« Dette, déficit : la Banque de France sonne l’alarme »

Le Figaro Economie 11 mai 2022

« … Car selon l’institution, une hausse de 1% des taux d’intérêt coûtera, à long terme, 40 milliards par an aux caisses de  l’Etat…)

            Mon doctorat de sciences économiques est bien loin, mais cela fait des années que je prête une grande attention à la situation de nos finances publiques et à notre situation économique et financière : à plusieurs reprises, j’ai souligné le danger « vital » que constituait notre intoxication aux emprunts internationaux, quel que soit le talent des gestionnaires.

            Je me pose bien sûr la question, sans être le seul, du rôle qu’a joué la Banque de France dans cette dégradation, en fermant les yeux, notamment en période électorale, avec des « chèques » sans provision…

            Je me pose la même question sur le « bitcoin », un sujet que le Gouverneur de la Banque de France semble minimiser, comme s’il pouvait « apprivoiser » une mauvaise monnaie qui chasse la bonne, voir Gresham…

La France continue à emprunter  des chemins dangereux et mortels.

            A quoi peuvent bien servir les banques centrales de l’Union ?

            Jean Pierre Renaud      Tous droits réservés

Les Elections Présidentielles 2017 et l’Indépendance de la Justice ?

Les Elections Présidentielles 2017 et l’Indépendance de la Justice ?

Sous la responsabilité du Parquet, maître de l’Action Publique

Il s’agit d’un des sujets majeurs des institutions républicaines que tous les gouvernements qui ont défilé depuis 1958 n’ont jamais eu le courage de traiter au fond.

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L’affaire Fillon vient de rebondir avec Mme Houlette, sous la houlette de la Justice : de quelle Justice s’agissait-il, et s’agit-il encore de nos jours ?

A maintes reprises, j’ai traité du sujet sur ce blog, et notamment à l’occasion de l’affaire en question.

            Le 25 janvier 2017, le Canard Enchaîné lance son scoop, et la chasse au candidat est lancée.

            Le même jour, le Parquet National Financier déclenche une enquête préliminaire. Le 7 février 2017, le journal Le Monde semblait disposer des informations figurant sur les procès-verbaux d’enquête de la police et se mettait de la partie.

            Le 2 février 2017, je posais la question de la séparation des pouvoirs mise en cause dans le cas du processus des primaires présidentielles organisées par les partis politiques : la Justice avait-elle le pouvoir de remettre en cause un tel processus démocratique ?

            Le 24 février 2017, le même Parquet National Financier ouvrait une information judiciaire : on connait la suite, mais l’affaire Fillon vient de rebondir.

Le 28 février 2017, je publiais une autre chronique intitulée :

« L’affaire Fillon sous la houlette de la justice. De quelle houlette s’agit-il ? »

« … la question de l’indépendance de la justice se pose effectivement. A charge ou à décharge ? … »

            Le 28 mars 2017, je revenais sur le sujet en écrivant « Fin de partie … » pour le journal le Monde, le quotidien que je lisais depuis mes études, que je laissais tomber une bonne fois pour toutes.

            Ce journal publiait des informations puisées aux meilleures sources judiciaires ou policières, faisait fi du secret de l’instruction sous le prétexte du « secret des sources », en lançant ses deux détectives infatigables D et D sur la piste Fillon, opérant « un véritable hold-up sur les élections présidentielles 2017 ».

       A partir du moment où le Parquet est placé sous les ordres d’un ministre, c’est-à-dire de l’Exécutif, il est possible de finasser, de distinguer entre directives générales et directives dans un cas particulier, mais l’affaire Houlette vient une fois de plus mettre en évidence une liaison hiérarchique qui annihile toute indépendance du Parquet : certains pays étrangers ont raison de constater que notre Parquet ne constitue pas un pouvoir judiciaire.

            Pendant les longues années que j’ai passées au contact des institutions locales puis parisiennes, j’ai pu observer le fonctionnement des pouvoirs et de la relation tout à fait particulière existant entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire, notamment à Paris, entre Procureur, Préfet de Police, avec la Police Judiciaire et le ministre de l’Intérieur.

    Tant que le Parquet relèvera hiérarchiquement de l’Exécutif, l’indépendance de la Justice n’existera pas, en ajoutant qu’une fois indépendante, elle n’en restera encore pas moins soumise aux faiblesses humaines.

Jean Pierre Renaud

La générosité des Français et des Françaises – La déduction des 66% d’impôt, un véritable business pour les agences de Com; – Un scandale

La générosité des Français et des Françaises

La déduction de 66 % d’impôt, un véritable business pour les agences de Com’

Un scandale !

            Ils sont nombreux dans notre pays les citoyens ou les citoyennes, compte tenu du croisement licite ou illicite des fichiers des donateurs, ou de l’exploitation des annuaires, à recevoir, en cours d’année, mais surtout en fin d’année, et en cascade, des courriers qui sollicitent leur générosité. 

         En ce qui me concerne, et alors que je ne suis pas imposable à la fortune,j’ai reçu en fin d’année dernière plus d’une cinquantaine de courriers avec timbres illustrés avec nom et adresse, photos en couleurs de fleurs ou de paysages, plaquettes, journaux, calendriers, ou stylos…

          La Fondation de France elle-même ne donne pas véritablement le bon exemple à ce sujet.

          A la rentrée de septembre, la valse des courriers est en pleine reprise.

        On vous sollicite pour toutes sortes de causes fondées ou non, en faisant bien sûr valoir que vos dons ne vous coûteront pas grand-chose, compte tenu de la déduction fiscale généreuse de 66%.

        Il peut s’agir tout autant d’aider des associations d’handicapés, l’enfance en danger, la protection des sans-abris, que des associations d’aide à l’élevage des chèvres au Bénin, ou à la protection des éléphants en Afrique.

       A l’ombre de ces appels à la générosité, les boites de com’ font leur miel en proposant leur prêt à porter, textes, illustrations, objets, avec envoi, rappel, encaissement des dons…

        En 2017, le ministère des Finances  a chiffré le coût des 66% à 1 milliard 400 millions d’euros, ce qui représente en gros, et sur la base d’un coût indicatif moyen de 10% à 20%, selon les bénéficiaires vertueux ou non, une manne de 140 à 280 millions d’euros pour les agences de com’.

        Pas mal, non ?

       Il conviendrait donc de mettre fin à cette gabegie de fonds publics, de ne pas agréer n’importe quoi, de contrôler les dépenses en fixant des plafonds de coûts de gestion et de communication,  ce qui ne parait pas être encore le cas.

         Il convient en effet de garantir que la générosité des Français et des Françaises est bien placée, c’est-à-dire qu’elle n’aille pas aider à financer des associations ou fondations du type de celle dont le titre est « Elevages sans frontière », avec une carte photo de deux belles chèvres. 

          Comment ne pas en souligner aussi certains effets pervers quant au rôle de certaines ONG sur deux plans ?

  • Leur humanité affichée sur les réseaux sociaux constitue à l’évidence un facteur d’appel d’air pour des flux de migrants, justifiés ou non.
  • L’efficacité de certaines ONG dans le domaine médical ou paramédical constitue un encouragement pour une partie des élites médicales des pays aidés de venir s’installer en Europe, au détriment de la santé publique de leurs pays.

         L’actualité récente a accordé une juste place aux propositions Borloo pour réussir la réintégration des quartiers sensibles dans la République Française, et c’est bien, mais les citoyens informés ne peuvent que constater qu’il existe une contradiction politique fondamentale et typiquement française, à savoir une générosité internationale pour l’aide au développement ou pour des interventions militaires au Sahel ou ailleurs, et la négligence dont souffrent beaucoup de nos territoires urbains ou ruraux délaissés.

         Jean Pierre Renaud

        Post Scriptum : à titre documentaire, nous venons de recevoir  un appel de fonds d’une fondation de recherche.

    Le contenu : lettres, plus une pochette en carton contenant un stylo couleurs, 12 timbres en notre nom, plus 18 timbres de relations sociales, avec 10 feuillets décorés, un agenda des dates de vie, 3 belles cartes en couleurs avec enveloppes. Fin d’inventaire.

La suppression de la taxe d’habitation: sans réforme d’ensemble des finances locales, une décision démagogique!

  Les lecteurs savent déjà ce que je pense de cette mauvaise décision, avec toutes les réserves qu’elle soulève quant à la liberté des collectivités locales, son calendrier de mise en œuvre, le risque qu’elle fait peser sur l’équilibre des finances locales, compte tenu du fait que c’est l’État qui va décider d’ouvrir ou de fermer le robinet de la « compensation », en cas de coup de Trafalgar sur les marchés financiers et donc sur la dette publique, alors qu’elle représente pas loin de 100% du PIB.

            A voir les mises au point successives du gouvernement, le flottement politique et technique qu’elle suscite au fur et à mesure de son échéance, on voit bien qu’il s’agit d’une mesure mal étudiée.

            Que penser alors d’un propos tenu par le maire actuel de Nice, ancien ministre ?

            « Comment un maire peut-il dire à ses administrés : « Surtout, je veux que vous continuiez à payer la taxe d’habitation » ?

             Ces élus de droite qui défendent la politique territoriale de Macron » Le Figaro du 29 juin 2018, page 8.

            Un seul commentaire : la France a effectivement du souci à se faire, un de plus, à voir la pertinence d’un tel jugement !

            Il a beau avoir été un champion du monde de moto !

             Jean Pierre Renaud

« Responsabilité plurielle » ? Qu’est- ce à dire ? Pour DIX MILLIARDS d’Euros ?

« Responsabilité plurielle » ?

Qu’est-ce à dire ?

Connerie financière et politique à 10 milliards d’euros face à une « responsabilité plurielle » ?

L’immunité de la citadelle de Bercy ?

            Dans le plus bel establishment politico-administratif français, celui de nos finances publiques, personne n’est responsable, et encore moins coupable ! Une citadelle intouchable !

            Dans le passé, il y eut avec le sang contaminé, le concept d’une responsabilité politique non coupable.

            De nos jours, une autre innovation  vaut le détour, la « responsabilité plurielle », dixit l’Inspection Générale des Finances, un des fleurons de notre système politico-administratif, un de nos grands corps de l’Etat qui s’honore de compter dans ses rangs le Président de la République actuel.

            Dans son rapport, l’Inspection Générale des Finances concluait :

           « Les responsabilités sont plurielles dans les sphères administratives, gouvernementales, parlementaires ».

             S’agirait-il d’un nouvel épisode de l’entreprise de moralisation politique en cours ?

Jean Pierre Renaud

L’ancienne Afrique Occidentale Française: « Les embrouilles de la mathématique postcoloniale » -thèse Huillery

LES EMBROUILLES DE LA MATHEMATIQUE POSTCOLONIALE 

« HISTOIRE COLONIALE, DEVELOPPEMENT ET INEGALITES DANS L’ANCIENNE AFRIQUE OCCIDENTALE FRANCAISE »

Thèse de Mme Elise Huillery

Sous la direction de Denis Cogneau et de Thomas Piketty

Autres membres du jury : MM Esther Duflo, MM Jean Marie Baland, Gilles Postel-Vinay,  et Pierre Jacquet

27 novembre 2008

Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales

Rappel de publication des notes précédentes : annonce de publication, le 10 juillet 2014 – avant- propos, le 27 septembre 2014 – Chapitre 1, les 10 et 11 octobre 2014 – Chapitre 3, le 5 novembre 2014 – Chapitre 4, le 6 novembre 2014

Chapitre 2, les 2 et 3  décembre 2014

Notes de lecture critique

VII

Les Embrouilles de la mathématique postcoloniale

Conclusions générales  

S’agit-il d’histoire coloniale économique et financière ?

Une double occasion manquée ! ou triple peut être !

            La thèse de Mme Huillery a été examinée en 2008 par un jury qui comprenait notamment deux économistes de grande notoriété,  Mme Duflo et  M.Piketty.

            Cette thèse avait l’ambition de dire la vérité historique sur la nature des relations économiques et financières entretenues entre la France et l’AOF pendant la période coloniale 1898- 1957, avec les deux conclusions principales ci-après :

–       La France a très faiblement contribué financièrement au développement de l’AOF, le colonisateur blanc ayant été le fardeau de l’AOF, « le fardeau de l’homme noir », et non l’inverse.

–       la politique coloniale des investissements effectués dans les districts (les cercles), entre 1910 et 1928, est la cause des inégalités de développement constatées  en 1995.

          Dans le journal Libération du 2 décembre 2008, Mme Duflo, avait donné le « la » de cette thèse, en déclarant notamment, sous le titre :

              « Le fardeau de l’homme blanc ? »

           « Personne (y compris l’historien qui fait autorité sur la question, Jacques Marseille, dont la thèse avait popularisé l’idée que la colonisation avait été « une mauvaise affaire pour la France) n’avait pris la peine d’éplucher en détail les budgets locaux « 

          Dans le journal Le Monde du 27 mai 2014, et à l’occasion de la remise prestigieuse du Prix du meilleur jeune économiste 2014, Mme Huillery s’est exprimée sous le titre :

            « La France  a été le fardeau de l’homme noir et non l’inverse »

            Et dans le corps des « Propos recueillis par A. De Tricornot. », Mme Huillery vise notamment le cas de l’AOF.

              Cette phrase claque au vent comme un slogan, d’autant plus qu’elle s’inscrit, pour les initiés, dans l’héritage d’un des hérauts du « colonialisme » anglais, Rudyard Kipling, et de tous les autres « hérauts » du grand combat de la « civilisation », telle qu’ils l’imaginaient.

       Comme je l’ai déjà indiqué, les lectures et recherches que j’ai effectuées depuis une dizaine d’années sur l’histoire coloniale et postcoloniale m’ont fait maintes fois regretter que les chercheurs de cette branche de l’histoire n’attachent pas une importance suffisante aux outils statistiques, économiques et financiers  nécessaires à l’évaluation historique des faits ou événements décrits, et à leur cadrage.

      L’histoire coloniale et postcoloniale française souffre d’une sorte de carence des recherches relatives à son histoire économique et financière, alors qu’en tant que telle, et de toute façon, elle n’a jamais occupé une bien grande place dans les universités françaises.

          J’ai donc abordé la lecture et  l’analyse de cette thèse avec beaucoup d’intérêt et de curiosité, mais après l’avoir décortiquée, la démonstration Huillery ne m’a pas convaincu, et je m’en suis expliqué longuement dans les notes de lecture critique que j’ai publiées sur ce blog.

Résumons mes conclusions générales :

        Alors que cette thèse est le résultat d’un important travail de collecte de données analysées avec une grande sophistication des outils utilisés, et en dépit d’une rédaction trop souvent polémique, pourquoi la démonstration proposée ne parait-elle pas pertinente ?

        Chapitre 1 : Où sont passés les comptes extérieurs de l’AOF ?

       Le chapitre 1 brosse le portrait, un brin polémique, de la « littérature » qui existerait sur le bilan économique de la colonisation, une littérature qu’elle juge très insuffisante, fusse celle de l’historien Jacques Marseille !

      La critique principale qui mérite d’être faite sur le contenu de ce chapitre est celle d’une absence d’analyse des comptes extérieurs de l’AOF, une analyse qui aurait pu nous convaincre que dans le cas précisément de l’AOF la thèse Marseille n’était ni fondée, ni vérifiée.

       La consultation de quelques sources historiques d’information nous laisse à penser que le raisonnement historique de Jacques Marseille sur la couverture des comptes extérieurs de l’AOF par des fonds métropolitains publics ou privés pourrait être vérifié également dans le cas de l’AOF.

       Il s’agit là d’une impasse historique d’autant plus surprenante que les données statistiques du commerce extérieur de l’AOF étaient plus facilement accessibles que beaucoup d’autres données recherchées dans des documents de l’époque, notamment ceux tirés des cent-vingt cercles de l’AOF, entre les années 1910-1928, des cercles qui n’avaient généralement pas de base « bureaucratique » stable, encore moins au- delà des côtes africaines.

         Les chercheurs qui ont eu l’occasion de fréquenter l’histoire factuelle des cercles de l’hinterland ont pu le vérifier.

     Chapitres 3 et 4 : des corrélations calculées sur des bases fragiles et avec de grands « trous noirs » (1928 à 1995) !

        Les chapitres 3 et 4, dont l’ambition est de vérifier

      I – qu’il existe bien, pour le chapitre 3,  une corrélation statistique entre les investissements « inégaux » effectués entre 1910 et 1928 dans les cent-vingt cercles de l’AOF, dans la santé, l’éducation, et les travaux publics recensés dans les mêmes cercles et les résultats de modernité recensés dans les mêmes cercles en 1995, parait d’autant moins pertinente, qu’outre la fragilité des sources que constituent ces bases, les calculs de corrélation font l’impasse sur le trou noir relevé par le directeur de cette thèse, entre 1960 et 1995, mais tout autant sur l’autre trou noir de la période 1928-1960.

         II – que le même type de corrélation peut fonctionner entre la base du settlment européen recensé au début du vingtième siècle et le développement des « current performances de tel ou tel cercle, plus de soixante ans après :

       « My central finding is that European settlment remains a positive determinant of current performances » (p,182)

       Au titre des facteurs de cette corrélation, l’auteure fait apparaître le facteur hostility mesurée dans les cercles sur la période 1910-1960, un concept flou et très difficile à définir et à saisir, tout au long d’une période qui va de 1910 à 1960, donc une sorte d’exploit statistique, encore plus dans ce type de territoire.

       Comment expliquer par ailleurs les impasses qui sont faites sur le Sénégal et sur le Bénin, l’ancien Dahomey ?

     Nous avons exprimé un grand scepticisme sur ce type de corrélation pour un ensemble de raisons que nous avons exposées, ne serait-ce que le très faible poids démographique des Européens au cours de la période étudiée.

        Une des questions centrales que  pose ce type d’analyse touche à la définition du capitalisme colonial, tel qu’il a fonctionné en AOF, un capitalisme qui, nécessairement ne pouvait que rayonner à partir des côtes et des nouvelles voies de communication créées, et qui par nature ne pouvait qu’être inégal dans son résultat.

      Le chapitre 2 a fait l’objet de toute notre attention, étant donné que son objectif était de mesurer l’effort financier que la France avait consenti pour l’équipement et le développement de l’AOF, et qu’au résultat, cette thèse concluait au montant négligeable de l’aide financière publique, celle du « contribuable », accordée à l’AOF, et à l’inversion de la formule sur le fardeau de l’homme blanc, ce dernier ayant été en définitive, et après calcul, le fardeau de l’homme noir.

     Ce chapitre a fait l’objet de nombreuses critiques, questions, ou objections, la principale ayant un double caractère, une analyse à la fois en dehors de l’histoire et dans un champ anachronique.

      En dehors de l’histoire ? Il n’est pas pertinent d’analyser le cours et le contenu des relations économiques et financières entre la métropole et l’AOF en faisant l’impasse sur les ruptures des deux guerres mondiales et sur la rupture institutionnelle qu’a constitué la création, en 1946, du FIDES, mettant un terme au principe de la loi du 13 avril 1900, d’après lequel les colonies avaient l’obligation de financer elles-mêmes leur fonctionnement et équipement.

     Dans un champ anachronique ? Nous avons vu par quel tour de passe- passe historique cette analyse avait fait passer l’aide financière de la France de plus de 700 millions de francs 1914 à moins de 50 millions de francs 1914, sans d’ailleurs que la totalité des données chiffrées soit vérifiée.

      La justification qu’en donne l’auteure mérite d’être citée in extenso :

     « En effet en général, un prêt ou une avance ne sont pas considérés comme de l’aide publique, sauf s’ils comportent certaines conditions financières avantageuses mesurant son degré de « concessionnalité » : le concept de « concessionnalité » a été initialement introduit en 1969 par le Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE. Il impliquait un « élément don » minimum de 25 pourcent. L’élément don est égal à la part de don incluse dans le prêt exprimée en pourcentage de sa valeur faciale, le don étant la différence entre la valeur faciale d’un prêt, calculée sur la base d’un taux d’actualisation constant de 10 pourcent, et sa valeur actuelle nette, calculée sur la base d’un taux concessionnel accordé en réalité par le prêteur. Cette définition est toujours utilisée par les institutions internationales pour calculer l’aide publique au développement. Pour calculer l’aide effectivement apportée par la France, nous allons donc utiliser cette définition, bien qu’elle soit postérieure à la période coloniale. «  (page 91)

       Il est évident que cette méthode de calcul est tout à fait anachronique, outre le fait, comme nous l’avons vu, qu’elle est fondée sur une analyse de concepts financiers non pertinents, un contresens en matière d’emprunt pour la période 1898-1939, une interprétation ambiguë des avances du FIDES, postérieure à 1945, et sur une impasse des données postérieures à 1957, pour la période encore coloniale des années 1957-1960.

     En résumé, je ne suis pas convaincu que le luxe de cette mathématique postcoloniale permette de bien mesurer le « poids » du fardeau de l’homme blanc ou noir.

      Cette thèse fait par ailleurs une autre sorte d’impasse sur un certain nombre d’acquis que la colonisation a tout de même apporté à l’AOF :

     – une paix civile qui se substitua très souvent aux guerres traditionnelles qui troublaient la vie de ces territoires,

   – l’introduction d’une nouvelle forme d’Etat moderne, un système juridique et judiciaire cohérent, quoiqu’on puisse en dire, et même s’il fut à la fois égalitaire et discriminatoire avec le Code de l’Indigénat, avec beaucoup de jalons de vie commune et de conscience collective, au niveau de chacune des colonies devenues des Etats indépendants en 1960,

     – l’introduction d’un système monétaire et financier moderne articulé sur une organisation internationale, un instrument monétaire d’échange commun dans toute la Fédération qui eut d’ailleurs du mal à s’imposer, face à celui traditionnel des cauris ou de la monnaie anglaise,

      – l’introduction d’une langue de communication régionale qui n’existait pas, et enfin sur l’évolution de la démographie tout au long de la colonisation, évidemment plus favorable dans les zones des pôles de développement, c’est à dire sur les côtes à présent ouvertes sur le grand large.

&

Pourquoi ce regret d’une double occasion manquée, pour l’exemple ?

     Une première occasion manquée pour l’exemple pédagogique, celle de voir la jeune et nouvelle Ecole d’Economie de Paris, promouvoir une lecture quantitative modernisée de notre histoire coloniale, des relations économiques et financières ayant existé entre la métropole et les colonies, tout au long de la période coloniale, ce qui n’a pas été le cas !

     Une deuxième occasion manquée sur le terrain même des thèses de doctorat portant sur l’histoire coloniale ou postcoloniale, et de leur « intérêt scientifique », réel, supposé et vérifié par le jury de thèse. Il aurait été très intéressant d’avoir accès au rapport ou aux rapports qui ont pu être communiqués au jury, à l’avis lui-même de ce jury, afin de savoir si le jury, dans son ensemble, avait entériné le contenu de cette thèse, en tout ou en partie. (Arrêtés des années 1992 et 2006)

     Je me suis déjà exprimé sur ce sujet sensible à plusieurs reprises, en arguant de l’argument principal d’après lequel la soutenance publique était un vain mot, étant donné qu’il n’en restait aucune trace publique, susceptible d’éclairer la position qu’avait prise un jury sur telle ou telle thèse.

      Sur ce blog, et le 11 janvier 2010, j’ai déjà traité ces questions et fait référence, dans un post-scriptum, à la thèse Huillery,  que je venais de lire une première fois.

    Avec une troisième occasion manquée sur le bilinguisme de cette thèse rédigée moitié dans la langue « colonialiste » française et moitié dans la langue « colonialiste » anglaise !

     Je ne sais pas si la législation des thèses de doctorat soutenues dans l’Université Française, autorise le bilinguisme, mais dans le cas d’espèce, et compte tenu d’un des objectifs de cette thèse, convaincre les Africains de l’Ouest que la colonisation française a été le fardeau de l’homme noir et non l’inverse, je cite le texte de la page 120 :

      « Nombreux sont encore les habitants des Etats de l’ancienne Afrique Occidentale Française qui pensent devoir à la France leurs écoles et leurs routes, leurs hôpitaux et leurs chemins de fer. Puisse ce travail leur permettre de réaliser que ce sont leurs propres ressources, financières et humaines, qui ont permis la réalisation de la quasi-totalité de ces équipements. Puissent-ils également réaliser que la colonisation leur a fait supporter le coût d’un personnel français aux salaires disproportionnés et de services publics chers et mal adaptés . Le bilan économique de la colonisation pour les anciennes colonies est impossible à établir par manque de contrefactuel, mais il ne fait pas beaucoup de doute qu’il soit négatif étant donné la nullité de ses gains. »

      Pourquoi ne pas avoir opté pour une autre rédaction bilingue, le français « colonialiste », et au choix, une des langues de cette région d’Afrique, le fula, le wolof, le malinke, le bambara, pour ne pas citer toutes les autres chères aux anthropologues africains ou européens, férus en sciences ethniques ou non ethniques, une rédaction bilingue qui aurait au moins permis à une partie d’entre eux d’avoir accès à ces « Embrouilles de la mathématique postcoloniale » ?

        Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

Humeur Tique: une ligne Maginot pour l’Europe?

 « l’OCDE réclame une ligne Maginot de 1 000 milliards pour la zone euro »

Journal Les Echos du 28 mars 2012, page 7

Donc en « Echo historique » à la célèbre ligne fortifiée qui n’a servi à rien pour la défense de la France en 1939 ?

Curieux titre en effet pour l’article d’un journal économique et financier d’habitude plus sérieux !

Manque de culture de la rédaction ou de l’auteur de l’article ?

Ou enfin, et plus sérieusement, jugement économique et financier sur l’inutilité d’un fonds de solidarité européen doté de seulement 1 000 milliards d’euros?

Humeur Tique : JC Trichet, ministre de l’Economie et des Finances, un professionnel remplace un amateur !

  Le scoop que les citoyens sérieux attendent : la nomination de M.Trichet comme ministre de l’Economie et des Finances de la France.

            Il va être disponible dans quelques semaines et le pays a besoin d’un vrai professionnel pour redresser nos finances publiques.

Humeur Tique : le budget 2012 des Pompes Funèbres ? Et un nouveau gazage de Borloo ?

      Le budget 2012 de la France

Sur France 2, au journal du soir du 28 septembre, le ministre de l’économie et des finances de France présente brièvement le budget 2012 de la France : tout en noir, revêtu d’un costume noir, cravate noire sur chemise blanche, dans une tenue digne des Pompes Funèbres.

            La situation du pays est-elle aussi grave que cela ?

            Et un nouveau gazage de Borloo !

Après avoir fait le plein com. d’une candidature tant espérée des Français, le candidat vient de renoncer.

            Tant de bruit plein com. pour ça !

Argent public et argent privé : EDF et les ONG

  Le cas d’EDF : pourquoi ne pas classer la situation des salariés d’EDF, et de leur Comité d’Entreprise dans la catégorie des privilèges de classe ? Au titre du concept fétiche des théories marxistes ?

On sait que les salariés d’EDF bénéficient d’un tarif d’électricité préférentiel, de l’ordre de 10% à 15% du tarif commun, sauf erreur, et donc d’une subvention permanente de la part des autres citoyens français consommateurs d’électricité.

Est-ce qu’EDF ne devrait pas communiquer aux Français le coût de cette subvention cachée ?

On sait également que le Comité d’entreprise d’EDF bat tous les records de financement privé et public, étant donné qu’il perçoit 1% du chiffre d’affaires de la société, soit de l’ordre du demi-milliard d’euros.

Ne s’agit-il pas d’un autre privilège de classe, étant donné que ce sont les citoyens, à côté des entreprises, qui assurent ce budget confortable à ce Comité d’Entreprise ? Un Comité dont les dirigeants ont été épinglés récemment pour leur mauvaise gestion !

Les ONG, leur financement, les déductions fiscales de 66% du montant des versements, le train de vie « plein com » de certaines ONG :

Quant à l’utilité de beaucoup d’ONG, rien à dire !

 Mais pourquoi ne pas mettre en cause certaines d’entre elles pour leur politique dispendieuse du tout « plein com », et  donc à l’arrière-plan, le système de déduction fiscale dont elles bénéficient.

En 2009, le montant total de la contribution du budget de l’Etat, au titre de cette déduction fiscale, mais donc au titre des citoyens et des entreprises contribuables, a été de l’ordre de 1,300 milliard d’euros, les mêmes s’acquittant de leur côté de dons d’un montant de 670 millions d’euros.

Les montants sont donc importants, et leurs mouvements traduisent  plusieurs types de transferts entre contribuables français sur lesquels nous ne nous attarderons pas, étant donné que notre attention porte sur les budgets que certaines ONG consacrent à leur communication, souvent abusive, et d’autant plus abusive que ce sont les citoyens qui alimentent en définitive les chiffres d’affaires des agences de communication.

Beaucoup de citoyens « donateurs » ont l’expérience quotidienne des courriers, des journaux, des timbres, des enveloppes, et donc de la pub, pour l’une ou l’autre de ces ONG, une pub qui coûte évidemment cher.

Le Parlement serait donc bien inspiré de fixer le pourcentage de budget de leurs frais généraux, mais aussi de communication, qu’elles ne devraient pas dépasser pour continuer à bénéficier des déductions fiscales.

Jean Pierre Renaud