Les confessions d’un officier des troupes coloniales

Marie Etienne Péroz

1857-1910

Livre en 3 parties, tous les dimanches la suite vous attend 

Niger (Samory) Guyane (Dreyfus) Tonkin (Dé tham)

Illustration et témoignage d’un acteur des conquêtes coloniales de la Troisième République.

Ce livre a la force du témoignage d’un officier au coeur des conquêtes coloniales en Afrique et en Asie , face à des adversaires réputés.

Ce livre a la force d’une personnalité franc-comtoise exceptionnelle.

Ce livre est un formidable échantillon des acteurs de ces conquêtes, très loin des reconstitutions anachroniques ou des clichés qui font fureur dans notre pays, fondés sur l’idéologie ou l’argent.

Très larges extraits du témoignage avec mes commentaires

Billet d’Humeur Historique « Corps noirs et médecins blancs »

Delphine Peiretti–Courtis

Je me suis longtemps demandé quel but poursuivaient ces chercheurs, ces historiens, qui tentaient de démontrer que mon pays devait se repentir de son histoire, quelle qu’elle fut ! Rien de lumineux, rien de bien, aucun service et même sacrifice, vraiment ?

            A lire toute une série d’essais, de thèses, d’articles et de déclarations, il faut se poser la bonne question : ne s’agit-il pas d’un courant de pensée mortifère pour la France ?

            Les courants historiques du passé ont très souvent dérivé d’une contestation universitaire et intellectuelle d’un courant de pensée dominant pour ne pas dire dominateur, au cours du XIX° ou du XX° siècle, exaltant d’une façon ou d’une autre notre « roman national » : ce n’est pas le cas du courant post-colonial animé par des chercheurs en quête de reconnaissance politique, de « marché », ou de nouvelle mission évangélique.

            Si vous le vérifiez, vous constaterez que 1) l’histoire coloniale n’était pas considérée comme assez noble pour attirer les historiens agrégés,

            2) contrairement à ce qu’affirment à longueur de bouquins certains chercheurs, le peuple français n’a jamais été un peuple colonial : le « colonial » n’a jamais fait autant fureur qu’aujourd’hui !

            J’ai publié sur ce blog un ensemble de lectures critiques d’ouvrages ou de thèses qui illustraient ce type de discours, s’abstenant de « mesurer », chaque fois que c’était possible, des faits dont ils nourrissaient leur discours historique, en oubliant donc « l’histoire quantitative ».

            La lecture critique du livre « Corps noirs et médecins blancs » que je vais publier d’ici quelques semaines, constitue à nouveau un bon exemple de cette dérive, d’autant plus qu’elle sape la confiance que l’ont peut faire  aux institutions universitaires, comme c’est ici la cas.

Comment résister à citer un échantillon de littérature complètement délirante, le livre « Adam & Eve » du finlandais Arto Paasilinna ?

L’histoire d’Aadam, un inventeur de batterie électrique farfelu qui réussit à faire fortune, à embarquer son amie Eeva, dans son aventure, qui empoche des millions et les distribue : il en fait bénéficier son chauffeur, Seppo Sorjonen, dont il paie les études médecine, lequel prépare un doctorat, défend sa thèse avec succès devant un jury dont fait partie « un contradicteur ».

Pourquoi ne s’inspirerait-on pas de cet exemple, car le système universitaire des thèses d’histoire souffre incontestablement du catimini dont il est entouré, une soutenance soi-disant publique, mais en réalité un exercice très confidentiel, sans trace écrite ?

« … Il fut décidé d’organiser la soutenance dans une petite salle des fêtes de l’université d’Helsinki… Pour la soutenance de sa thèse, Seppo Serjonen avait  revêtu un frac noir et un gilet, mais ainsi va le monde, on ne distribue pas de titres universitaires aux paresseux et aux idiots. Le chapeau doctoral de Sorjonen avait coûté 12,8 millions de marks à Adam & Accumulateurs and Batteries, ce qui était une somme plutôt élevée, mais néanmoins raisonnable compte tenu de l’importance de la médecine pour la santé de l’humanité.

Le banquet organisé pour fêter l’événement eut lieu à Hvitträsk, en présence du nouveau docteur, du contradicteur, du président du jury et de nombreux invités… » (pages 287 et 288)

Un « contradicteur » de la thèse en question, celle des « corps noirs et médecins blancs » aurait pu demander de préciser de quel « Autre » il s’agissait, de la représentativité des très nombreuses sources citées – un beau travail – , de leurs effets sur l’opinion publique des deux siècles choisis comme références, c’est-à-dire leur « mesure », en France et en Afrique noire, etc…

Ma critique se résumerait ainsi : la thèse en question illustre « un entre- soi historique », hors sol, beaucoup plus qu’« un entre deux historique », et elle alimente une fois de plus l’histoire victimaire des réparations en monnaie sonnante et trébuchante, c’est-à-dire à choisir l’assistance plutôt que la responsabilité, à la différence des pays d’Asie.

Jean Pierre Renaud     Tous droits réservés

Une Fable Franco-Algérienne « L’Appât » Le Corbeau, le Renard, et le Fromage ! Soummam

Une Fable Franco-Algérienne

« L’Appât »

 Le Corbeau, le Renard, et le Fromage !

Réconciliation dans la vallée de la Soummam ?

Le « Corbeau » Benjamin Stora

Le « Renard » L’Algérie FLN

Le « Fromage » France Assistance Eternelle !

            2021- 1962 : près de 60 ans après, le gouvernement FLN de l’Algérie continue à traiter les algériens, les algériennes, leurs familles qui ont combattu à nos côtés entre 1954 et 1962, comme des proscrits, les nouveaux « damnés » de la terre.

            Honneur et gloire à ces réprouvés et à ces bannis de leur pays ! Alice Zeniter leur a fait honneur dans son roman « L’art de perdre ».

Au cours des mois qui ont suivi les accords d’Evian en 1962, le FLN ou l’ALN, comme vous voudrez, se sont illustrés par de nombreux actes de barbarie à l’encontre de tous les algériens qui avaient choisi la France, et que cette France a abandonnés, en particulier dans la vallée de la Soummam.

Ancien officier SAS du contingent dans la vallée de la Soummam en 1959-1960, j’avais exercé mes fonctions avec le concours de ces algériens, torturés, assassinés, ou miraculeusement encore vivants de nos jours.

Je viens de rencontrer l’un de ces survivants qui fut emprisonné pendant cinq années, et torturé. Il s’évada et fut exfiltré en 1967, accueilli, et piloté en métropole par un excellent Officier de Chasseurs Alpins du 28ème Bataillon avec lequel j’avais servi la France et l’Algérie pendant mon service.

L’ami s’est bien intégré. Il est le père de cinq enfants qui ont tous fort bien réussi, et le grand-père de nombreux petits-enfants.

Près de 60 ans après l’indépendance, le gouvernement FLN continue à ostraciser les enfants d’Algérie qui avaient choisi la France de l’époque, ce qui n’empêche pas Monsieur Stora de battre les estrades des médias pour tenter de nous faire croire qu’il faut faire la réconciliation, et que cette Algérie du moment –cela dure depuis près de 60 ans ! – est prête à tourner la page !

Cela est faux !

A plusieurs reprises, sur ce blog, j’ai regretté que Monsieur Stora n’ait jamais eu le courage de faire mesurer les mémoires de la guerre d’Algérie dont il drape la mémoire collective française.

Comment ne pas s’empêcher de penser que la réconciliation franco-algérienne constitue pour l’Algérie du FLN un appât destiné à sauvegarder une position d’assistance, de victime éternelle, pour un renard algérien soucieux de sauver son « fromage » : une France ennemie héréditaire dont l’Algérie  a le plus grand besoin, compte tenu de la faiblesse de son pouvoir, et afin de sauvegarder des accords de migrations qui lui donnent encore quelques soupapes de sûreté face aux colères de sa jeunesse ? 

Sur ce blog, il m’est arrivé d’évoquer les initiatives de l’ « agitateur » principal du groupe de pression des « Raisins Verts », ceux dont les dents des parents ont eu leurs dents agacées, en mangeant des raisins verts (Prophète Ezéchiel) dans l’Algérie Française, ce qui fut ni mon cas, ni celui de tous mes camarades du contingent.

Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

2012-2021 : la France au Mali et au Sahel

 
    Les lecteurs du blog qui m’ont accompagné  savent que dès l’origine je fus plus que réservé sur les conditions de notre intervention au Mali en 2012, et j’en ai donné les multiples raisons.
   J’ai beaucoup travaillé sur les conditions historiques des conquêtes coloniales françaises, notamment en Afrique noire et publié analyses et conclusions dans le livre « Le Vent des Mots, le Vent des Maux, le Vent du Large ».
Je résumerai ma pensée en écrivant que, pour de très nombreuses raisons, politiques, matérielles ou intellectuelles, les gouvernements de la Troisième République étaient dans l’incapacité de contrôler les processus de décision politique ou militaire, engagés au niveau central ou colonial.
        Je me suis posé très souvent la question de l’opportunité ou de l’intérêt des différentes conquêtes de la France, ce qui ne fut pas le cas de l’Empire britannique. La comparaison que j’ai proposée il y a quelques années sur le blog entre les deux Empires est toujours bien consultée.
       L’actualité politique et militaire du Sahel et du Mali où nous avons engagé une partie de nos forces militaires en 2012 vient de nous rappeler à l’ordre avec la question du bien-fondé d’une intervention qui a été renforcée par le Président actuel.
Pourquoi ne pas publier à nouveau quelques-unes des chroniques que j’ai publiées sur ce sujet sensible et qui résumaient les enjeux de cette nouvelle guerre française, le dernière le 6 novembre 2020 ?
             

« Mourir pour le Mali ? »
       

« Sous le titre « Mourir pour le Mali ? », Le Figaro du 5 novembre 2020 opinions, page 21, vient de publier  une tribune cosignée par Michel Roussin,  ancien ministre et animateur  d’une certaine France-Afrique et Stephen Smith spécialiste reconnu des questions africaines.
       Le  lecteur aura constaté que les deux auteurs font preuve de la même prudence, sinon de réserve, que celles que j’ai manifestées dans le courrier des lecteurs dont vous trouverez ci-après copie, en ce qui concerne l’intervention de la France au Mali : 
« Pourquoi est-il urgent de « pivoter » d’une action militaire au grand jour vers une action dans l’ombre ? ».
           Dès la date de notre intervention, j’ai publié à plusieurs reprises sur ce blog des articles la concernant, notamment celui concernant la décision de l’Assemblée Nationale sous le titre « L’insoutenable légèreté de l’être » à la date du 27 avril 2013, dont vous trouverez copie plus loin.
                                                            &
Copie Courrier des Lecteurs Ouest France avec parution le 13 septembre 2020
            « Bonjour, pour avoir beaucoup analysé les processus décisionnels des conquêtes coloniales et leurs résultats, notamment en Afrique noire, je suis toujours plutôt surpris de voir les experts de tout poil, disserter savamment sur les géopolitiques du jour, en ignorant le plus souvent les contextes historiques sur tous les plans religieux, culturels, politiques, économiques, locaux ou non…
Je n’étais pas partisan de l’intervention de Hollande, sans en avoir au préalable mis les autres pays du Conseil exécutif européen devant leurs propres responsabilités, une des caractéristiques de la plupart des Présidents qui dans ce domaine ont quasiment les pleins pouvoirs, qu’il se soit agi de VGE, de Mitterrand, de Chirac, de Sarkozy, de Hollande ou de Macron.
       Sarkozy nous a emmenés en Libye et on voit le résultat ! Hollande avec Fabius voulait nous emmener en Syrie ! Avec Macron, nous battons tous les records, comme si la France (affaiblie) avait encore les moyens de faire sonner ses trompettes, comme sous la Troisième République qui entérinait le plus souvent   ex post, comme l’on dit de nos jours, les initiatives coloniales de ses ministres, amiraux ,ou généraux, car il s’agissait souvent d’initiatives dont ils ignoraient l’existence et qu’ils ne pouvaient de toute façon pas contrôler, compte tenu notamment de la défaillance des moyens de communication…
        Pour terminer quelques données géopolitiques pour comprendre notre dossier : pas de solution sans celle du Sahara, sans soutien des confréries religieuses et des grandes tribus ( toujours) et de nos jours , des syndicats et de l’Armée, car le Mali n’a toujours pas d’Etat : avant et après l’indépendance, ce pays a toujours eu une vie agitée, c’est le moins que l’on puisse dire.
        La France aurait dû limiter son intervention, dans le cadre européen, à la protection de ses ressortissants et à celle des services spéciaux, avec l’accord des pays concernés, sans oublier l’Algérie, qui, dans les apparences, est aux abonnés absents. »

     

Blog du 27 avril 2013 :
« Le Mali et « l’insoutenable légèreté de l’être » des députés ! »

22 avril 2013 : l’Assemblée Nationale autorise le gouvernement à poursuivre la guerre au Mali, par 342 voix pour sur 352 votants, sur un total de 577 députés !
Soit 6 sur 10 !
« Mais où est donc passée la 7ème compagnie, ou plutôt les autres compagnies du bataillon, puisque le nombre des votants aurait dû être de 577 députés, et non pas 352 !

A noter :  les 215 députés socialistes votants et favorables sur un effectif de 292, en gros 2 sur 3, et les 87 députés UMP votants et favorables sur un effectif de 196 députés, soit moins de un sur deux !
Sur le total de l’effectif, 225 députés étaient donc absents !
Le sujet n’était donc pas assez sérieux pour tous ces députés absents ?
Les interventions qui ont été faites dans l’hémicycle ont recensé la plupart des éléments de cette problématique de guerre, en omettant de citer l’Algérie, qui aurait dû être le principal acteur de la confrontation. 
Pour protéger son gaz et son pétrole ?
Curieux oubli, non ?
        Curieux aussi que l’Assemblée Nationale se soit abstenue également de fixer le cadre de la prolongation autorisée, délai, financement, et si relais par l’ONU, à quelle date ?  etc…
       Une fois de plus, je conclurai que dans cette nouvelle guerre, les forces françaises sont les « nouveaux Suisses » de l’Europe, alors que l’Algérie, comme l’Europe d’ailleurs, se sont bien gardées de mettre le doigt dans le même engrenage, et que le gouvernement d’une France, endettée jusqu’au coup, en pleine crise intérieure, … fait une guerre dont le pays n’a plus les moyens !
Plus de deux cents millions d’euros déjà volatilisés, pour ne pas rappeler à notre mémoire le sacrifice de plusieurs de nos soldats ! 
Toujours le même « esprit de gloire »  que Montesquieu a identifié comme une des caractéristiques de la mentalité des Français !
Seulement, nous ne sommes plus au siècle de Montesquieu, et c’est à se demander si nous ne sommes pas dirigés par des « illuminés » !
Et pour terminer, le silence assourdissant de la plupart des médias sur cette décision de l’Assemblée nationale, c’est-à-dire leur complicité avec cette guerre ! »

Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

« Au Mali, quelle stratégie ? »
        

« La France a engagé son armée au Mali, sans avoir demandé préalablement à ses partenaires européens, d’assumer collectivement cette mission, alors qu’elle est un enjeu important de la sécurité internationale de toute l’Union Européenne.
A lire une presse qui est très volatile sur le sujet,  la France est au Mali pour longtemps, si l’ONU n’accepte pas de mettre à sa place une force de paix internationale.
Au terme des quatre mois de guerre « autorisés » par le Parlement, il va  falloir que la communauté internationale tout autant que le gouvernement français, aient des idées claires sur la longue durée stratégique.
Sur la longue durée, les conditions du succès ne seront pas faciles à remplir :
Une paix difficile à réaliser, sans qu’aux côtés de la coalition africaine en charge de cette mission de guerre et paix, des mouvements de l’islam modéré ne viennent soutenir sa lutte anti-djihadiste, dans une région où traditionnellement l’islam a toujours été fort, pour ne pas dire conquérant, adossé à une histoire riche de grands empires musulmans.
Une paix difficile à réaliser sans l’Algérie, et si l’Algérie, placée au cœur du sujet ne prend pas ses responsabilités en coopérant avec les Etats Africains, parce que la France, compte tenu de son passé colonial n’est pas la mieux placée, à la différence de l’Union Européenne, pour obtenir ce résultat. 
     Une paix difficile à réaliser, alors qu’il n’y a plus ni Etat, ni armée, sans que l’ONU, avec un mandat de transition, ne mette en place au Mali un pouvoir- relais capable d’administrer et de remettre sur pied un nouvel Etat, et il y faudra plus que quelques mois, et peut-être quelques années !
La présence du capitaine Sanogo, auteur du dernier coup d’Etat, aux côtés d’un chef d’Etat qu’il a chassé du pouvoir, ne laisse augurer rien de bon sur le retour de la paix civile dans cette région.
Le reportage du Monde intitulé « Au Mali, l’encombrant capitaine Sanogo reste au centre du jeu » (15/02/13, page 7) est tout à fait édifiant :
« L’ancien putschiste a  été investi au palais présidentiel de Koulouba par le chef de l’Etat par intérim Dioncounda Traoré au rang de président du « Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité »
Ce qui veut dire le loup dans une bergerie qui, il est vrai, n’en est plus une ! Et en plein pataquès africain ! On le croyait ou sur le « front », ou en prison !
Une paix difficile à réaliser, si les nouvelles autorités du Mali, à condition qu’elles existent à nouveau, ne trouvent pas une solution intelligente et pérenne, pour associer le peuple touareg aux décisions politiques du nouvel état à créer.
Une paix encore plus difficile à réaliser, sur la longue durée encore, si les gouvernements africains n’arrivent pas à modérer la pression démographique de leurs pays, pour ne pas dire à confiner l’explosion démographique, car il est évident que ce facteur est un des éléments d’instabilité du continent, avec un manque de développement en face d’une jeunesse au chômage. »

Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

Supercherie coloniale ou Culture coloniale ou impériale made in Blanchard

« Supercherie coloniale »

(2008)

Avec Jean Pierre Renaud

 Ou

« Culture coloniale », culture impériale … » » avec Pascal Blanchard et l’Achac ?

Il y a presque quatorze ans déjà !

Réponse d’un grand éditeur en date du 5 juillet 2007 : une pièce à conviction sur les choix d’édition entre éditeurs !

Comme je l’ai déjà écrit à maintes reprises sur le blog, le livre en question mettait en pièces, pièce par pièce, le discours idéologique et littéraire de l’équipe Blanchard, un discours pseudo-historique frappé d’une carence notoire de démonstration statistique et quantitative.

« Lettre du 5 juillet 2007

« ConcerneSupercherie coloniale,

Cher Monsieur,

Je vous remercie vivement de vos deux textes.

Je les ai appréciés à leur juste valeur et me sens bien entendu, sur la même longueur d’onde que vous. Mais pour vous dire la vérité, je n’ai aucune envie de me lancer ou de laisser…. se lancer dans une polémique directe avec des auteurs nommés (et dont un a même été publié dans la Maison !).

Votre « avant-scène post-coloniale m’a par ailleurs bien amusé.

J’espère que vous trouverez un autre éditeur et vous assure, cher Monsieur, de tous mes sentiments les meilleurs. »

&

Concrètement, je n’ai pas trouvé d’éditeur de la place courageux, alors que d’autres éditeurs surfaient sur ces courants d’histoire repentante, idéologique, ou marketing, comme vient de le relever Pierre-André Taguieff, dans un livre que j’ai cité sur le blog.

J’ai fait appel à un petit éditeur amateur et grand défenseur d’une histoire coloniale non frelatée.

Ce type d’histoire marketing marche tellement bien que Pascal Blanchard, par son entremise, vient de se voir propulser dans un des nombreux conseils du Président actuel.

Dernière anecdote tout à fait symbolique : le livre que j’avais envoyé en deux exemplaires à la Mairie de Paris (Maire Delanoë) pour la Bibliothèque Municipale s’est retrouvé en vente dans une solderie…

Je publie donc à nouveau ci-après le passage du livre cité ci-dessus par mon correspondant.

« Supercherie  Coloniale »

Jean Pierre Renaud

Mémoires d’Hommes 2008

Pages 13 à 16

« En avant-scène postcoloniale
Et, sur les pas du célèbre Montesquieu,
Comment peut-on être Malgache
à Paris au XXIe siècle ?

  De Jérôme Harivel, Cité Universitaire Internationale, à Paris, à sa chère et tendre Vola, restée à Faravohitra, à Antatananarivo,

     Octobre 2001 – Comme tu le sais, à l’occasion du match. Algérie-France, dans ce magnifique stade deFrance, (quand en aurons-nous un aussi beau dans notre belle capitale ?) une partie du public a sifflé l’hymne national des Français. Tu vois le scandale ! Je n’y étais pas, car tu connais l’amour très modéré que je porte au sport. Cela m’a beaucoup étonné, moi qui croyais que l’Algérie était indépendante depuis 1962. La France était-elle devenue, à son tour, la colonie de l’Algérie ?

    Septembre 2003 –- Des amis français m’avaient convié à une soirée à la campagne, une campagne toute verte comme tu l’aimerais, près du Mans. A un moment donné, un des convives se mit à évoquer des livres récents qui traitaient de l’histoire coloniale de la France. Tu sais que les Français ne s’y intéressent pas beaucoup, mis à part la guerre d’Algérie, qui a laissé des traces profondes dans beaucoupde familles françaises.

      Je ne m’estimais pas vraiment concernélorsque j’entendis ce convive parler de bain colonial, et aussitôt je fis une association d’idées avec notre grande fête du bain de la Reine, notre fandroana mais il ne s’agissait pas de cela. C’était bien dommage, car la cérémonie du bain revêtait une grande importance dans notre monarchie. Beaucoup de faste, une grande foule, le bain de Ranavalona III derrière le rideau rougela couleur sacrée, avec ce petit grain de folie religieuse qui mettait du sel dans le rituel sacré du bain, l’aspersion de la foule venue entendre le kabary de la reine et assister à son bain caché, avec l’eau qui avait servie au bain de la reine, une eau naturellement sacrée. Une lointaine parenté sans doute avec l’eau bénite, sans vouloir blasphémer le rite catholique !

     Février 2005 – Un de mes bons amis malgaches m’a entraîné auForum des Images de la Ville de Paris pour assister à une des séances du festival des films coloniaux qui y avait lieu.

    Deux personnes commentaient ces documents, un belge, je crois, et un universitaire africain dont j’ignorais le nom. Pour nous mettre sans doute dans l’ambiance idéologique de cette séance, le présentateur belge avait distribué une note de présentation dans laquelle il énonçait quelques fortes vérités, je cite :

      « C’est au nom de la légitimité coloniale que l’on filme les femmes au torse nu… c’est la relation d’assujettissement du colonisé au colon. C’est la violence légale. naturelle de l’ordre colonial qui apparaît lorsque l’on regarde ces images… on perçoit régulièrement les signes d’un déni d’humanité accordé à l’indigène dont le filmeur (sic) d’alors n’avait pas conscience ».

      On nous a projeté plusieurs films d’amateurs de qualité tout à fait inégale. L’un d’entre eux a attiré mon attention, parce qu’il avait été tourné chez nous, par un Vazaha (un Blanc) sans doute riche, car il le fallait pour disposer d’une caméra. A un moment donné, onvoyait une femme blanche assise dans un filanzana, notre fameuse chaise à porteurs. portée donc par quatre bourjanes, et le commentateur de souligner doctement, et une fois de plus, que cette image était un autre symbole du colonialisme en action.

     A la fin de la projection, un Vazaha s’est levé et a pris la parole pour expliquer à la salle que tous les gens riches de Madagascar, nobles, hauts fonctionnaires militaires ou civils, marchands fortunés recouraient habituellement à ce mode de transport à une époque où il n’y avait aucune route dans l’île, et donc aucun véhicule à roues. Je me suis bien gardé d’intervenir, mais l’échange m’a bien amusé.

     Que dire encore à ce sujet sur les pousse-pousse qui existent encore en Asie et sur notre belle île !

    Mai 2005 – Un grand débat agite les médias et le microcosme politique, sur l’esclavage et le rôle positif de la colonisation française. Des députés, toutes tendances confondues, de droite et de gauche, ont eu la foutue bonne idée de faire reconnaître par la loi le rôle positif de la colonisation. Grand chahut chez les historiens et au sein des associations qui ont l’ambition de défendre la cause des populations immigrées. notamment de celles qui ont publié un appel d’après lequel, leurs ressortissants seraient les Indigènes de la république.

     Prudence de notre côté étant donné le passé de notre grande île et de l’abolition relativement récente de notre esclavage. Certains de nos lettrés ne disent-ils pas que les descendants des andevos, nos anciens esclaves, portent encore dans leur tête leur passé d’esclave, avec la complicité des descendants de leurs anciens propriétaires d’esclaves. Nous sommes d’ailleurs bien placés à Madagascar pour savoir que la traite des esclaves s’est prolongée longtemps en Afrique de l’Est, dans l’Océan Indien, et dans le Golfe Persique, avec les traditionnels trafics arabes d’esclaves.

     Je te signale d’ailleurs qu’une historienne de La Réunion prend des positions hardies dans ce difficile débat.

     Je recommanderais volontiers la même prudence aux descendants des grands royaumes négriers de l’Afrique du Centre et de l’Ouest.

     Novembre 2005 – En France, la mode est aujourd’hui à la repentance. Les Français adorent ça et se complaisent dans leurs défaites militaires qu’ils célèbrent avec une joie masochiste. Le président Bouteflika somme la France de se repentir, alors que la guerre d’Algérie a été un affrontement de violences des deux côtés, et que l’Algérie indépendante sort à peine d’une guerre civile cruelle.

      Dans toutecette affaire, plus personne ne comprend plus rien à rien, entre ce qui relève de la mémoire et ce qui relève de l’histoire ! Je me demande si certains historiens ne s’intéressent pas plus à la mémoire qu’à l’histoire.

     Octobre 2006 – Tuvois, l’Algérie est toujours au cœurdu problème français, et certains historiens ont du mal à travailler sur l’histoire coloniale sans être obsédés par l’Algérie, toujours l’Algérie, qui parait d’ailleurs de plus en plus présente en France, plus de quarante ans après son indépendance. Un politologue, d’une espèce difficile à définir, a commis un livre, ou plutôt un crime contre la raison, en énonçant le postulat qui voudrait que coloniser, c’est exterminer, et bien sûr en raisonnant sur l’Algérie. Ce politologue s’est fait ramasser dans les grandes largeurs par deux éminents historiens de l’Algérie.

     Ce mois-ci, Blois a accueilli le 9ème Rendez-vous de l’Histoire. A l’occasion d’un Café Littéraire, tu te souviens du rôle des cafés dans l’histoire littéraire parisienne, un dialogue musclé s’est engagé entre le principal prosélyte d’une nouvelle histoire coloniale et l’auteur d’un livre intitulé Pour en finir avec la repentance coloniale, précisément dans le cas de l’Algérie. Le prosélyte de lui lancer : « Vous êtes un historien révisionniste, ça vous fait fliper » (sic)(1). Je me serais bien gardé d’intervenir dans ce débat : il n’y a pas si longtemps, notre grand Amiral marxiste. Dictateur et chef de l’État, aurait brandi aussi facilement ce type d’accusation. »

  1. Il s’agissait de Pascal Blanchard

Jean Pierre Renaud  – Tous droits réservés

Algérie- France 1962-2021 ça suffit ! Cartes sur table !

Algérie- France

1962-2021

Ça suffit ! Ça suffit !

L’Algérie corrompue d’un FLN autocrate nous donne des leçons de vertu nationale : n’a jamais failli dans sa propagande de mensonges et de chantage,dans les double, triple ou quadruple jeux !

Pendant les années noires des années 1990, beaucoup d’Algériens et d’Algériennes sont venus se réfugier en France !

Réguliers ou irréguliers, nombreux sont les Algériens qui sont venus ou viennent encore chez l’ennemi héréditaire : étrange, non ?

Sans ennemi héréditaire, la dictature FLN s’écroulerait !

 Ça suffit ! Ça suffit !

Fermons notre frontière à titre provisoire pendant deux ans et suspendons pendant deux ans tous les accords diplomatiques !

Mettons tout sur la table, et nous verrons !

Jean Pierre Renaud

La propagande postcoloniale de Pascal Blanchard – Le Figaro du 9/04/21

La propagande postcoloniale subversive de Pascal Blanchard

Le Figaro du 9 avril 2021, pleine page 15 – Portrait

Alexandre Devecchio

« Pascal Blanchard, l’indigéniste version « cool » de Macron »

« L’entrepreneur a su séduire les élites politiques et médiatiques. Au point que le gouvernement lui a confié la mission de célébrer les personnalités de la « diversité ». Mais celui qui se présente comme historien est qualifié d’imposteur par une partie de ces derniers. »

  Dès l’année de sa création, en 2010, les lecteurs et lectrices du blog ont pu avoir l’occasion de découvrir mes appréciations sur les œuvres de ce groupe de pression idéologique et marchand animé par Pascal Blanchard, au travers d’une association ACHAC, dont il est possible de se demander quel est son statut juridique et financier.

            En 2018 (avril et mai), j’ai publié plusieurs chroniques critiques sur la propagande postcoloniale diffusée par le groupe d’études Blanchard and Co tel que je l’ai dénommé.

            J’y dénonçais ce que je qualifiais de propagande subversive telle qu’elle a été développée par la plupart des mouvements révolutionnaires de l’époque moderne.

            Je ne me suis pas contenté de survoler les écritures de ce groupe, mais j’ai été à la source du discours Blanchard, sa thèse à la Sorbonne, son rôle au cours et après le Colloque Savant de 1993 sur le thème « Images et Colonies », et naturellement la succession des livres publiés sur la Culture coloniale, puis impériale, puis sur la Fracture coloniale, des écrits que j’ai passés au peigne fin.

            Dans le livre « Supercherie coloniale » j’ai résumé en 2008 l’ensemble des critiques de fond qu’appelaient ces écrits : anachronisme, carence notoire de l’histoire quantitative, absence de mesure des vecteurs de propagande et de leurs effets – absence criante de la presse alors que la télévision n’existait pas – , analyses truffées d’enflures d’écriture et d’affirmations non fondées, ignorance de l’histoire coloniale, etc…

            Les lecteurs peuvent consulter quelques dizaines de pages de ce livre, soit sur internet, soit sur mon blog.

            Puis-je signaler qu’un grand éditeur de la place n’avait pas cru devoir donner suite à ma proposition de publication du manuscrit, du fait des interférences pouvant exister avec certaines branches de son groupe,   parties prenantes possibles  des écrits critiqués ? J’ai conservé cette lettre.

            La France se réveillerait-elle enfin pour dénoncer tous ces « bateleurs d’estrade » ( le mot de Pierre-André Taguieff ), ces faussaires, ces amateurs de fric qui sèment les graines d’une désagrégation nationale ?

            Notre devoir de citoyen est de dénoncer une Présidence de la République qui donne son label républicain à ce type d’entreprise de démolition nationale !

        Jean Pierre Renaud

Echos du blog février, mars 2021: les empires coloniaux, Said, Cooper, Singaverelou, Hâmpâté Bâ

ECHOS du BLOG

Février 2021

Mars 2021

            Merci aux lecteurs et aux lectrices qui, depuis plus de dix années ont eu la curiosité peut-être malsaine de consulter mon blog, un blog qui n’appartient à aucune chapelle, à aucune engeance idéologique ou politique, un blog qui n’hésite pas à être dérangeant dans l’ambiance médiatique délétère du jour qui donne trop souvent une prime au fric, à l’incompétence, et à la manipulation.

            Je me suis toujours efforcé de publier des chroniques qui sortent des ornières du jour sur notre passé colonial ou postcolonial ou sur des actualités qui méritaient un commentaire, en tout cas à mes yeux.

            Les statistiques du mois de février donnent un exemple  des travaux de documentation  et d’information que j’ai effectués au fil des années.

Les analyses que j’ai proposées pour les livres d’Edward Said (« L’orientalisme » – « Culture et Impérialisme », blog du 1/12/2011-) continuent à être bien fréquentées, alors qu’elles datent d’une dizaine d’années.

L’analyse comparative des deux empires coloniaux du Royaume Uni et de France (XIXème et XXème siècles)  a été beaucoup consultée depuis la date de sa publication en 2016, plus de 10 000 pages à ce jour.

Les analyses proposées sur les sociétés coloniales dans la perspective de l’agrégation  d’histoire ont été bien consultées depuis 2013,  de même que les articles sur la laïcité ou la propagande postcoloniale.

Au mois de février 2013, la chronique que j’avais proposée sur le témoignage de Mme Bidault, diplomate – première femme à être entrée dans le corps diplomatique avant 1945 – épouse de Georges Bidault, homme bien connu de la Résistance et de la 4ème République, a encore été consultée.                            

Mme Bidault y proposait un excellent témoignage sur la « culture coloniale » des dirigeants politiques des Troisième et Quatrième Républiques, leur ignorance ou leur désintérêt, avec le cas tout à fait caractéristique du général de Gaulle que ses origines, et sa formation militaire avaient formaté pour la priorité donnée aux théâtres d’opérations européen..

En ma qualité d’ancien officier SAS pendant la guerre d’Algérie, il m’est arrivé de publier quelques témoignages ou réactions en notant que cette guerre fut dans chaque région et selon les époques une guerre qui mettait avant tout en cause les officiers du terrain trop souvent laissés à eux-mêmes.         

Le livre « La Grotte » du général Buis, dont j’ai rendu compte, illustrait fort bien la problématique de cette guerre, un compte-rendu encore bien consulté.

Je dirai simplement et à nouveau qu’il faut laisser la parole à de vrais historiens sur les deux rives, et non à des mémorialistes.

Un choix mal assuré sur notre rive, mais encore moins sur l’autre rive.

Enfin, au mois de mars, l’analyse critique que j’ai proposée en 2015 des livres de l’historien américain Frederick Cooper « Le colonialisme en question » (2005) et « Français et Africains ? » a été bien consultée (2014), de même que l’analyse proposée du chapitre 9 du même auteur « Conflits, réformes et décolonisation » dans le livre publié sous la direction de Pierre Singaravelou   « Les empires coloniaux ».

L’auteur donnait trop d’importance, quant à leur représentativité, à une catégorie de la population de l’Afrique de l’Ouest, celle liée aux chemins de fer.

Pourquoi ne pas rappeler aussi qu’Hampâté Bâ proposait un classement de la population africaine qui rapprochait les habitants du Sénégal des blancs ?

Jean Pierre Renaud

« L’imposture décoloniale » Pierre-Henri Taguieff (2020) – « Supercherie coloniale » Jean Pierre Renaud (2008)

« L’imposture décoloniale » (2020)

Pierre-André Taguieff

Une analyse du « cadre institutionnel public et privé » de la production du discours postcolonial !

&

« Supercherie coloniale » (2008)

Jean Pierre Renaud

Une analyse d’un « produit » postcolonial » !

   Comment ne pas saluer au départ le courage d’un universitaire qui ose dire la vérité, alors que son milieu préfère le plus souvent le silence, le botté en touche, la servilité, pour ne pas dire la peur, la grande peur des enseignants ?

           Cet état d’esprit ne me surprend pas,car tout au long de ma carrière de haut fonctionnaire,  j’ai été frappé par un des traits dominants du service public, la servilité, c’est-à-dire surtout, pas de vagues !

            Cette attitude d’extrême prudence, pour user d’un terme modéré, s’explique en partie par le contexte de violence actuelle, un climat de fausses revendications mémorielles portées par des groupes de pression idéologiques, et souvent par l’attitude de nombreux parents.

Tout au long des dix dernières années, j’ai proposé sur mon blog une lecture critique du discours de propagande postcoloniale développé par l’historien Blanchard et par ses deux collègues Bancel et Lemaire.

J’ai démonté pièce par pièce un discours pseudo-historique caractérisé par une carence d’analyse quantitative des vecteurs de culture coloniale supposés et de leurs effets sur l’opinion publique et la mémoire collective des Français sous la Troisième République.

L’historien avait soutenu, en 1994, une thèse de doctorat intitulée « Nationalisme et Colonialisme Idéologie coloniale Discours sur l’Afrique et les Africains de la droite nationaliste française des années 30 à la Révolution Nationale »

Je notais dans mon livre que la recherche historique en question était très limitée dans le temps et dans le champ idéologique choisi, et qu’elle ne s’était pas intéressée au dossier des images coloniales.

Qui plus est l’analyse de la presse dans son champ chronologique et géographique ne proposait pas plus de matériau historique solide et convaincant !

La source historique était en réalité à rechercher dans les Actes du Colloque savant de 1993 sur le thème « Images et Colonies » dont il fut un de ses secrétaires, et dont il s’appropria purement et simplement le matériau, sans trop d’opposition universitaire, pourquoi ne pas le dire ?

Mme Coquery-Vidrovitch faisait simplement remarquer que Monsieur Blanchard incarnait sans doute une catégorie nouvelle d’historien, « l’historien entrepreneur ».

L’intéressé a rapidement démontré en effet son savoir-faire tous azimuts avec l’association ACHAC, quasiment son enfant et avec l’agence privée de communication « Les bâtisseurs de mémoire », une appellation fort bien choisie compte tenu des talents démontrés pour habiller les mémoires coloniales et postcoloniales.

Pierre-André Taguieff vient de livrer son analyse sur le cadre institutionnel public- privé, et universitaire qui a laissé libre cours à des discours pseudo-historiques ayant contribué à semer le trouble, pour ne pas dire plus dans l’opinion publique, sans contestation du monde scientifique et universitaire. Ces discours ont donc prospéré, avec liaisons sulfureuses entre institutions, mélange des genres entre sciences et fausses sciences, entre public et privé, entre sciences et politique….

Dans la deuxième partie de l’ouvrage intitulée « France : postcolonial business et endoctrinement décolonial » (page 135 à 263), l’auteur propose une lecture critique sans fard du sujet :

Page 142 : « Instrument d’autopromotion de ses membres, l’ACHAC est aussi adossée à une entreprise dont Pascal Blanchard est le codirecteur, l’agence de communication «  Les Bâtisseurs de mémoire » (« Conseil, communication, histoire ») qui se propose de « promouvoir le passé historique, publicitaire et patrimonial des grande marques », dont les productions et les finalités posent effectivement question au milieu académique. Ces usages commerciaux devraient être totalement étrangers au monde de la recherche. »

Jean Pierre Renaud     –   Tous droits réservés

La Grande Peur des Enseignants

  Les médias paraissent découvrir la situation de nos écoles depuis l’assassinat de Serge Paty le 16 octobre 2020, et depuis, les enquêtes se succèdent pour identifier les problèmes, et éventuellement les solutions.

Les problèmes sont très nombreux, mais les actualités nous ont fait mettre le doigt sur les enjeux de laïcité, de neutralité de l’enseignement, à partir du moment où une partie de la population conteste, enfants et parents y compris, les missions de l’école publique républicaine.

Menaces, pressions, messages sur les réseaux sociaux, refus d’engagement des syndicats, frilosité de notre administration, pour ne pas dire abandon ou refus de mission, aveuglement des pouvoirs publics, trop de facteurs ébranlent les fondations de cet édifice républicain de formation aux libertés.

On peut comprendre la peur de beaucoup d’enseignants d’assumer les risques et de faire face, mais ne faut-il pas attirer l’attention sur une face trop méconnue du problème, celle d’une intoxication intellectuelle, historique, idéologique dont souffre une partie du corps enseignant, notamment d’histoire géographie, une adhésion souvent militante aux courants du décolonial, du postcolonial, à la victimisation des peuples colonisés et à leurs descendants…

Dans les années 1880-1890, l’esclavage existait encore en Afrique noire et à Madagascar, et des roitelets esclavagistes approvisionnaient encore l’esclavage du Moyen Orient.

Au Dahomey, aujourd’hui Bénin, le roi Béhanzin que Monsieur TIn, professeur et chef des Indigènes de la République, a comparé à nos rois de France, la cité royale d’Abomey valant celle de Saint Denis, était non seulement un esclavagiste patenté mais un roi sacrificateur d’esclaves.

Les roitelets du voisinage furent bien contents qu’on les en débarrasse.

Afin d’éclairer les débats actuels de « la faute à qui », à propos du malaise et du métier difficile de nos professeurs, le témoignage d’un géo politologue connu pour ses positions tiers-mondistes, Yves Lacoste.

Dans un gros livre intitulé « La Question post-coloniale » ( 2010) il déroule une longue analyse critique de notre passé colonial, tout en épinglant quelques-uns des excès d’une partie des intellectuels post-coloniaux à la mode :

Dans le chapitre deuxième, l’auteur souligne « L’importance des représentations géopolitiques dans la question post-coloniale » (p,63 à 123)

A la page, revenant  aux « jeunes » des « grands ensembles », un sujet dont il fut un des spécialistes, il évoque à nouveau une lutte de pouvoirs avec la police, en distinguant le positif et le négatif… :

« Mais ils expriment leurs insatisfactions et leurs inquiétudes par une hostilité croissante à l’encontre du pays et de la société où l’immigration de leurs grands-parents, il y a plusieurs décennies, les a fait naître. La justification de cette hostilité se fonde sur des représentations historiques qui, dans les milieux intellectuels, font de nos jours consensus dans la mesure où celles-ci réprouvent la colonisation depuis que les empires coloniaux ont disparu. Or, pour bien marquer leur différence, les jeunes intellectuels « issus de l’immigration » proclament que le colonialisme continue d’exister en France. » (page 65)

L’auteur analyse alors :

            « La diffusion de représentations accusatrices du colonialisme (page 66)

            « … Pour schématiser, on peut dire que, malgré les effets de « l’absentéisme scolaire », un certain nombre de ces jeunes vont au collège et qu’ils s’intéressent particulièrement, même de façon brouillonne et agressive, à ce que disent les professeurs d’histoire-géographie sur la colonisation et la traite des esclaves en effet, depuis une dizaine d’années, les programmes scolaires prescrivent qu’un certain nombre d’heures d’enseignement soient consacrées à ces problèmes qui sont aussi de plus en plus présents dans les manuels. Les enseignants en font d’autant plus état que cela les intéresse personnellement et passionne les élèves il n’en reste pas moins que, dans ces quartiers ou à proximité, la tâche des professeurs – qui sont de plus en plus des femmes – est encore plus difficile qu’ailleurs. » (page 66)

            Commentaire : cette analyse concerne les « grands ensembles », mais elle montre le rôle important des professeurs d’histoire géographie très souvent séduits par une culture multiculturelle de gauche très influente dans l’ensemble de notre système scolaire. Il fut un temps où il s’agissait de la culture marxiste, mais faute de marxisme, on s’est rabattu sur une autre thématique à la mode, d’autant plus facilement que l’ouverture des frontières a fait sauter beaucoup de frontières culturelles, et misé sur la générosité et l’idéalisme de la jeunesse, comme de tout temps.

Il serait sans doute possible de mettre au défi scientifique les animateurs et propagandistes de cette lecture de notre histoire de mesurer le même type de « représentations » dans les livres des 3ème et 4ème Républiques, images, nombre de pages, et lignes de texte, en tenant compte évidemment des contextes historiques correspondants, en l’absence notamment des images télévisées et de celles des réseaux sociaux.

            «  Un consensus de rejet de la colonisation depuis qu’elle a disparu.

            « Tout cela est la conséquence du développement relativement récent du vaste courant d’idées qui stigmatise la colonisation. Les quelques tentatives maladroites pour faire admettre qu’il n’y eut pas que des atrocités dans les colonies et que tout n’y fut pas constamment aussi épouvantable, suscitent de la part de certains (nouveaux venus en la matière) un surcroit d’accusations indignées et de publications vengeresses. » (page 67)

Questions : sur un sujet aussi sensible et polémique, le lecteur aurait aimé avoir plus de précisions sur les constats soulignés.

            « Consensus » : quelle évaluation ? « Vaste courant d’idées » : quelle évaluation ? « Publications vengeresses » ? Lesquelles ? Fusse en renvoi !

            Quel intellectuel aura le courage de contester les témoignages d’Hampâté Bâ dans ses nombreux livres, dont l’un de grande sagesse –« Kaidara », avec sa vision capitale des deux versants de la colonisation, la diurne et la nocturne ?

Comme le contenu du gros livre d’histoire VII de l’UNESCO sur « L’Afrique sous domination coloniale » ?

            L’histoire de l’impérialisme n’a jamais eu, ni frontière, ni époque : il s’est inscrit dans ce que la philosophie chinoise, a dénommé « le cours des choses ».

De nos jours, comme par le passé, les « spécialistes », dénomment un certain de type de domination par l’expression gentillette de « soft power », mais le « hard power » n’est jamais loin, le totalitarisme, comme c’est le cas en Chine, en Corée du Nord, en Turquie, en Algérie …

            Jean Pierre Renaud  –  Tous droits réservés