Humeur Tique: « Les bergeries de la Sarkozie », loups et bergeries?

Loups et bergeries ?

Le journal Le Monde vient de publier dans son numéro du 29 août 2011 un reportage d’investigation remarquable  intitulé : « Les bergeries de la Sarkozie ». « Décryptages Enquête », pages 16 et 17) »

A l’Assemblée Nationale, un projet de loi sur les conflits d’intérêt, le mélange des genres, loi destinée à « promouvoir un Etat exemplaire et une République irréprochable »,  et sur les plages de Corse, une certaine élite française, notamment politique, qui fait bon ménage avec le petit monde des voyoux.

« Etrange Murtoli qui héberge des voyoux et- des ministres, accueille de concert des repris de justice et des hiérarques policiers. »

Hier, le ministre des finances actuel, aujourd’hui le secrétaire d’Etat chargé du tourisme !

Diantre ! Le tourisme du représentant d’une République Française « irréprochable » ?

Et bien sûr quelques petites ou grandes « stars » du petit ou du grand écran !

On comprend mieux les raisons du succès de nos séries policières, tellement proches du réel.

Et comment, par comparaison, ne pas juger bien dérisoire le combat de la justice contre les petits délinquants, même récidivistes, de nos belles banlieues ?

Guerre d’Algérie – Soummam 1959-1960- Lettres d’un Sous-Lieutenant Officier de SAS

Guerre d’Algérie

Soummam 1959-1960

Lettres d’un Sous-Lieutenant, Officier de SAS

Présentation

                        Les deux lettres qui vont être publiées successivement l’ont déjà été dans une publication plutôt confidentielle, intitulée « Bulletin de liaison Saint Maixent 1959 – Promotion Communauté ».

            En octobre 1958, une cinquantaine d’anciens élèves des grandes écoles (en très grande majorité de Normale Supérieure et de la France d’Outre-Mer) entrent à l’Ecole Militaire de Saint Maixent.

            Une quarantaine de ces sous-lieutenants rejoint l’Algérie en avril 1959, la moitié dans des unités combattantes, l’autre moitié dans les SAS, les Sections Administratives Spécialisées.

L’auteur faisait partie de cette promotion.

            La promotion décida d’éditer un bulletin de promotion intitulé « Promotion Communauté » destiné à échanger informations, expériences et réflexions sur la guerre d’Algérie.

            D’avril 1959 à octobre 1960, seize bulletins ont été publiés, relatant les expériences de ces jeunes officiers, affectés sur tout le territoire de l’Algérie. (1)

            Ces témoignages, « tout chauds » d’actualité, étaient authentiques, lucides, et sans beaucoup d’illusions sur cette guerre d’Algérie, et sur la mécanique diabolique de toute guerre. 

            L’auteur lui-même des deux lettres publiées sur le blog avait été affecté en Petite Kabylie, à la SAS de Vieux Marché, dans la vallée de la Soummam, arrondissement de Sidi Aïch, département de Sétif, à cette époque.

            La SAS en question vivotait dans une zone qualifiée de « pourrie », alors encore contrôlée par l’OPA du FLN et les katibas rebelles, dans la willaya 3 ; ces derniers pouvaient se réfugier facilement dans la forêt d’Akfadou, et conserver des liaisons faciles avec les katibas de Grande Kabylie.

            Petit rappel historique pour les non-initiés :

                        A l’époque des faits, l’Armée exerçait tous les pouvoirs, c’est-à-dire les généraux et tous les officiers chargés d’un commandement en Algérie.

            Dans les départements, les Préfets étaient les adjoints civils des généraux. Dans les arrondissements, les colonels, commandants de secteurs militaires, avaient pour adjoints les sous-préfets.

            Les secteurs étaient découpés en quartiers tenus par des bataillons, eux-mêmes découpés en sous-quartiers tenus par des compagnies.

            Pour remédier à la sous-administration de l’Algérie et pour reprendre en mains la population, le gouvernement avait créé dans la plupart des arrondissements, des Sections Administratives Spécialisées, les fameuses SAS. Leurs limites ne recouvraient pas toujours celles des sous-quartiers, et c’était le cas de la SAS de Vieux Marché.

            L’ancienne commune mixte de la Soummam, qui englobait le douar des Béni Oughlis, territoire de la SAS, était immense, puisque pendant la pacification, pas moins de quatorze SAS avaient été créées sur cette ancienne circonscription.

Les Officiers des Affaires Algériennes, Chefs de SAS, avaient une position ambigüe, puisqu’ils relevaient tout à la fois de l’autorité militaire et de l’autorité civile. Leur nature était hybride et leur recrutement très hétéroclite.

Lors d’une réunion du 29/05/1959, le Délégué Général du Gouvernement en Algérie avait dit des officiers SAS : « ils sont naturellement hermaphrodites. »

Il y avait autant de cas de figure de SAS que de situations militaires concrètes, et que de relations professionnelles et personnelles entre officiers de Sous-Quartiers et officiers de SAS.

Une SAS, en tant que telle, avait de la peine à exister dans une zone non pacifiée, totalement contrôlée par l’armée, et c’était le cas de la SAS de Vieux Marché.

La doctrine militaire de la pacification

La pacification dans le douar des Beni Oughlis mettait en œuvre la doctrine de « La guerre moderne », le livre du colonel Trinquier

Avec d’autres colonels qui ont voulu tirer les enseignements des échecs de la France en Indochine, le colonel Trinquier a été un des théoriciens de  la guerre révolutionnaire ou contre-révolutionnaire en Algérie.

Au cœur de cette doctrine figurait l’adhésion, sinon le contrôle de la population. Mao Tsé Tung était passé par là.

Les SAS constituaient donc une des pièces importantes du dispositif stratégique.

Mais les fondements de cette analyse stratégique, la situation en Algérie, son histoire, les caractéristiques du théâtre d’opérations, la nature de nos adversaires, de leur combat…  l’ensemble des facteurs stratégiques de l’Algérie d’alors, n’était pas du tout le même que celui d’Indochine, alors, sorte d’avant-garde du communisme international de la Chine et de l’URSS, et la solution du problème ne pouvait donc pas être la même.

Au cours du stage d’application de Saint Maixent, les élèves avaient eu l’occasion d’écouter une des conférences d’un intellectuel à la mode dans l’armée, résolument anti- communiste, un dénommé Sauge, et le contenu de la pensée de ce conférencier avait fait bien rigoler la majorité des élèves.

Quelques dates pour situer le texte :

            1/11/1954 : début de l’insurrection algérienne

            1957 : bataille d’Alger

            4/06/1958 : de Gaulle  à Alger : « Je vous ai compris »

            23/10/1958 : de Gaulle propose la paix des braves

            27/31/08/1959 : tournée des popotes, de Gaulle déclare :

             «  Moi vivant, jamais le drapeau du FLN ne flottera sur l’Algérie »

            24/01/1960 – 1/02/1960 : semaine des barricades à Alger

            13/02/1960 : explosion de la première bombe atomique au Sahara.

            3/05/1960 2ème tournée des popotes de de Gaulle en Algérie : de Gaulle évoque l’idée d’une Algérie Algérienne liée à la FRANCE

            Bulletin Numéro 3

            De JP Renaud                   juin 1959

SAS de Vieux Marché

SP 86 623

            « La SAS où j’ai été parachuté n’a rien de commun avec la SAS capitonnée, amoureusement préparée dans certains couloirs du Palais par quelque Procureur ; elle ne ressemble pas non plus aux SAS en mal de réformateurs agraires grandis à l’ombre de quelque Parti. Oh ! Camarades, qu’est devenue la vertu ?

Je ferai donc part de mes impressions aux gens sérieux.

SAS accrochée dans le « djebel », surplombant la vallée de la Soummam, entre Sidi Aïch et Akbou. SAS recouvrant à peu près un Sous Quartier « réservé » aux Chasseurs Alpins de la Première Compagnie.

Aucune élite présente, aucune délégation spéciale, ni a fortiori aucune municipalité. Tous les gens bien sont en France, dans les villes d’Algérie, dans le djebel, ou bien, tout simplement morts, et ils sont nombreux.

Il n’y a pas d’opinion politique ou, plus justement, la politique menée dans le Sous Quartier ne tient pas à la voir s’exprimer ; pourquoi avoir des municipalités FLN puisqu’on lutte contre lui les armes à la main ? Attendons que, par un traitement approprié de la population, celle-ci soit mûre et nous donne la preuve de sa capacité française.

 La population de la SAS se trouve pratiquement dans un noman’s land, disputé par les deux partis. Moutonnière, apathique, ennemie souvent, mais ce qui est  plus grave, considérée comme telle par nous. Au point de vue militaire, des progrès ont été réalisés ; les rebelles et les terroristes se promènent constamment dans le Sous Quartier, mais il est rare qu’une katiba soit réunie pour opérer. Les gens sont las de la guerre, sans doute, mais je ne pense pas qu’une politique ait jamais été fondée sur la lassitude des gens. Le Kabyle, ou plutôt, la « Kabyle » rentre dans sa coquille et laisse passer l’orage. La troupe n’a aucune prise sur la population, sauf par force. La théorie en faveur, et c’est un bien grand mot, est qu’il faut mater la population, l’épurer. C’est ainsi que le stage en taule est considéré comme favorable à l’éducation et à la moralisation des « pensionnaires »

On distingue les villages qui se conduisent bien et ceux qui se conduisent mal. Ceux-là ont le droit de venir travailler aux aménagements du poste pendant un certain nombre de journées. Ces deux cas ne sont qu’une illustration d’une méthode plus ou moins consciente qui pense que la verge ou la contrainte peuvent reconquérir la population. L’idéal serait que le Kabyle prenne un coup de règle sur les doigts chaque fois qu’il agit mal envers nous. C’est un moyen comme un autre de lui montrer qu’il ne peut se passer de nous. Il n’y a plus d’échanges, le ravitaillement des populations est interdit ou accordé au compte-gouttes. C’est la misère ou le marché noir, le retour à des procédés archaïques pour fabriquer sucre, cafés, aliments. L’asphyxie économique est encore un moyen d’éducation politique et de lutte contre le ravitaillement des bandes rebelles, puisque après le poste, c’est la zone ouverte aux incursions des rebelles.

Pourtant, il y a de l’argent, les femmes perçoivent des allocations familiales, des mandats provenant de leurs maris émigrés en France, des pensions… beaucoup d’argent, mais pas d’échanges. Le minimum vital est encore amoindri par la présence de réfugiés, un tiers de la population a été évacué pour organiser une sorte de cordon sanitaire entre le rebelle et nous.

Dans ce climat politique, militaire, économique, la SAS n’a pas un rayonnement exceptionnel. Elle était enfermée, tout récemment encore, dans ses murs ; une antenne administrative dans des bâtiments provisoires à l’ombre de la Compagnie. Un Maghzen peu nombreux, de valeur inégale, qui tient plus d’un hospice pour gens en danger d’égorgement que d’une troupe combattante, tout est à faire pour son instruction. Une SAS kyste dans la circonscription, que les gens ne viennent fréquenter que par intérêt.

Trois sortes de travaux : le travail administratif, encore prédominant ; militaire (instruction du Maghzen), politique, des tournées de contact assez illusoires dans le cadre des sorties militaires, un chantier de piste rurale.

Ceci dit, le pays est très beau, très touristique, et l’habitat est intéressant.

Tant que les moyens nécessaires ne seront pas donnés pour couvrir la région de troupes, il est illusoire d’escompter le ralliement de la population. »

(1)  L’historien Antoine Prost faisait partie de cette promotion. Le bulletin a publié deux de ses lettres, dans le numéro 11, celle du 10 février 1960, et dans le numéro 12, une autre, à la date du 15 avril 1960.

Sauf erreur de ma part, les « Carnets d’Algérie » qu’il a publiés, n’ont fait état ni du bulletin, ni de ces deux lettres.

Humeur Tique : le mal-être des écolos français, la démocratie relative de la zone euro, l’hypocrisie des statistiques ethniques, la Chine au réveil, et enfin la Belgique et Madagascar !

Le mal-être des écolos français !

Tout au long de ces dernières années, un mouvement politique incapable de trouver des leaders  populaires, d’adopter un positionnement politique crédible, de mettre en œuvre une véritable action sur le terrain !

            Un parti qui vient de faire le choix d’une candidate improbable aux présidentielles. Tout comme Hulot, elle vient de débarquer, tardivement, dans le monde politique, et on ne construit pas un leader politique comme on instruit un dossier de justice !

            Il est possible de se poser la question du pourquoi de l’échec de l’écologie française, à la différence de l’allemande ?

Peut-être parce que les Français, encore trop liés à leur terre et à ses paysages, ne croient pas que l’écologie soit de gauche ou de droite. Ils auraient sans doute préféré que la cause de l’écologie soit prise en charge par une grande association d’utilité publique, source de propositions, d’actions et de réflexions.

            Et à titre d’exemple ! Un décret vient d’être signé en catimini par le gouvernement portant le tonnage maximum des poids lourds de 40 à 44 tonnes : avez-vous beaucoup entendu les écolos à ce sujet ?

 Alors que cette extension va être la cause d’un plus grand nombre de morts sur nos routes et d’une plus grande détérioration de nos routes de campagne que les poids lourds préfèrent souvent utiliser afin d’éviter le coût des autoroutes.

Zone euro et démocratie toute relative des 17 pays membres de la zone euro !

L’euro est en danger, la zone euro n’a pas de gouvernance, et chaque mois donne naissance à une nouvelle crise de l’euro, la dernière en date en pleines vacances d’été.

Avez-vous vu les parlements des différents pays mettre fin à leurs vacances afin de proposer un saut institutionnel dans la gouvernance de la zone euro ? Non !

Il y a le feu dans la maison euro, mais nos grands élus européens, des assemblées nationales et de l’assemblée de l’union, sont restés en vacances !

Statistiques ethniques et hypocrisie :

 L’élaboration de statistiques ethniques est, comme chacun sait un débat sensible, récurrent, et plein de tabous.

Récemment, quelques élus issus de ce qu’on appelle la diversité,  de retour d’un voyage aux Etats Unis, ont préconisé le recours à ce type de statistiques, et le président du Haut Conseil de l’Intégration s’est aussitôt déclaré opposé à ce type d’investigation.

On est en plein délire, en pleine hypocrisie, car quelques groupes de pression issus de la diversité réclament à la fois la place qui leur reviendrait dans la société française et ses institutions, et quelquefois, une visibilité qui serait invisible (comment faudrait-il faire ?), mais ils refusent en même temps  toute transparence sur la composition de la population  française.

Comment expliquer à des enfants de l’école primaire qu’il faut lutter contre les discriminations, sans jamais se donner le moyen d’évaluer s’il y a discrimination ou non ?

Comment ne pas rappeler au Président du Haut Conseil de l’Intégration, qu’on verrait mal, un chirurgien-dentiste de son état, soigner les dents de ses patients, sans procéder auparavant à leur diagnostic ?

Et pour nous réveiller un peu ?

Le réveil en fanfare des écoliers de la Chine ? Patriotisme, nationalisme, identité nationale, culture impériale, respect de la collectivité ?

            Chaque jour, les 240 millions d’écoliers chinois, vous avez bien lu, 240 millions, saluent le drapeau et chantent l’hymne national, avant d’entrer en classe.

            Il y là incontestablement de quoi susciter beaucoup de réflexions !

            Le langage guerrier de la fin de l’hymne a incontestablement une parenté avec notre Marseillaise : « A l’assaut, à l’assaut ».

Et pour nous rassurer ou nous attrister sur l’importance d’avoir ou non un gouvernement :

Une Belgique sans gouvernement depuis plus d’un an affiche une croissance insolente !

Madagascar, sans gouvernement élu et légal depuis plus de deux ans affiche une décroissance insolente !

Le film « Mes meilleures amies »

Le film en question avait fait l’objet de telles belles et bonnes critiques que le temps maussade d’un jour d’été m’a donné l’envie de sauter sur l’occasion d’aller voir cette comédie présentée comme « la meilleure comédie de l’été » par le Canard Enchaîné du 10 août..

Mille millions de sabords de tonnerre de Brest !

 A peine avais-je vu et supporté la moitié de ce spectacle « hilarant », que je n’ai pas pu résister à une envie contraire, celle de quitter le  » bord » de ce cinéma !

Je ferai donc un court commentaire :

Ce film, annoncé comme une comédie produite par Judd Apatow, avait été précédé par deux autres films intitulés, l’un « En cloque, mode d’emploi », et l’autre « 40 ans, toujours puceau »

J’ai donc compris que ma « cinéphilie » n’avait sans doute pas encore  perdu son pucelage !

Jean Pierre Renaud

« Françafrique, l’argent roi » LCP.AN (5/08/11) : Françafrique ou Africafrance?

« Françafrique

2ème Partie – L’argent roi »

Télévision LCP-AN du 5/08/2011

Un documentaire de Patrick Banquet

Françafrique ou Africafrance ?

            Incontestablement, un documentaire très intéressant et bien documenté sur la Françafrique.

            L’analyse montre bien que la scène a beaucoup changé entre la Françafrique des De Gaulle et Pompidou, qui n’a pas duré très longtemps, années 60-74, et celle qui lui a succédé, rongée de plus en plus par le «  fric »  du pétrole.

            Après la chute du mur de Berlin et la disparition de l’URSS, en 1989, l’évolution du commerce mondial, la montée en puissance de la Chine, très curieusement, un petit groupe de pression politico-économique a continué son petit jeu d’un soi-disant du « pré carré » français, complètement en dehors du grand jeu mondial.

            Quel contraste entre le poids économique plutôt faible des échanges entre l’ancienne Afrique française et la France, et le poids politique des restes du lobby de la Françafrique !

Les personnages du documentaire sont décrits de façon très vivante, et certains témoignages sont étonnants de sincérité, sinon de vérité.

Deux personnages dominent cette scène, le « papa » Bongo, un politicien très madré qui n’a rien à envier aux plus madrés de nos politiciens, et l’entremetteur secret Bourgi, l’éminence grise souvent dénoncée.

En ce qui concerne Bongo, il est possible de se demander si les témoignages ne lui font pas la réputation exagérée de « faiseur de roi » de notre belle République. Influence sûrement, mais toute puissance, telle que racontée, il y a là de quoi s’interroger.

En ce qui concerne Bourgi, le personnage est incontestablement intéressant, visage intelligent, propos carrés et clairs. Ne connaissant de l’avocat d’affaires que sa réputation sulfureuse, j’ai personnellement apprécié de le voir en chair et en os, car l’homme ne laisse pas indifférent.

« Fils spirituel » de Foccart, dont il réclame l’héritage, je ne suis pas sûr qu’il puisse le mériter, compte tenu de la façon dont il sait mélanger les genres, entre  les affaires de gros sous et la politique africaine de la France. On peut légitimement douter que son rôle soit de nature à rendre service à la clarté et à la grandeur de notre politique étrangère en Afrique : beaucoup trop d’ombre chez ce brillant entremetteur entre les mondes de l’argent et de la politique, comme il en a existé sous la plupart des régimes !

Je serais tenté de dire, qu’à plusieurs siècles de distance, il y a loin entre ce nouveau Père Joseph, et le Père Joseph, éminence grise de Richelieu, car le petit groupe de ses comparses oublie souvent que la France n’a plus la puissance «  relative » qu’elle avait au XVIIème siècle.

            A lire ou à écouter les témoignages des journalistes ou des spécialistes, est-on sûr qu’on n’en prête pas trop au personnage, car on voit sans doute à tort la main de Bourgi dans toutes les affaires qui font l’actualité africaine, qu’il s’agisse du Gabon, de la Côte d’Ivoire, ou de Madagascar.

            Le documentaire conclut sans doute justement sur une Françafrique moribonde, et sur le rôle tout à fait secondaire du Président de la République Française, devenu « le représentant attentionné des groupes industriels », mais il aurait été intéressant d’évoquer également l’autre facette de la Françafrique, quasiment son « inversion », bien réelle, dans sa dimension internationale (ONU), culturelle, intellectuelle, linguistique, humanitaire avec l’explosion des ONG, et la naissance de ce qui ressemble bien à une Africafrance, avec les flux migratoires importants qui sont venus d’Afrique à partir des années 90.

            Le documentaire met bien en lumière à cet égard le rôle parallèle de la franc-maçonnerie dans les relations franco-africaines, notamment celui de la Grande Loge Nationale. Le documentaire aurait pu aller plus loin encore dans son éclairage.

 Cette évocation rappelle les origines de la conquête coloniale qui a été très souvent le fruit d’une alliance sacrée entre le sabre, l’armée, et le goupillon, la franc-maçonnerie. Tout au long de la période coloniale, les franc-maçons ont été très actifs, souvent beaucoup plus que les chefs d’entreprise français.

            Telle que décrite, une Françafrique de la nostalgie d’une puissance passée pour un groupe de pression politico-économique restreint, alors que la plupart des Français ont toujours été beaucoup plus attirés par l’exotisme de l’Afrique que par les gros sous, auquel s’est ajouté de nos jours un humanitarisme vibrionnant.

            Je serais tenté de dire qu’aujourd’hui, l’Afrique noire a moins besoin d’assistance, d’aide au développement, de programmes alimentaires toujours renouvelés, donc de dépendance sollicitée et consentie, nourrie et entretenue par la corruption, que de courage pour affronter les réalités de ce continent, avec la mise en place d’institutions solides, issues d’une élection, d’Etats capables de faire prévaloir l’intérêt général de leurs pays.

Les propos de Cheick Modibo Diarra, Président de Microsoft Africa dans une interview du journal Les Echos (8,9/07/11) donnent clairement la voie qu’il faut suivre :

« L’Afrique souffre d’une absence totale de l’Etat …

La croissance doit être propre et transparente, avoir un vrai contenu social : aujourd’hui, 25% des ressources de l’Afrique sont détournés par la corruption…

Je pense que la communauté internationale, plutôt que de dépenser de l’argent pour la reconstruction de pays dévastés par des conflits électoraux, comme la Côte d’Ivoire, devrait financer en amont l’organisation d’élections transparentes. Elle a un droit d’ingérence pour que la Constitution et les règles du jeu soient appliquées. C’est à ce prix qu’on verra l’émergence d’une nouvelle génération de leaders en Afrique… »

Un message qui s’inscrit dans la suite de la déclaration  du Président Obama, qui, s’adressant à l’Afrique, avait souligné combien il était capital pour les pays de ce continent de se doter de véritables institutions d’état.

Et en ce qui concerne l’humanitarisme à la mode, et la place des ONG, je conseille aux lecteurs de lire dans le Monde du 12 août 2011, la dernière « Lettre d’Afrique, intitulée « Au bon cœur des peuples », de Jean-Philippe Rémy.

Sa lettre fait très justement le point sur la famine dans la corne de l’Afrique et sur la réaction du peuple du Kénya qui n’a pas attendu  le concours des institutions internationales pour pratiquer la solidarité:

« Kénians4Kénians n’a pas non plus la prétention de vouloir tout faire. Mais il faut avoir vu un pays comme celui-ci où les organismes humanitaires semblent parfois planter leurs drapeaux comme autant de conquêtes, pour comprendre la joie des Kényans à assurer eux-mêmes leur propre solidarité. »

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique : déontologie des journalistes, des députés, et des juges – désinformation ou incompétence sur la saison touristique

La déontologie des journalistes et des députés

Il est tout de même surprenant pour un citoyen qui se tient informé de l’état du monde, français, entre autres, de voir la signature d’un député sur un projet de loi dédié à la déontologie des journalistes, un député condamné en 2005 à 18 mois de prison et 30 000 euros d’amende pour prise illégale d’intérêt.

            Il n’y aurait donc pas de déontologie politique  au sein du grand parti qui gouverne actuellement la France ?

            Toute honte bue !

            La déontologie des juges et le football

         Les citoyens français qui s’intéressent au football, et ils sont nombreux, n’ont pas prêté d’attention particulière au déroulement des dernières affaires qui ont défrayé la chronique, il y a quelques semaines à propos de la binationalité.

            La commission de déontologie de la fédération du football français bénéficiait d’une coprésidence, et l’un des deux coprésidents, un magistrat qui s’était illustré dans le passé, dans les années Chirac, en 1996, par le déplacement d’un hélicoptère dans l’Himalaya.

Sur ordre de Toubon, Garde des Sceaux, et pour calmer le jeu judiciaire dans une affaire Tibéri, il était nécessaire d’aller  y repêcher un procureur mieux disposé que son remplaçant.

Toute honte bue !

            Désinformation, négligence, ou incompétence de certains journalistes sur l’évolution de la saison touristique en France ?

         Combien de fois avons-nous entendu des journalistes des chaines publiques de télévision se faire l’écho, ces dernières semaines, de la triste évolution de la saison touristique ? « 3 millions de nuitées perdues » par rapport  à l’année 2010, sans jamais mettre ce chiffre en rapport avec le potentiel de lits de l’hébergement marchand offert, c’est-à-dire un total de l’ordre de 5 millions 800, soit  beaucoup plus en unités de mesure de la nuitée, laquelle correspond à une nuit par client, soit 5,8 millions multiplié par x clients et y jours de l’année. !

Plus sérieusement, le 6 août 2011,  le Monde titrait un article :

 «  En France, le bilan touristique estival à la mi-saison est au beau fixe malgré une météo très médiocre.

La fréquentation des hôtels croît de 2% par rapport à 2010… »

Le Journal Le Monde, La République Malgache et la fable de la tortue!

Un fidèle lecteur du journal Le Monde n’aura pas appris beaucoup de choses, et c’est sans doute une litote, depuis février 2009, sur la situation politique de la grande île dirigée, depuis plus de deux ans, par un président venu au pouvoir à la suite d’un coup d’état.

            Les printemps arabes ont eu incontestablement plus de succès !

            L’écho paru dans le Monde du 30 juillet 2011, intitulé « Trafics de tortues à Madagascar » (12 lignes dans la sixième colonne de la page 6 « Planète ») est tout à fait à la mesure de l’intérêt que porte ce grand journal à l’évolution de la situation politique malgache, et à sa démocratie.

            Cet écho informe les lecteurs de l’arrestation à Tananarive de « deux hommes qui tentaient de faire sortir du pays 196 tortues appartenant à des espèces parmi les plus rares au monde. » ; de la même façon que les informations, aussi rares, et dans ce même journal, sur l’évolution politique de ce pays ?

Plus de deux ans déjà, sans élection ! Un processus tortueux ou de tortue ?

Et pour couronner le «  tout informatif », dans le Monde Magazine du même jour, à la page 62 de la piquante BD « De Gaulle à Londres » La recrue :

Dans une des bulles :

«  Les jules dans ton genre je les suivrai jusqu’à Tananarive » !

Fermez le ban !

Jean Pierre Renaud

Une zone Euro et une Europe à la dérive: Européens, réveillez-vous! Réunissez une « assemblée constituante » de la zone euro!

 Nul besoin d’être un politicien expérimenté pour faire le constat de l’impuissance des dirigeants et des élus actuels de notre belle Europe à inventer des solutions nouvelles pour sortir les institutions européennes de leur marais.

            Un simple constat : la grave carence de gouvernance dans l’état actuel de ces institutions, et tout d’abord celle de la gouvernance de la zone euro !

Il est tout de même surprenant, sinon consternant, de lire une tribune du Président du Conseil Européen, dont l’intitulé était :

 « Nous vivons une crise non pas de la zone euro mais de l’endettement public » (Le Monde du 3/08/11, page 14).

A lire en effet ce texte, l’endettement public ne devrait donc pas figurer dans les colonnes de l’actif et du passif de la zone euro ?

On voit bien que la gouvernance de la zone euro est le problème à régler de façon très urgente, mais curieusement, on entend peu les responsables politiques et leurs instances dirigeantes proposer le saut institutionnel pourtant nécessaire.

Et l’Assemblée de l’Union est étrangement absente ce débat capital.

Aux responsables de nommer un pilote dans l’avion européen et de lui donner les instruments de navigation nécessaires à un vol enfin sécurisé.

Jean Pierre Renaud