit : « On le voit : notre mémoire collective est en crise… »

            L’auteur nous entraîne dans un exercice de haute voltige intellectuelle autour du concept de mémoire, sans attacher, semble-t-il, une grande importance à la définition stricte des concepts manipulés, notamment sans asseoir ses raisonnements sur la définition rigoureuse de la mémoire collective qu’en a proposée Halbwachs.

            A partir de quelle définition et quelle mesure, ces appréciations et assertions sont-elles formulées, donc sur quel fondement ? Telle est la question!

            A force de lire articles et livres portant sur l’histoire coloniale, sur le passé colonial de la France, je me suis posé la question de savoir ce qu’était cette fameuse mémoire collective, nouvelle panacée de certains intellectuels, comme nous l’avons vu.

            J’ai donc été à la rencontre de l’inventeur, sauf erreur, de la théorie de la mémoire collective, c’est-à-dire Maurice Halbwachs, et donc de son livre fondateur, comme certains disent de nos jours.

            Rien ne vaut en effet, même pour un historien amateur, d’aller à la source.

            Qu’est-ce que nous dit cet auteur ? Dans un ouvrage austère, mais très bien écrit, Halbwachs analyse tous les aspects de la mémoire collective et en décrit les conditions de base, c’est-à-dire : une mémoire collective qui ne peut être définie que par rapport à :

            un espace (lequel ?),

            un groupe déterminé (lequel ?),

            un temps historique (lequel ?).

             Le sociologue ne manque pas de préciser qu’une mémoire collective a une durée de vie limitée (laquelle ?).

            Les héritiers du grand sociologue ont été inévitablement confrontés à la mesure de cette fameuse mémoire collective, en proposant méthodes, et outils de mesure quantitative, au moyen d’enquêtes statistiques fiables.

            Le constat : dans les textes des livres cités, nous n’avons trouvé ni définition du concept, ni indication de sources d’enquêtes statistiques, qui pourraient accréditer le discours de ces chercheurs.

            Je conclurai donc en faisant appel à la sagesse du bon vieux Descartes, comment ne pas douter, en tout cas pour l’instant, du fondement de ces affirmations, tant qu’elles ne s’appuieront pas sur des démonstrations conceptuelles et statistiques ?

            Pourquoi ne pas se demander entre autres si la fameuse mémoire collective française n’est pas plutôt branchée sur l’Europe, allemande, anglaise ou italienne, plutôt que coloniale ? A démontrer !

            Quelques citations éclairantes pour finir :

            « C’est à l’intérieur de ces sociétés que se développent autant de mémoires collectives originales qui entretiennent pour quelque temps le souvenir événements qui n’ont d’importance que pour elles, mais qui intéressent d’autant plus leurs membres qu’ils sont peu nombreux. »  (page 129)

            « La mémoire collective, au contraire, c’est le groupe vu du dedans, et pendant une période qui ne dépasse pas la durée moyenne de la vie humaine, qui lui est, le plus souvent, bien inférieure. » ( p,140)

            « Chaque groupe défini localement a sa mémoire propre, et une représentation du temps qui n’est qu’à lui. » (p, 163)

La mémoire collective– Maurice Hallbwachs- (Albin Michel -1997)

Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

Ghettos, cocote-minute, les Avatars de Vishnou-Chirac, Juppé, Dilain, le Monde des 11 et 12 avril 2010

Les Avatars du dieu Vishnou-Chirac, les Villepin, Juppé, etc?

(Le Monde des 11 et 12 Avril 2010)

            Après l’Avatar Villepin, l’Avatar Juppé ! Décidément la Chiraquie est riche en incarnations d’un Vishnou « roupillant » (voir le Monde) ! A qui le tour ? Avec l’esprit de famille ?

            Comme le lecteur le sait naturellement, Vishnou est une des trois grandes divinités de l’hindouisme à laquelle cette religion prête des pouvoirs d’incarnations, ses avatars. Elle est souvent représentée avec quatre bras, et dans notre cas, deux existent déjà !

            Après Villepin, voici le « nouveau » Juppé, dans l’aimable coloris des primeurs 2009 des bons vins de Bordeaux ! Exceptionnels, dit-on!

            A la Une du Monde :

            « Mon offre » de concours pour 2012 (politique) ? En lisant ce mot dans le journal, j’ai été un peu étonné, car pour avoir été plus de quinze ans un bon observateur du « système Chirac », l’expression « demande de concours » (financier) m’était plus familière.

            Il n’est pas certain que les avatars en question puissent nous donner la possibilité d’échapper à nouveau au péril de la réforme anorexique (Chirac) après celui de la réforme boulimique (Sarkozy).

            Dans le même journal, la juxtaposition des deux interviews, celle de M.Juppé, et celle de M.Dilainmaire de Clichy-sous-Bois apporte curieusement une première et immédiate réponse à l’offre citée.

            M.Juppé a joué un des tout premiers rôles dans la Chiraquie, à la Mairie de Paris, au RPR, au gouvernement, auprès de Chirac. Comme je l’ai d’ailleurs écrit dans le livre « La Méthode Chirac », la gestion Chirac n’a pas été spécialement sociale, en dépit de sa communication tapageuse. Pour sa défense, indiquons toutefois que les quatre éléphants du bastion socialiste du dix huitième arrondissement de Paris n’ont pas été non plus, et de leur côté, les inventeurs d’un nouveau pacte social et républicain dans les quartiers sensibles de la capitale.

            Chirac a mené sa campagne politique de 1995 sur le thème de la fracture sociale, mais après son élection, aucune grande politique n’a été ébauchée et mise en œuvre en faveur de ce qu’on n’appelait pas encore les « ghettos », un des moteurs de la fameuse « fracture sociale », thème de propagande plus que d’action politique sérieuse.

            Alors que la cohabitation (1997-2002) avec le socialiste Jospin aurait pu justifier un consensus politique plus profitable à l’avenir du pays que le consensus calamiteux du traité de Nice, sur l’élargissement de l’Europe !

            En face, à la page Trois du même journal, l’interview Dilain, cri de désespoir et d’alarme !

            M.Dilain est maire de cette commune depuis 1995, l’année donc, qui vit Chirac élu à la Présidence de la République, et ce dernier partager le pouvoir avec le socialiste Jospin.

            Le maire de Clichy-sous-Bois, après avoir décrit la réalité de sa commune, la misère, le désespoir, conclut son propos en disant :

            « Qu’attendons-nous ? De nouvelles émeutes ? Que la « Cocotte-Minute explose ? … Parce que aujourd’hui, moi, maire de Clichy-sous-Bois, j’ai honte d’être le représentant impuissant de la République française. »

            Honte à la droite, mais honte aussi à la gauche, car le Parti socialiste n’a jamais proposé un plan crédible pour résorber nos « ghettos » urbains, alors que certains de ses Eléphants exercent, depuis de nombreuses années, des mandats importants en Seine Saint Denis, ou dans le Val d’Oise, dont un d’entre eux, souvent grand communicant devant l’Eternel, depuis 1981, sauf erreur.

            Pour terminer ce commentaire, que signifie la « fibre gaullo-chiraquienne », sinon une forme moderne du bon vieux radicalisme à la française, une fibre chiraco-radicale, bien loin du millésime des primeurs des vins de Bordeaux des années 60?

Jean Pierre Renaud

Un musée fantôme, la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, le Monde du 23 mars 2010

Un musée fantôme, la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, pourquoi fantôme?

           En France, la folie des musées ! Pourquoi pas ? Mais il y faut tout de même une bonne et saine raison ? Un aquarium ?

            Dans le cas de la Cité, le but était naturellement politique, une façon pour les politiques de botter en touche, d’esquiver un débat au fond sur les tenants et aboutissants de l’immigration, tout en donnant des gages à une partie des Français d’origine immigrée récente, et surtout aux groupes de pression intellectuels ou politiques qui en ont fait leur fonds de commerce.

            Le problème est que les visiteurs ne viennent pas dans cet ancien musée de la France d’Outre Mer pour l’histoire de l’immigration, et peut-être la louange de ses bénéfices, mais pour l’aquarium, et ses très beaux poissons, et cela dès les débuts de la Cité, comme j’ai pu le vérifier moi-même en août 2008, avec mon épouse.

            Son président, M.Toubon, déclare au journaliste, qu’une des raisons principales de cet insuccès est le fait que  « l’immigration, à tort ou à raison, n’a pas bonne presse. »

            La nouvelle utopie d’une immigration par définition humanitaire ou positive

            Un musée fantôme, effectivement, parce que de nombreux Français, confrontés à l’immigration des années 1980 – 1990, ont un vécu réel qui n’a rien de fantomatique, éprouvent, souvent ou quelquefois, un vrai choc culturel dans leur quotidien,  « à tort ou à raison »,alors que les pouvoirs publics, complices de groupes de pression politiques, religieux, ou associatifs, refusent d’ouvrir le dossier des chiffres de l’immigration et de ses conséquences, positives ou négatives sur notre vie nationale.

            D’ores et déjà, certaines de nos cités, notamment en Ile de France, sont composées majoritairement de Français originaires d’Afrique de deuxième et première génération, grâce au mouvement  « d’auto-engendrement des flux familiaux »,  décrits par la démographe Tribalat.

            Est-ce qu’il ne conviendrait pas demander aux historiens spécialisés si des fétiches maléfiques n’ont pas été cachés dans les murs du musée, lors de sa construction, ou si, lors de l’inauguration, les plus hautes autorités de l’Etat, n’auraient pas omis de sacrifier le poulet blanc ou noir recommandé par le grand féticheur du moment ?

            Mais en tout cas, un bon conseil ! Il faut consulter un grand marabout pour qu’il nous indique la bonne voie ! Pourquoi ne pas affecter ces moyens au financement d’institutions culturelles au cœur des « ghettos »urbains, une bien meilleure façon d’aider les quartiers sensibles à renouer avec la société française ?

Exposition « La Fabrique des images » Musée du Quai Branly-16/02/2010 -17/07/2010-Notes de visite

Exposition « La Fabrique des images »

Chers amis, allez-y ! Mais dès l’entrée de ce beau musée, ne vous trompez pas de chemin !

             Une première affiche sollicite en effet votre attention de « chaland » intitulée, « Sexe, mort et sacrifice », et il faut donc aller un peu plus loin, pour trouver le bon chemin, le bon panneau de l’exposition.

            Une exposition très intéressante sur la variété des images, leur beauté,  leur étrangeté aussi, et leur signification supposée, venant de nombreuses civilisations de notre monde actuel ou passé.

            Laissez vous séduire par ces images, même s’il n’est pas toujours aisé de suivre les distinctions savantes de l’anthropologue qui a conçu cette exposition, entre les quatre visions du monde, animée, objective, subdivisée, et enchevêtrée !

            En ce qui nous concerne, mon épouse et moi,  il nous a semblé plus facile de distinguer deux formes d’expression culturelle, la première, s’inscrivant dans la continuité et la fusion des mondes de la nature animée et inanimée, du monde surnaturel et naturel, du monde animal, végétal, ou humain, et la deuxième, prenant ses distances avec ces mondes toujours étranges, une vision objective supposée.

            Le titre lui-même de l’exposition, avec le concept de « fabrique » suscite des interrogations : fabrique matérielle ou fabrique spirituelle, c’est-à-dire expression d’une certaine conception du monde, mais alors, il s’agit d’interprétations sujettes effectivement à beaucoup de questions. Et quelquefois tout autant quant au mélange des chronologies.

 Le 3 avril 2010

Humeur Tique: tempête Xinthia, Elus, Préfets, Gouvernement

 Les pauvres Préfets cloués au pilori! Peut-être ont-ils manqué de savoir-faire politique et humain, mais leurs ministres ont-ils disparu? Ont-ils donné des instructions à leurs Préfets, qui dans le régime actuel, ont encore plus qu’avant, le petit doigt sur la couture du pantalon? Plus de com!

  Et les élus, munis de beaucoup de pouvoirs, ont-ils également disparu? Les députés, les sénateurs, les conseillers régionaux et généraux, et tous les Présidents?

  Plus de com aussi?

  Décidément, dans quelle République sommes-nous? Les responsables ont disparu!