Humeur Tique: France 2, Coupe du Monde de Football et Honte à l’Equipe de France ! Bravo Madame Jouanno !

   Hier soir, au Journal de France 2, avec M.Delahousse : un titre annoncé en début de journal,  « la déclaration surprenante de Madame Jouanno »…

            Il s’agissait de la déclaration par laquelle la ministre des Sports avait fait part de son opposition à la réintégration dans l’équipe de France de MM Evra et Ribéry, que la Fédération avait sanctionnés pour leur comportement lors de la Coupe du Monde en Afrique du Sud.

            L’adjectif « surprenante » utilisé par M.Delahousse, par ailleurs journaliste compétent et sympathique, donnait incontestablement le ton à l’information, c’est-à-dire au minimum, plutôt non défavorable à la réintégration des deux joueurs.

            Il serait sans doute intéressant d’avoir connaissance de ce que le même journaliste pouvait lire sur son prompteur, car le ton fut différent lorsqu’il évoqua cette information. Rêve ou réalité ?

En tout cas bravo Madame Jounanno ! L’immense majorité des

 Français approuve sûrement votre position!

BAYROU ET GEORGE VI: le film « Le Discours d’un roi »

Bayrou et George VI

Le film « Le discours d’un roi » 

« L’homme qui ne pouvait être roi »

Voici venir le grand favori de la course aux oscars. L’histoire vraie du père de l’actuelle reine d’Angleterre, George VI, coupé de son peuple par un problème aigu de bégaiement…

Le Journal du Dimanche du 30 janvier 2011

Page Culture

Clin d’œil du cinéma à l’un de nos candidats attendus aux prochaines présidentielles, même s’il ne s’est pas encore déclaré candidat ?

Dans la même page, François Bayrou déclarait : « Le film montre que ce n’est pas un handicap. »

Assurément, comme il en a apporté de multiples preuves au cours de sa vie.

Alors un bon conseil à François Bayrou, laissez le film engranger succès et bonnes entrées dans nos cinémas : George VI travaille pour vous !

Les mauvaises langues vous accuseront sans doute d’avoir trop souvent mis vos pas dans ceux du grand Béarnais que fut Henri IV, et aujourd’hui d’avoir secrètement sponsorisé le film « Le discours d’un roi »

Seul petit problème : il faut accéder maintenant au fauteuil de roi sans en être l’héritier !

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique: Présidentielles 2012 et transparence du financement – campagne de Libé pour DSK

   Transparence des frais de campagne présidentielle, SVP !      

La course à l’échalote présidentielle est cette fois bien partie ! Les candidats, à gauche surtout, mais aussi à droite, fleurissent de toutes parts, mais à quels prix ?

            Pour prendre l’exemple de « La Ségolène », ainsi dénommée par sa grande amie Martine Aubry, la candidate se déplace beaucoup du nord au sud et de l’est à l’ouest, et cela coûte cher ! Combien ? Est-ce que c’est le Parti Socialiste qui paie ?

            Il serait possible de poser les mêmes questions pour Mélenchon, Montebourg, Valls, Joly, Le Pen, ou Dupont-Aignan, dans l’état actuel des candidatures « officiellement » annoncées.

            Tous les candidats à ces élections démocratiques seraient bien inspirés de déclarer chaque mois le montant des dépenses qu’ils font pour leur campagne de candidature, et les sources correspondantes de leur financement.

            Libé en campagne pour DSK, en première page du journal du 26 janvier 2011, la photo du candidat Mélenchon avec le titre :

« L’homme qui veut faire perdre DSK »

Allons bon, un candidat socialiste non candidat, déjà gagnant, au dire du journal Libération ? Libé est donc également en campagne !

Propagande coloniale? Le Petit Journal Militaire, Maritime et Colonial: année 1906, Algérie, Congo, Cochinchine

Le Petit Journal Militaire, Maritime et Colonial

Le supplément du Petit Journal

Année 1906 numéro 138

Extraits de contenus

(Première chronique sur le blog du 25 octobre 2010)

Rappelons tout d’abord que, dans les années 1900-1910, le Petit Journal était un quotidien qui tirait à plus de 800.000 exemplaires, 835.000 en 1910, mais que le nombre des lecteurs ou abonnés du supplément était évidemment bien inférieur à ce chiffre.

            Rappelons que chaque supplément comprenait quinze pages, dont deux consacrées aux mouvements d’officiers.

            Rappelons également que les thèmes coloniaux représentent moins de 13% des colonnes d’information du total des suppléments de l’année 1906.

Le numéro 138 fait exception puisqu’il consacre près de 30% de son contenu à l’information coloniale.

Trois sujets ont retenu notre attention :

1 – « En Algérie »

Une étude de M.Ismaël Hamet, interprète principal de notre armée, dont le titre est « Nos sujets musulmans sont-ils assimilables »

L’auteur constate :

« Il est presque de dogme aujourd’hui, parmi les personnes qui n’ont pas vécu en Algérie, et même parmi celles qui ont vécu dans notre colonie… que l’indigène algérien n’est pas perfectible, que tel il était au temps de Mahomet, tel il est resté aujourd’hui, à l’aube du vingtième siècle. En un mot qu’il n’est pas assimilable, civilisable, au sens que nous attribuons à ces qualificatifs… »

L’auteur entend démontrer dans cet article que ce n’est pas le cas, et il en appelle donc de ce jugement décourageant. (3 colonnes et demie)

Est donc évoqué, dans cette étude, le dossier de la compatibilité entre la religion musulmane, son statut religieux et familial, et la loi républicaine, dossier très sensible, et toujours d’actualité comme la société française le découvre aujourd’hui chez elle, entre autres, avec le voile, la burqua, ou la polygamie.

 2 – « Au Congo français »

Le supplément évoque l’enquête qu’a effectuée Brazza sur les abus coloniaux dénoncés et constatés au Congo et informe ses lecteurs des instructions données par le ministre des colonies Clementel en vue de mettre fin à ces abus et à la collusion d’intérêts, au mélange des genres constaté entre l’administration coloniale et les sociétés privées, les fameuses compagnies concessionnaires, sources de beaucoup des abus dénoncés. (2 colonnes)

En 1905, Brazza avait été chargé par le gouvernement d’enquêter sur des exactions commises en Oubangui. Son rapport dénonçait tout un ensemble d’abus et de violences. En dépit du refus par la Chambre de publier ce rapport, Félicien Challaye publia le dossier avec le soutien du grand et célèbre écrivain Péguy.

3 – En Cochinchine

« Ce qu’il faut faire en Cochinchinele programme du gouverneur »

« On a enlevé aux notables de villages leurs pouvoirs de police ; on n’a rien mis à la place… Il faudrait pouvoir revenir en arrière. » (3 colonnes)

C’est en Cochinchine que la France prit d’abord pied, au milieu du dix-neuvième siècle, dans la péninsule indochinoise, précisément en Cochinchine, à l’instigation des amiraux, qui mirent le gouvernement de l’époque devant le fait accompli. Le territoire fut alors érigé en colonie.

La France n’avait défini aucune politique indigène, et de fil en aiguille, ses officiers et administrateurs pratiquèrent de plus en plus l’administration directe, au lieu de s’appuyer sur les élites locales qui existaient alors localement, le réseau des mandarins et des lettrés.

Le problème a été récurrent en Indochine où deux écoles de pensée s’affrontèrent en permanence, entre ceux qui proposaient des solutions apparentées au protectorat, dans le respect des pouvoirs traditionnels, l’empereur d’Annam au sommet, et ses lettrés, et celles de l’administration directe, qui fut la solution dominante.

JPR

Humeur Tique: Alliot-Marie ou la Voix de la France « Proportionnée »

       Dans Libé du 18 janvier, page 5 :

            A l’Assemblée Nationale : « Mardi dernier, déjà, Alliot-Marie avait été interpellée par les députés de l’opposition sur les incohérences de la politique française, soutenant la dictature de Ben Ali en Tunisie et le processus démocratique en Côte d’Ivoire. Loin de reprendre à son compte la qualification du régime tunisien, elle avait préféré  louer « le savoir-faire, reconnu dans le monde entier, de nos forces de sécurité «  qui aurait permis « de régler des situations sécuritaires de ce type » et proposé « aux deux pays de permettre, dans le cadre de la coopération, d’agir dans ce sens ».         

            Dans le Monde des 16 et 17 janvier, « Jeudi 13 janvier, la veille du jour où tout bascule, Paris insiste de nouveau sur son offre de coopération policière. Le Quai d’Orsay souligne que la France dispose d’un savoir-faire reconnu en matière de maintien de l’ordre dans le respect de l’usage proportionné de la force afin d’éviter des victimes ».

            La voix de la France ? Celle de « l’usage proportionné de la force » de maintien de l’ordre, ou celle de  «  l’usage proportionné de la force » des mots ?

            Le Quai d’Orsay ferait donc du nanisme proportionné des mots et des prises de positions diplomatiques, alors que de son côté, le Préfet Guéant, dont l’expérience africaine est immense, ferait joujou avec la politique africaine de la France ?

Madagascar et Indépendance? « L’Afrique noire française » « L’heure des indépendances » « L’indépendance de Madagascar »

« L’Afrique noire française »

« L’heure des indépendances »

Lecture

Volet 2

5°partie : L’Océan Indien et l’indépendance de Madagascar

Ou comment on écrit l’histoire !

La contribution du Colloque intitulée « Les Tananariviens face à la proclamation de l’indépendance » (page 637 à 665) est fondée sur deux postulats historiques, non encore démontrés:

 1) que la capitale était représentative des réactions malgaches de l’ensemble de l’île à l’indépendance,

2) et que l’indépendance de l’année 1960  était étrangère aux « événements », à la « rébellion », ou à l’« insurrection » de 1947, ou plutôt à l’action du MDRM (Mouvement Démocratique de la Rénovation Malgache), justement soulignée, à ce même colloque, par un de ses éminents représentants, M.Rabemananjara, ancien député à l’Assemblée Nationale (française).

Quelques observations sur le premier point : l’historienne évoque rapidement le retour des trois députés, Raseta, Ravohangy, et Rabemanjara, mais passe donc  quasiment sous silence leur rôle politique, avant 1947.

Pour le reste, pas grand-chose à dire sur l’histoire racontée des fêtes de l’indépendance, organisées par le régime du président Tsiranana, renversé en 1972.

L’historienne écrit :

« Mais les Tananariviens ne considèrent pas ce dernier comme le père de l’indépendance (il s’agit de Tsiranana). Et ils ne se laissent pas tromper : officiellement, Madagascar est souverain, mais les accords de coopération avec l’ancienne puissance colonisatrice sont signés tout de suite après la proclamation du nouveau statut. Pour la capitale, commence une période d’opposition au régime néocolonial, longue de douze ans. Le régime de Tsiranana tombe finalement sous le coup de grèves d’étudiants et d’élèves qui cristallisent le rejet des structures néocoloniales. Ces grèves touchent plusieurs villes de Madagascar, précédées par les manifestations du Sud, mais ce sont les manifestations du 13 mai 1972, devant l’hôtel de ville de Tananarive, qui donnent le coup de grâce à un régime moribond. Tananarive, comme d’autres capitales, fait et défait des régimes. » (page 663)

L’historienne pensait à Paris ?

Dommage qu’elle n’ait pas été plus prolixe sur la nature des structures néocoloniales qui empêchaient Madagascar d’être vraiment un pays indépendant, mais la critique de fond viendrait plutôt du témoignage de l’ancien député Rabemananjara, un témoignage fort intéressant de la part d’un des premiers artisans de l’indépendance malgache, un des trois véritables pères de l’indépendance..

Le témoignage fort intéressant de M.Rabemananjara :

L’ancien député reproche à l’historienne d’avoir fait une impasse sur le rôle et l’histoire du MDRM, qui fut effectivement un grand parti à Madagascar :

« L’on comprend donc que Tsiranana ait voulu occulter la vérité. Mais que les historiens fassent une impasse sur le MDRM, moi, je l’avoue, je ne le comprends vraiment plus. C’est comme si pour l’indépendance de la Côte-d’Ivoire, vous alliez faire une impasse sur le rôle du RDA. Vous allez parler d’Houphouët-Boigny ; mais vous vous abstenez de parler du RDA. Cela ne vous paraît un peu bizarre ?

Si j’insiste sur cette omission, ce n’est pas uniquement par souci d’éclairer des points d’histoire. Car, voyez-vous, quand on évoque ces événements, je choisis le mot événement, étant donné que c’est beaucoup plus neutre que le mot rébellion, que le mot insurrection. J’y reviendrai tout à l’heure.

Qui était au centre de toutes ces questions d’indépendance de Madagascar ? Nul doute, c’est le MDRM. Ici, j’attire l’attention de vous autres, les historiens, sur l’importance et sur la gravité du fameux télégramme de Marius Moutet, ministre des Colonies. Pour bien en mesurer le poids, il faut se rappeler que la France était sous un gouvernement tripartite : Paul Ramadier, Président du Conseil, était socialiste, comme Marius Moutet, Maurice Thorez, ministre d’Erat, vice-président du Conseil, était communiste, et Pierre-Henri Teitgen, garde des Sceaux, était MRP. Ces hommes se vantent d’appartenir à un Etat de droit, et ils sont d’accord pour permettre à Marius Moutet d’adresser au gouverneur général de Madagascar, le télégramme que voici :

« Abattre le MDRM par tous les moyens ».

 Vous rendez-vous  compte de la portée d’une telle décision ? Abattre le MDRM par tous les moyens. On abat les chiens enragés. On abat les sangliers. Sans qu’il y ait eu le moindre jugement, le MDRM est condamné sans appel. Un gouverneur général recevant un tel ordre de son ministre, de son gouvernement, que va-t-il faire ? Il ne cherche pas à savoir si le MDRM est coupable ou non ? Il exécute la consigne L’inqualifiable curée commence

Ces considérations vous amènent à croire que nous n’avons jamais donné l’ordre de cette fameuse rébellion et que nous n’en avons jamais conçu l’idée, ni élaboré le plan…. J’apporte ces précisions pour vous permettre d’avoir une idée plus claire de ce qu’il est commode d’appeler la rébellion malgache…

Je voudrais profiter de cette occasion pour rendre un hommage solennel à l’Assemblée nationale française ; jamais, elle n’a accepté de nous défaire de notre mandat, si bien que, pendant les années où nous croupissions en prison, dans les débats parus au Journal officiel de l’Assemblée nationale ; quand il y avait vote, vous pouviez lire : « Raseta, Ravohangy, Rabemananjara, empêchés ». Nous étions dans la geôle colonialiste et l’Assemblée nationale reconnaissait notre totale innocence. » (page725)

.Qu’ajouter de plus à ce témoignage pour l’histoire d’un des trois pères de l’indépendance malgache ?

Pour mieux comprendre ce qui s’est passé dans la grande île dans les années 1945, 1946, et 1947, les lecteurs intéressés pourront se reporter, entre autres, aux ouvrages de Pierre Boiteau, « Contribution à l’histoire de la nation malgache » (1958), et de Jacques Tronchon, « L’insurrection de 1947 » (1986). Et sans doute aussi à des travaux d’historiens malgaches.

En ce qui concerne le ministre Moutet, Jean-Pierre Gratien, propose, sur le même sujet, un éclairage historique dans un livre récent « Marius Moutet, un socialiste à l’Outre-Mer »

A partir de ces sources, il est possible de faire plusieurs commentaires :

A la fin de la deuxième guerre mondiale, la situation internationale, ainsi que celles de la France, en pleine reconstruction, ainsi que celle de Madagascar, affaiblie par la misère, était plus que trouble, mais il faut reconnaître que les gouvernements français des années 1945-1947, n’ont pas fait preuve d’un grand discernement dans la gestion des crises coloniales, pour ne pas dire plus.

Avec le recul des années, mais mon appréciation personnelle est déjà ancienne, le rôle et les décisions des gouvernements français de l’époque, ceux Provisoires de la République Française, et ceux de la 4°République, à compter du 22 janvier 1947,  dont la composition politique était tripartite (SFIO, MRP, et PC), paraissent tout à fait incompréhensibles, sans bon sens politique, en pleine contradiction avec l’esprit de liberté qui avait animé les mouvements de Résistance.

 Je vous avouerai que je n’ai toujours pas compris l’aveuglement, pour ne pas dire la bêtise, des décisions de politique coloniale prises par les gouvernements des années 1945, 1946, 1947 (Gouin, Bidault, Blum et Ramadier), en particulier celui de Ramadier, l’artisan et le responsable de la répression de 1947, alors que leur composition politique n’était pourtant pas réputée conservatrice.

Rappelons à ceux qui l’auraient oublié  que le la gauche était majoritaire dans ces gouvernements, la SFIO et le PC étaient les alliés du MRP

Leur aveuglement soulève la question de fond qu’il faut d’ailleurs poser quant à la politique coloniale de la France, tout au long de la période coloniale : qui prenait vraiment les décisions ? A Paris, ou dans les colonies ?

Mais dans le cas de Madagascar, la réponse semble assez claire : le ministre socialiste Moutet, ancien du Front Populaire, fut l’artisan de la répression coloniale tout au long des années 1946 et 1947 : il fut ministre de la France d’Outre- Mer, sans discontinuer, du 26 janvier 1946 au 19 novembre 1947.

L’instruction dont fait état M.Rabemanjara « Il faut abattre le MDRM par tous les moyens » est confirmée dans le livre Boiteau, et trouve sa source dans le témoignage de M.Boudry, un haut fonctionnaire des Finances qui fut le Secrétaire Général provisoire de la colonie en 1946. Il fut relevé de ses fonctions pour avoir refusé d’appliquer les instructions Moutet.

A noter que le même Boudry fut l’ami du grand poète Rabearivelo, sur lequel nous reviendrons ultérieurement grâce à son témoignage.

Moutet accusait le MDRM d’être « séparatiste », « nationaliste », et enfourchait la thèse classique de l’idéologie coloniale, celle d’une mythologie « hova », l’aristocratie « dominatrice » des plateaux, qu’il fallait combattre, et dont l’origine remontait au proconsulat Gallieni.

Il est tout de même curieux de voir que la France, avec Gallieni, fit tout pour détruire les éléments « naissants » d’un Etat de type centralisé, animé par la monarchie « hova », un Etat embryonnaire qui évoluait vers la modernité. Il n’est pas inutile de rappeler qu’il y avait, en 1895, sans doute, moins d’illettrés sur les plateaux de l’Imerina que dans notre belle Bretagne.

La doctrine Gallieni ne fut pas celle de Lyautey en Indochine et au Maroc, mais le général Gallieni eut à faire face à une révolte importante, et s’il fit prendre alors un mauvais « pli » à la colonisation française, ses autres « plis » de proconsul ne furent pas tous négatifs. Il ne faut pas non plus oublier que Gallieni était un républicain laïc convaincu.

Et pour revenir à Moutet, ce dernier mit effectivement tout en œuvre, illégalités comprises, pour abattre le MDRM, et mettre fin à l’insurrection, quel qu’en soit le prix.

Et pour la petite histoire et grande histoire, il n’est pas inutile de rappeler que Gaston Defferre, celui de la loi émancipatrice de 1956 sur les colonies, bref Sous-Secrétaire d’Etat à la France d’Outre-Mer dans un cabinet Blum (16/12/46 à 22/1/47) accomplit une mission d’information dans la grande île au terme de laquelle il recommanda l’envoi urgent de renforts militaires.

La gauche restait donc fidèle à la politique engagée par Jules Ferry, alors que le monde avait changé, et cette fidélité avait toutes les caractéristiques de la bêtise.

Moutet nomma son ami de Coppet Gouverneur général de Madagascar, lequel appliqua les instructions de son ami ministre. De Coppet fut très mal accueilli à son arrivée à Tananarive, le 19 mai 1946, à la fois par les malgaches et par les français qui résidaient dans l’île, hostiles aux socialistes.

De Coppet fut assez rapidement relevé de ses fonctions, alors qu’il avait conclu à la nécessité d’engager le processus de l’indépendance de Madagascar.

En ce qui concerne les forces en présence, il n’est pas interdit de se poser la question du rôle de ceux qu’on appelle communément les « colons », dont le poids n’était pas négligeable dans la grande île , à la différence d’autres colonies, et de celui de la société coloniale de la grande île et du groupe de pression de la petite île de La Réunion, qui fut à l’origine de la colonisation de Madagascar, et qui continuait à avoir du poids politique.

Il est tout de même étrange que la thèse coloniale du dualisme entre côtiers et merinas des plateaux ait en fait servi (provisoirement) les intérêts des colons qui s’étaient implantés dans les concessions côtières.

 Qui commandait réellement à Tananarive dans les années considérées ?

Enfin, et pour citer un historien colonial à la fois compétent et réputé, Henri Brunschwig, dans le livre « La colonisation française », publié en 1949, c’est-à-dire encore  « à chaud » de ces événements, prit incontestablement un risque historique en écrivant :

 « Le MDRM semble avoir fomenté l’insurrection qui éclata brusquement dans la nuit  du 29 au 30 mars dans la falaise de la côte est. » (page 225)

Tout en rectifiant le tir dans le paragraphe suivant :

« Il n’est pas encore possible de faire une étude objective de la révolte. »

Jean Pierre Renaud

                    Les caractères gras sont de ma responsabilité

Humeur Tique: Eva Joly, Indépendance de la Justice, et Ecologie?

            Déclaration d’Eva Joly, candidate à la candidature d’Europe Ecologie Les Verts dont fait état le Monde des 16 et 17 janvier 2011, page 10 :

            « Mes combats parlent pour moi. Depuis vingt-cinq ans, ce sont des combats de gauche. »

            Ah bon ! La candidate a fait carrière au Ministère de la Justice de 1981 à 2002, sauf erreur, et elle s’est illustrée dans plusieurs dossiers politico-financiers, sensibles et médiatiques, en qualité de juge d’instruction à Paris entre 1990 et 2000.

            Certains croyaient encore qu’un juge d’instruction instruisait à charge et à décharge, en application de l’article 81 du Code de Procédure Pénale, premier aliéna :

            « Le juge d’instruction procède, conformément à la loi, à tous les actes d’information qu’il juge utiles à la manifestation de la vérité. Il instruit à charge et à décharge. »

Faut-il, dans le cas Joly, interpréter : à charge « droite » et à décharge « gauche » ?

            Et se poser la bonne question : l’écologie est-elle  à droite ou à gauche ? Et notre bonne vieille planète-terre, à droite ou à gauche ?!

Humeur Tique: le socialisme « mondain » du Maire de Paris

Le Maire de Paris, socialiste ? Mondain ? Sûrement ! Ecologiste ? Non ! Partageux avec sa banlieue ? Non ! Trois exemples

Le Bois de Boulogne ne porte décidément pas chance aux Parisiens, pas plus d’ailleurs qu’aux habitants de la belle Ile de France.

Quelques hectares du Bois, beaucoup trop, voués au délassement des classes riches, celles qui ont les moyens de fréquenter le Racing Club, c’est à dire de payer la cotisation. La concession mondaine en a été renouvelée récemment.

Ce bois, rappelons-le, a été donné par Napoléon III à la Ville de Paris pour y créer un parc public.

Le maire a décidé par ailleurs de donner la concession du stade Jean Bouin au rugby du Stade Français, présidé par un de ses amis « riches » des années Jospin.

En compensation, il est exact que le maire a récupéré des terrains sur l’hippodrome d’Auteuil, mais était-il besoin vraiment d’accueillir ce nouveau stade de rugby, dans la capitale, alors que le discours du maire défend un Paris solidaire de sa banlieue ?

Le Stade Français n’aurait-il pas été mieux situé dans cette fameuse banlieue qui a tant besoin d’animation économique, sportive, et sociale ? Une occasion encore perdue !

Et en « troisième set », l’extension de Roland-Garros au détriment d’un patrimoine pluri-centenaire, le sanctuaire de la nature que sont les Serres d’Auteuil. Le tournoi ne pourrait donc pas être organisé à Versailles, Gonesse, ou Marne la Vallée ?

Alors que chacun sait que  ce sont les citoyens fortunés qui fréquentent le plus Roland-Garros. Il faut s’y faire voir, gauche ou droite du reste confondues ! Et il est encore de meilleur ton d’y louer une tribune.

Comment ne pas en conclure ?

 1) que le socialisme du maire est un socialisme mondain,

2) que le maire a décidé de sacrifier un des plus beaux sanctuaires de la nature de la capitale au profit de balles de tennis mondaines,

3) que le discours qu’il tient sur la solidarité régionale est un discours bidon, puisqu’il refuse de partager les grandes richesses de la capitale avec ses banlieues, lorsque l’occasion lui en est donnée, et elle lui était précisément donnée.

Humeur Tique: représentativité de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris et les TPE?

Humeur Tique : La représentativité de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris et les Très Petites Entreprises, les TPE ?

Représentativité de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris et TPE ?

Pour avoir une bonne information sur la vie de la puissante, trop puissante Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris, il vaut mieux lire Le Parisien (7 janvier 2011- 2/3 de la page II), que la Tribune, journal d’information économique et financière (7 janvier 2011- un entrefilet page 13)

Dans le Parisien, une interview du tout nouveau président, M. Gailly, plus un article très intéressant, intitulé « Le petit commerce se rebiffe »

Dans la Tribune, un petit entrefilet sur le curriculum vitae un peu surprenant du nouveau président de la Chambre.

Pourquoi l’article du Parisien est intéressant ? Parce qu’il soulève des questions de fond qui n’ont jamais été réglées quant à l’organisation de la Chambre et à sa représentativité.

La Chambre fonctionne beaucoup plus comme un ministère, un groupe national de pression économique, financier, et aussi politique, que comme une chambre de commerce et d’industrie classique.

 Son organisation est éloignée des préoccupations du terrain, et les dernières élections montrent à la fois que cette institution est très loin d’être représentative de ses électeurs, avec un taux de participation électorale de 6,42% en 2010, au lieu de 10,5% en 2004, ce qui n’était déjà pas très brillant.

A comparer avec un taux national de participation de 17,2%, un taux qui n’est déjà pas très folichon, du minimum de 6,4% à Paris et dans la petite couronne, au maximum de 46,7%.

Est-ce qu’il est raisonnable d’estimer qu’une chambre de commerce et d’industrie importante –elle gère un budget de 551,4 millions d’euros – est vraiment représentative, alors que 93, 6 % de ses électeurs ne prennent pas part au scrutin ? La réponse est non !

 La majorité des sièges a été emportée par une coalition MEDEF-CGPME, mais les petites entreprises se sont rebiffées et ont gagné quelques sièges.

L’institution est donc de moins en moins adaptée dans ses structures et son fonctionnement à la situation actuelle des entreprises de l’Île de France, si elle l’a jamais été. Elle n’a jamais véritablement exprimé les aspirations des Très Petites Entreprises.

« L’Afrique noire française » « L’heure des indépendances » sous la direction de MM Ageron et Michel

« L’Afrique noire française »

« L’heure des indépendances »

Sous la direction de Charles-Robert  Ageron  et Marc Michel

Lecture

Volet 1

            Un pavé de près de 800 pages qui a la particularité de se présenter comme une réédition, dans l’année du cinquantenaire des indépendances :

« 1990,2010, ce livre est une réédition. Il reprend sous une forme condensée, les apports d’un colloque remontant à 1990, trente ans après les indépendances de treize pays africains « francophones ».

Après avoir rappelé le chemin éditorial de ce livre, nous bornerons notre commentaire de lecture à quelques-unes des pages qui ont retenu notre attention, et tout particulièrement à celles consacrées à l’indépendance de Madagascar, et au témoignage très intéressant, à tous points de vue, de M.Rabemananjara, ancien député à l’Assemblée Nationale.

L’ouvrage comprend sept parties :

1 La marche aux indépendances : le rôle des forces intérieures (21 à 221)

2 La France et les indépendances africaines (221 à 377)

3 Les indépendances vues d’Afrique (377 à 539)

4 L’environnement international (539 à 629)

5 L’Océan indien et l’indépendance de Madagascar (629 à 729)

En ce qui concerne la première partie consacrée au « rôle des forces intérieures », leur lecture me laisse assez dubitatif, sauf en ce qui concerne le rôle des élites du Sénégal et celui des partis politiques de l’ancienne AOF, mais ce dernier, tardif, puisque postérieur à 1945.

Et la réponse à ce doute figurerait sans doute dans le rapport général de la troisième partie, quant à l’ambigüité du mot et du concept d’indépendance, tels qu’ils étaient compris par les africains.

Le rapporteur écrit :

« L’idée et le mot donc se banalisent à partir de 1958, même si le contenu en reste relativement flou. Une observation linguistique d’abord : peu de partis politiques ou de personnalités politiques ont, semble-t-il, à partir des textes que j’ai vu traduits en langue indigène, utilisé le mot « indépendance ». (page 383)

« Ce balbutiement au niveau des concepts sur lesquels il y aura peut-être des choses à dire lors de la discussion me semble témoigner de cette chose dont nous avons un tout petit peu discuté hier, c’est-à-dire la capacité non seulement d’adaptation, mais aussi d’invention de la part des sociétés africaines. » (page 384)

Et l’analyse du rôle des « acteurs africains » n’est pas toujours très éclairante, d’autant plus quand le rapporteur général précise :

« Comment savoir ce que pense, à cette époque, l’homme de la rue ? Comment mesurer l’opinion publique ? » (page 389)

Effectivement, et pour avoir navigué, dans les années 1956, au nord du Togo, territoire sous mandat de l’ONU, et promis à l’indépendance, il n’y avait tout d’abord pas de rues, et les journalistes auraient été bien en peine de dire ce que pensaient les Ngan-Gan (animistes) ou les Tyokossi (musulmans) de l’indépendance, sauf en interrogeant leurs féticheurs, leurs marabouts, ou leurs chefs, qui faisaient concrètement la pluie et le beau temps, et qui constituaient leur véritable horizon social ou culturel, beaucoup plus que les commandants de cercle.

A noter qu’a cette époque encore, les Ngan-Gan (cercle de Sansanné-Mango) vivaient nus : les hommes portaient un étui pénien et les femmes une décoration de feuilles vertes. Il est loin d’être assuré du reste que « l’ethnie » en question n’ait pas craint, avec « l’indépendance » de se retrouver sous la domination de leurs puissants voisins.

Un monde séparait par ailleurs la mentalité des gens de la côte et des gens de la brousse.

En 1990 (époque de ce colloque), il aurait été encore possible de réaliser un important travail d’interview de tous les intermédiaires cités plus haut ; peut-être le travail a-t-il été fait, mais les rapports n’en parlent pas, alors que c’est tout le problème posé par la problématique de l’opinion publique villes- brousse des années 1950, pour autant qu’il ait eu quelque chose qui ressemblât à une opinion publique de brousse.

A se demander donc si ces réflexions de type « historique » ne reconstruisent pas une histoire qui n’a jamais existé ?

Le même problème d’analyse et d’évaluation de l’opinion publique française à l’égard des colonies se posait, dans un contexte d’information qui n’avait naturellement rien à voir avec celui des colonies, avant l’arrivée des sondages d’opinion, c’est-à-dire juste avant 1939.

Et pour rassurer les sceptiques sur ce magnifique sujet de l’opinion publique dont on peut dire tout et n’importe quoi, je signale que beaucoup d’historiens ont évoqué l’évolution de l’opinion publique française, jusqu’aux sondages analysés entre autres par M.Ageron, sans jamais avoir pris le soin d’exécuter un travail d’analyse statistique de tous les supports culturels qui ont existé et qui sont encore disponibles, afin de déterminer si oui ou non, les « médias » de l’époque (et avant les sondages) accordaient de l’importance aux colonies, à la fois dans la place accordée (statistiquement) et dans le contenu de leurs messages.

Le livre ne fait pas état des réflexions tout à fait pertinentes faites à ce sujet par un des co-directeurs de l’ouvrage, précisément M.Ageron, dans la Revue Française d’Histoire d’Outre-Mer, numéro du premier trimestre 1990, l’année du colloque, intitulé : «  Les colonies devant l’opinion publique française (1919-1939 ».

L’historien s’interrogeait sur la capacité que l’on avait de pouvoir évaluer l’opinion publique, avant les années 1938, 1939, dates des premiers sondages en France, en reconnaissant la difficulté de la tâche, et observait :

« Mais l’historien de la période contemporaine ne peut renoncer pour autant à tenter de connaître, par des méthodes plus empiriques, cette opinion publique, à condition de bien mesurer les limites de son entreprise. Qui s’intéresse à cette « préhistoire » de l’opinion, celle qui précède l’ère des sondages, doit être parfaitement conscient du champ de cette recherche. » (RFOM, page 31)

Comme je l’ai indiqué dans le livre « Supercherie Coloniale »,  les historiens du sujet ne paraissent pas être encore sortis de cet âge de la « préhistoire », plus de vingt ans après, et des ouvrages d’histoire coloniale ou postcoloniale à la mode dissertent à loisir sur la culture coloniale, une opinion publique « imprégnée » de colonial, sans jamais s’être attachés à évaluer sérieusement cette fameuse opinion publique, en procédant à des travaux d’évaluation statistiques sérieux sur les vecteurs de l’opinion publique de l’époque, et en particulier sur la presse.

Quant à l’échec des fédérations, le rapporteur écrit :

«  Quoi qu’il en soit, l’échec des fédérations primaires  est incontestablement un échec du RDA, parti majoritaire en AOF et qui était né pour rassembler l’Afrique. C’est aussi et surtout un échec de la décolonisation française en Afrique noire. La France seule, à l’instar de ce que firent les Anglais en Nigéria, pouvait maintenir l’unité des fédérations qu’elle avait créée de toutes pièces et qui étaient néanmoins devenues des réalités politiques, économiques, et culturelles. » (page 456)

Il parait tout de même difficile de comparer l’AOF à la Nigéria, eu égard, aussi bien, à leurs ressources comparées et à la configuration géographique des deux territoires, outre un « héritage colonial »  très différent.

Une contribution souligne plus loin le manque d’intérêt stratégique de l’Afrique de l’ouest (page 543)

Est-ce que la France se serait opposée à la volonté de Senghor et d’Houphouët – Boigny s’ils avaient eu la volonté de maintenir la fédération ?

Et dans l’histoire de cette région d’Afrique, est-ce que les grands Almamys que furent Ahmadou,  à Ségou, et Samory, à Bissandougou, ne rencontrèrent pas le même type de difficultés pour agréger à leurs empires musulmans des royaumes malinké ou bambara ?

La quatrième partie consacrée à « L’environnement international », contient une contribution intéressante de M.Pervillé, de laquelle il résulte que  le FLN  n’a jamais été panafricaniste, et que les députés africains, dans leur grande majorité, ont toujours manifesté une certaine prudence, pour ne pas dire réserve, à l’égard  de la guerre d’Algérie.

La semaine prochaine, le volet 2 de cette lecture sera consacré à Madagascar

Jean Pierre Renaud