France 2005 et France 2018 ? Les « choses » ont-elles changé ?

Extrait de mes archives personnelles à titre exceptionnel :

Jean Pierre Renaud                                  Le 17 août 2005

A Monsieur Méhaignerie

Président de la Commission des Finances à l’Assemblée Nationale

Copie au journal Le Parisien et à François Bayrou

Référence : vos interventions publiques sur la chiraquie et la politique du gouvernement, notamment votre interview dans le Parisien du 16 juillet

         Monsieur le Président,

         J’ai partagé un de vos moments politiques, lorsqu’au CDP, dans les années 1972 et 1973, je collaborais à la rédaction de dossiers politiques pour les élections législatives de 1973. Centriste de cœur et d’idées, j’ai quitté la barque parce que je la trouvais trop amarrée au bateau Chirac.

         Il vous a donc fallu plus de trente ans pour découvrir la chiraquie !

         Je voudrais que vous m’indiquiez de quoi vous pouvez être politiquement fier, à la fois dans votre propre bilan national et dans celui de Chirac que vous avez toujours soutenu en fidèle « supplétif » politique.

Alors que la France n’a jamais été dans un aussi mauvais état ! Endettement public et social catastrophique ! Déficit extérieur record ! Coupure profonde entre le pays légal, dont vous êtes un éminent et fidèle représentant, et le pays réel. D’abord la funeste cohabitation que Chirac a entretenue jusqu’au bout, alors qu’il s’est toujours prétendu l’héritier du général ! Ensuite, et avec Raffarin, le gouvernement du bla-bla. Une représentation nationale discréditée, mais qui n’a pas eu le courage politique d’aller vers le suffrage universel !

         Votre entrée dans l’UMP n’a même pas permis de faire avancer l’Europe. Vous avez ratifié un traité de Nice détestable qui a profilé une Europe à géométrie variable, et vous avez approuvé un projet de constitution flottant et illisible. Pouvez-vous me dire quelle a été la valeur ajoutée européenne des centristes que vous prétendez représenter ?

         Quant à la fameuse réforme de l’Etat dont l’UMP se gausse en permanence, qu’avez-vous fait de concret à ce sujet, alors que des ministères ne servent à rien, que la France dispose d’une pléthore de préfectures et de sous-préfectures, que les structures locales se superposent et s’ajoutent au fil des années. Alors qu’il ne se passe pas un jour, et j’exagère à peine, sans qu’un ministre, ou un sous ministre, n’annoncent la création d’un comité, d’un observatoire, ou d’une délégation qui n’existaient pas auparavant. Alors que  la première décision que prend le gouvernement, dès que surgit un problème nouveau, est de faire voter une loi nouvelle ! Est-ce cela la réforme de l’Etat ?

         Et enfin, ce qui est plus grave, la corruption politique dont vous avez été partie prenante au CDS, fait peser un soupçon permanent sur le désintéressement des responsables politiques, et sur le premier d’entre eux qui s’accroche au pouvoir.

Il est clair que la France que vous allez léguer à nos enfants et à nos petits enfants n’est pas de nature à susciter l’enthousiasme de la jeunesse et à l’encourager à s’engager dans la politique. Le symbole de votre France, c’est votre fidèle ami, le commissaire français à Bruxelles, le serviteur d’une France corrompue du passé !

Veuillez agréer, monsieur le Président, l’expression de ma considération distinguée,

La France de 2018 ?

Aujourd’hui, les « choses » de la France ont-elles vraiment changé ? Non !

Elles se sont aggravées… une Union  Européenne en déroute, compte tenu d’un élargissement aventureux, d’une mondialisation libérale sans contrepoids, d’une montée de l’Islam liée à une immigration incontrôlée, et enfin d’une dette publique très menaçante pour notre avenir.

        Le centrisme ? Il s’est largement marginalisé face à une aspiration populaire de plus en plus soucieuse d’identité et de racines, qui l’éloigne des petites combinaisons de compromis.

Avec l’élection surprise de Macron, et avec un MODEM miraculé, un certain centrisme a repris des couleurs, pour combien de temps encore dans un état toujours « supplétif » ?

Le patron du MODEM a choisi Pau au lieu de Strasbourg ou de Bruxelles, et on ne l’a même pas vu dans ses Pyrénées natales se mesurer aux ours !

A suivre l’actualité au jour le jour, le débordement de la com’ politique en tout genre, je serais tenté de penser

1° que nous vivons un feu de paille politique,

2° que le centrisme mi-figue mi-raisin du ni-ni, c’est fini !

Jean Pierre Renaud

La République Française et la Corse ? Cartes sur table ! Un nouvel Etat ?

   Le 10 décembre 2017, les nationalistes et indépendantistes de Corse ont remporté les élections de la nouvelle assemblée régionale.

            Leur discours actuel ? Aller vers l’indépendance de l’île dans une dizaine d’années.

            Ce processus suscite de multiples questions :

            La première, la République Française indivisible existe-t-elle encore, étant donné que son assiette constitutionnelle échappe ou semble échapper à ses pouvoirs constitués, le Parlement et le gouvernement, donc aux citoyens français ?

            Ne serait-il pas constitutionnel et démocratique de soumettre  ce choix à un  référendum national, Corse comprise, plutôt que de se laisser entraîner dans un processus constitutionnel détourné. Monsieur Siméoni a reconnu d’ailleurs qu’il conviendra de modifier la Constitution.

            En troisième lieu, et avant toute chose et toute décision, il est capital que le processus engagé le soit « cartes sur tables », du « doit » et de l’« avoir », ce qui veut dire avec un bilan des relations de toute nature existant entre les deux collectivités.

       Il faut qu’il soit bien clair, que dans une situation d’indépendance de la nouvelle Corse, le nouvel État ne bénéficiera pas, sous couvert d’une appellation flatteuse d’une autonomie-indépendance qui ne dit pas son nom, d’une sorte d’assistance respiratoire ad vitam æternam, en conservant tous les avantages existant aujourd’hui avec sa métropole, continuité territoriale, relations extérieures, monnaie, défense, sécurité, aide sanitaire et sociale, lutte contre les incendies, etc…

            Est-ce que dans la balance, les beautés de la Corse suffiront à faire le poids ?

            Quatrièmement, la République française a tout intérêt à quitter ces chemins de traverse qui, sous couleur de grandeur nationale et d’autonomie, depuis des dizaines d’années, laissent s’établir dans ces territoires le laissez aller des affaires publiques.

            A lire l’Editorial du Figaro du 3 décembre : « Corse : le pari du réalisme » et le Contre-Point de la page 3 : « Outremer : l’autonomie, antidote de l’indépendance », on voit bien se perpétuer ce type de dérive « nationale » quasi-historique qui continue à prospérer chez nous les yeux fermés, dans l’outre-mer en général.

             Avec une fois de plus, une illustration de l’adage « le beurre, et l’argent du beurre ».  

    Jean Pierre Renaud

        Dernière heure ! Le Miracle ! Le Parisien du 5 janvier 2017, page 15 :

          » Au Cap Corse, on marche sur l’eau »

« Etre de droite aux yeux de la gauche » Un cas concret de manipulation politique avec Le Parisien

« Etre de droite aux yeux de la gauche »

Mathieu Bock-Côté, Le Figaro du 12/12/2017, page 18

            Cet article décrit bien le fonctionnement actuel du système médiatique français, en observant :

          « Si la gauche médiatique conserve un pouvoir immense, c’est bien celui de déterminer les critères de respectabilité pour ceux qui veulent évoluer dans l’espace public : c’est elle qui distingue entre la droite humaniste et la droite dure, entre le conservatisme et l’ultraconservatisme, entre ceux qui sont fréquentables et ceux qui ne le sont pas…

            C’est la gauche médiatique qui décidera à quelle condition la droite est légitime et à quel moment elle ne l’est plus. Elle trace le cercle de la respectabilité républicaine et se donne ensuite le droit de décréter qui en sort ou pas. »

Un cas concret : une manipulation politique du média Le Parisien :

            Dans Le Parisien du 9 décembre 2017, page 8 Politique, un article intitulé :

« Quand Wauquiez fait du Le Pen »

« Le favori pour l’élection à la présidence des Républicains, dont le 1er tour a lieu demain, répète qu’il refuse toute alliance avec le FN, tout en assurant qu’ils sont très proches

Qui de Laurent Wauquiez ou de Marine Le Pen a prononcé ces phrases ? »

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Deux photos en face à face et en dessous huit citations comparées :

La première cite l’expression « la majorité silencieuse »

La deuxième cite l’expression « l’Europe passoire »

La troisième cite deux phrases où tous les deux soulignent la nécessité pour un étranger venu en France de s’adapter à notre pays, et non l’inverse.

La quatrième cite les racines chrétiennes de la France, Wauquiez y ajoutant les racines gréco-romaines. »

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          La date choisie est évidemment un choix politique, étant donné les élections du lendemain, mais les expressions qui serviraient soi-disant d’illustrations  du Wauquiez = Le Pen ne démontrent évidemment rien sur le plan politique.

La « majorité silencieuse » ? Quèsaco ? Un lieu commun !

« Une Europe passoire », tout le monde le reconnait à gauche ou à droite ! J’ai moi-même utilisé cette expression sur ce blog !

La nécessité pour un étranger de s’adapter à notre pays et non l’inverse contredirait une simple politesse, quand l’on vient dans un pays étranger, souvent sans papier.

Quant aux racines chrétiennes et gréco-romaines, comment en faire un élément de compromission politique, puisque c’est effectivement le cas ?

       Ce décryptage d’un cas de manipulation du verbe politique explique aussi pourquoi beaucoup de Français et de Françaises ne font pas confiance aux médias !

        Ajouterais-je qu’en proposant ce cas concret, le même cercle m’accusera, peut-être, et sans doute, d’être une créature de droite ou d’extrême droite.

           Jean Pierre Renaud

Les Mots de la post-colonisation : avec Jules Ferry, Georges Clémenceau, Jean Louis Borloo, et Esther Duflo

Les mots de la post colonisation ?

La « civilisation » de Jules Ferry – L’électrification miracle de Jean-Louis Borloo- La « responsabilité morale » d’Esther Duflo : est-ce bien différent ?

Flux migratoires et démographie africaine, ou les ignorances feintes de notre establishment, français ou européen.

Une clé trop souvent oubliée, le culturel

            Première observation : tous les Français qui se sont intéressés ou qui s’intéressent encore à l’Afrique et à son développement, comme tous les Africains qui se sont partagé le pouvoir depuis les indépendances, ou qui se sont tenus informés du cours des choses dans leur pays, ont toujours su ce qu’il en était de l’expansion démographique de l’Afrique.

            Au moment des indépendances, certains spécialistes, notamment Georges Balandier, avaient toutefois une lecture optimiste de cette évolution, en estimant que le décollage économique de l’Afrique Noire était possible, et donc de nature à absorber cette croissance démographique.

       Sur ce blog, le 12 juillet 2011, et en référence à un article du journal Les Echos (10/06/2011, page 17), « Afrique, la bombe démographique »), je rappelais à propos des « Printemps arabes » la thèse que défendait, plus de cinquante ans auparavant le sociologue et polémologue Gaston Bouthoul dans son livre « La surpopulation » (1964).

            Ce livre n’était pas dénué de qualités, mais le style et le contenu de l’œuvre, par trop tonitruants, étaient de nature à surprendre plus d’un lecteur.

            Gaston Bouthoul proclamait à l’époque un certain nombre de vérités qui en dérangeaient beaucoup, et à mes yeux, son grand mérite était de mettre le doigt sur un facteur de changement trop souvent négligé ou volontairement ignoré, le rôle capital des femmes.

            Deuxième observation : il semble que c’est avant tout en prenant connaissance des flux migratoires provoqués par les « Printemps Arabes », et plus récemment par les guerres du Moyen Orient ou d’Afrique, que l’opinion publique semble avoir réalisé que le problème existait.

            Auparavant, les flux migratoires étaient plus ou moins masqués ou cachés dans notre pays, avec des flux de migrants sans papiers, des opérations de régularisation humaine ou politique de cette catégorie de migrants, de regroupement familial vrai ou fictif, de mariages mixtes arrangés et souvent monnayés…

            De nos jours aussi, les chaines de télévision, en pleine concurrence de causes humanitaires, nous saturent d’images de migrants ou de réfugiés, et c’est tout le problème, quelle que fusse leur origine géographique, Afrique du nord, de l’ouest ou de l’est, Moyen Orient, ou  Asie.

            A présent, ce sont les mineurs isolés qui font la Une de nos médias, c’est-à-dire les enfants des pays du Moyen Orient ou d’Afrique, dont leurs parents nous font cadeau.

            Le cas de Mayotte est à ce sujet exemplaire, avec la proximité de la République des Comores.

            Troisième observation de nature historique : je rappelle que les spécialistes français du monde africain n’ont pas eu un regard pessimiste sur l’évolution démographique du continent, pas plus que nos hommes ou femmes politiques, dans les années qui ont précédé les indépendances ou qui les ont suivies.

            Dans la chronique que j’ai consacrée aux concepts de subversion et de pouvoir, j’ai relevé que dans les deux livres de Mendès-France et de Peyrefitte, « Choisir » et « Le Mal Français », la question de la démographie africaine ne semblait pas se poser.

            Un des bons spécialistes, sociologue réputé et reconnu de l’Afrique noire, Georges Balandier, soutenait en effet une thèse plutôt optimiste sur la démographie africaine, telle celle dont j’avais pris connaissance au cours de mes études dans la revue mendésiste « Les Cahiers de la République » (mai-juin 1957)

        Dans ce numéro, toute une série de chroniques étaient consacrées aux problèmes de l’outre-mer, dont celle de Balandier intitulée «  Problèmes sociologiques de l’Afrique Noire » (p, 38 à 47).

      L’auteur relevait tout un ensemble de problématiques complexes et difficiles à résoudre, et écrivait :

            « Les peuples africains disposent, par rapport à ceux d’Asie, d’un avantage considérable : les problèmes qu’ils  affrontent ne sont pas encore aggravés par une course de vitesse entre progrès économique et expansion démographique. La croissance des populations est cependant forte : une récente enquête en Guinée française a révélé un taux de croissance annuel établi entre 20 et 25% ; mais dans une perspective de développement économique les sociétés africaines peuvent pour la plupart intégrer ces bouches nouvelles sans risques sérieux. Ceux-ci n’apparaissent que dans les territoires où la politique de confiscation des terres, à l’avantage du colonat, confinant les paysans autochtones à l’intérieur d’étroites réserves. La moindre contrainte démographique permet aux pays d’Afrique noire d’envisager un développement économique moins brusqué, plus soucieux du coût social et humain : ils ne travaillent pas, comme ceux d’Asie, sous la menace permanente de la famine. Le Gouvernement de Ghana a su, dans ses prévisions, tenir compte de cette situation, il a le souci de réaliser les aménagements sociaux préalables à toute action économique de grande envergure ; il entreprend une tâche intensive d’éducation et de formation technique, constitue une administration adaptée aux nécessités modernes en même temps qu’il élargit l’infrastructure économique (et notamment, le réseau de communications) ; il n’aborde le développement économique proprement dit que d’une manière prudente et l’action porte en premier lieu sur le secteur agricole. Mais il reste difficile de prévoir combien de temps durera cette possibilité de ménager les étapes, de ne pas accepter le progrès à n’importe quel prix (et, en particulier, au prix d’ingérences étrangères lourdes). » (p,41)

Le lecteur aura noté l’expression que j’ai soulignée : « la moindre contrainte démographique ».

            L’auteur soulignait toutefois que le processus de développement qui pouvait être engagé rencontrait aussi des difficultés, notamment socioculturelles, et c’est là que se situait le vrai problème :

            «  La référence aux conditions culturelles s’impose : c’est d’ailleurs un domaine bien prospecté par l’ethnologue. La permanence de comportements typiques, ou de modes d’organisation plus ou moins adéquats, peut constituer un obstacle grave à la promotion économique du Noir africain.

         Les Fang du Gabon nous offrent l’exemple de « désajustements » résultant du maintien d’une attitude ancienne à l’égard des richesses. Il s’agit, avec ce peuple, d’une société médiocrement hiérarchisée où s’affirment les prééminences plus que les autorités instituées ; c’est ainsi que le riche (nkuma-huma) bénéficie d’un prestige qui lui donne figure de chef local aux yeux des étrangers. Seulement, la richesse consiste essentiellement en femmes (un proverbe affirme : Nos vraies richesses, ce sont nos femmes) et en « marchandises », serrées dans des coffres, qui apparaissent en quelque sorte comme des « femmes virtuelles » puisqu’elles interviennent dans la constitution des dots. Il est certain qu’une large part des revenus circule d’abord sous forme de dots, cependant que ces dernières obéissent aux mouvements des prix locaux. Dans la mesure où l’accès aux sources de revenus s’est individualisé, la compétition pour les femmes s’est exacerbée et le coût des dots n’a cessé de croître – comme croit d’ailleurs le nombre de célibataires forcés… »  (p, 43)

         Cette citation montre bien une des difficultés qu’ont eu à résoudre les nouveaux chefs d’Etat africains, la compatibilité entre le socio-religieux, le socio-culturel et le développement économique.

        Plus de soixante ans après,  l’évolution du monde noir montre clairement que cette difficulté n’a pas toujours été, et c’est un euphémisme, véritablement résolue, car une des raisons de l’explosion démographique de l’Afrique parait bien liée à un contexte socio-culturel, pour ne pas dire religieux, peu disposé à accepter un effort de régulation démographique conjugué avec un développement économique fondé sur de bonnes assises collectives.

        Le tissu socio-culturel  africain constituait dès le départ un adversaire redoutable pour tout développement, une sorte de nœud gordien, face à un patchwork de croyances, de langues, de mœurs,  et de modes de gouvernance, avec des structures complexes de parentés, de lignages, de castes, de chefferies dont les officielles du temps de la colonisation n’étaient pas toujours les chefferies réelles, etc…

       Il est beaucoup plus difficile de mettre en mouvement un changement culturel, souvent religieux, que de mettre en œuvre des capitaux ou des équipements.

        Comment ne pas faire un rapprochement avec la situation socio-culturelle qui existe dans certains de nos quartiers sensibles, et dont l’évolution sur la longue durée n’est pas toujours favorable à l’intégration de leurs territoires au sein de la République française ?

        Historiquement, ces analyses de la situation de l’Afrique ont-elles fondamentalement changé ? C’est loin d’être sûr.

Les mythes de la « civilisation »

       Quelle différence existe-t-il entre le discours d’Esther Duflo : « C’est une responsabilité morale » dans le journal Le Parisien du 18 septembre 2017, ou celui de Jean Louis Borloo sur la révolution promise de l’électrification de l’Afrique, et celui de la Troisième République sur la « civilisation » ?

         Sauf à dire que ces magnifiques concepts faisaient ou font précisément l’impasse sur les facteurs socio-culturels, sur le rôle des croyances, des coutumes, et dans la cas de l’Afrique, sur la condition féminine !

       Au cours du  fameux échange oratoire qui eut lieu à la Chambre des Députés, entre Jules Ferry et Georges Clémenceau, le 28 juillet 1885, rappelé dans l’éditorial du numéro cité des « Cahiers de la République », Clemenceau, bon connaisseur des civilisations asiatiques, soulignait l’importance des facteurs culturels :

        « Vous prétendez apporter à un peuple, à la pointe de l’épée, l’esprit d’une civilisation. Vous vantez un certain nombre de résultats spectaculaires des élites « ralliées », des hôpitaux construits, des routes, des écoles, l’ordre européen enfin, qui se donne à lui-même l’élégance d’être plus moderne, plus européen que l’Europe : gratte-ciels d’Alger ponts de Saigon. Mais tout cela n’est que le résultat d’une amère exploitation ». Ce que l’on prend pour une grande œuvre nationale n’est à la vérité que l’entreprise d’un petit nombre, le profit d’un plus petit nombre encore. Ainsi l’Europe industrielle, démocratique et sociale n’a exporté, sous le couvert de la colonisation, que ses vestiges féodaux renouvelés. Elle n’use des techniques modernes que pour leur rentabilité, masquant sous ses institutions libérales l’exploitation totale d’un peuple par un autre.

      Mieux encore : pour certains, l’alibi de la « présence culturelle », n’est encore qu’une forme d’impérialisme, et la plus grave, puisqu’elle tend à déposséder un peuple de ce qui fait sa dignité propre à savoir, sa culture… » (p,3)

      Vaste débat souvent caricatural, en notant que les deux hommes politiques qui s’affrontaient étaient parties prenantes de la gauche « impérialiste » de la Troisième République conquérante, que Clemenceau avait une culture  du monde asiatique que n’avait pas son adversaire, et c’est sur ce point que je voudrais insister, la « culture », le mot clé qui manque le plus souvent à mon avis dans les débats ouverts sur la colonisation, le développement, avant ou après les indépendances des anciennes colonies.

       Clemenceau mettait justement le doigt sur le point sensible, la « culture », mais les mondes culturels de l’Asie avaient, et ont encore,  peu de choses en commun avec celles d’Afrique.

           Cette différence de milieux culturels entre les deux continents constitue à mes yeux une des raisons du décollage économique réussi de la plupart des pays d’Asie et des blocages généralement constatés sur le continent africain.

            Indépendamment de tous les facteurs qui ont empêché ou ralenti le développement de l’Afrique noire, ce continent immense souffre d’une fracture religieuse et socio-culturelle entre les pays islamisés et les pays anciennement animistes ou fétichistes, puis en partie christianisés.

           Le continent africain a pour caractéristique capitale l’éparpillement de son patrimoine socio-culturel, et souffre donc de l’absence d’une  véritable colonne vertébrale culturelle de type collectif, comme dans le monde asiatique.

            Dans son livre sur la surpopulation, Gaston Bouthoul, mettait l’accent dans la première partie sur « Les faits, la mutation et la révolution démographique », avec en « 3 – Le déluge démographique ? L’explosion des pays sous-développés »    

            L’auteur décrivait le « sauve qui peut » des colonialistes face à la démographie galopante des colonies » (p,81)

            Les flux démographiques actuels, quels que soient les noms de baptême qu’on leur donne, sont aux rendez-vous annoncés et prévus.

            C’est la raison pour laquelle les exhortations actuelles de Madame Duflo ou de Monsieur Borloo s’inscrivent en définitive dans le même schéma d’analyse que celui ancien de la colonisation, mise au goût du jour avec l’aide au développement.

        Pas de solution en profondeur sans changement dans les cultures du pouvoir, car comme nous l’avons rappelé, George Balandier soulignait clairement la dimension socio-culturelle de cette problématique.

        Pour reprendre le propos de Monsieur Borloo, l’électrification du continent ne constitue pas une solution miracle, sans changement en profondeur des cultures.

        Rappellerai-je que le même Borloo a mis en œuvre un programme important de rénovation urbaine dans les quartiers sensibles de France, mais sans accorder assez d’attention à leur milieu socio-culturel qui a été laissé en jachère ?  

       Sans évolution des milieux socio-culturels d’Afrique noire, de leurs réflexes en face des naissances, la course de vitesse entre développement économiqueet croissance démographique risque d’être perdue d’avance, et c’est là qu’est le vrai tabou, dont personne n’ose parler.

         Il semble me souvenir que le pape François avait osé abordé le sujet de façon oblique lors d’un de ses voyages en Afrique, et que le Président de la République du Niger s’était engagé dans une politique courageuse de régulation démographique, d’autant plus courageuse qu’elle s’inscrivait dans un contexte culturel musulman.

Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

Jeux Olympiques 2024 ? Engouement des médias ou engouement des Français et des Françaises ?

Jeux Olympiques 2024 ?

Engouement des médias ou engouement des Français et des Françaises ?

Avec les coups de pagaye du champion olympique Estanguet ?

            A lire les résultats de «  La question du jour » du journal Le Parisien (15/09/17), les lecteurs ne paraissent pas enthousiastes quant aux effets des JO :

           « Question d’hier

          Les Jeux Olympiques en 2024 à Paris sont-ils une chance pour la France ? Oui 32,3% Non 67,7% 10 359 internautes ont voté. »

           Il va falloir que notre grand champion pagaye dur pour que ces JO soient un succès !

          Jean Pierre Renaud

« Carnet rose canin à l’Elysée » ou carnet noir des deux détectives infatigables du journal Le Monde D et D

« Carnet rose canin à l’Elysée » ou carnet noir pour les deux détectives infatigables D et D du journal Le Monde ? »

            Secret professionnel ou secret des sources ? « Carnet rose canin à l’Elysée » Le Parisien du 31 mars 2017.

            Dix naissances avant Noël !

            Les deux détectives infatigables ont eu tout à fait raison de tenir leur plume – le supplice – : imaginez qu’au lieu de trois candidats de la gauche « officielle », le Grand Ordonnateur en ait accouché de dix ? Et sans pouvoir savoir s’il s‘agissait de chiots légitimes ou adultérins, ou pire encore de chiots binationaux…

            Quel désastre ! Trois déjà, çà n’est pas si mal !

            En lisant rapidement ce titre de journal, les mauvais esprits ont eu raison d’avoir peur. On ne sait jamais ce qui aurait bien pu se passer au Palais de l’Elysée !

Jean Pierre Renaud

« Coloniser, c’est Storaniser ! » Acte II

« Coloniser, c’est Macroniser ! »Acte I

« Coloniser, c’est Storaniser ! » Acte II

« Coloniser, c’est Customiser ! », à la sauce d’une agit-prop professionnelle !

&

« Le Parisien du 17 février 2017, page 4 :

La chronique : « Mais quelle mouche  a piqué Macron ?

Polémique –  En qualifiant la colonisation de « crime contre l’humanité »… » et en défendant la Manif pour tous… »

En bas de page : avec la photo de M.Stora à gauche, l’interview de l’historien de l’Algérie, sous le titre :

« En matière de colonisation, la France a bâti un faux modèle républicain »

          Après les « crânes » des « résistants »  algériens, en 1854,  à rapatrier en Algérie, les « mémoires dangereuses »,  « les crimes contre l’humanité » !

           M.Stora a-t-il la prétention de prendre pour postulat de son discours le « modèle » algérien ? Lequel serait représentatif de l’histoire de la colonisation française ?

            M.Stora vient ici au secours du candidat Macron ? En aurait-il tant besoin ?

      « C’est un problème d’autant plus insoluble – (déposer plaintecontre les crimeset faire poursuivre) –  qu’en France, dès que l’on prononce les mots « crimes contre l’humanité », le débat est clos ou se politise. Il est quasiment interdit d’évoquer tout acte de violence commis par la France pendant la colonisation »

          Les historiens connaissent sans doute, et à ce sujet, les récits de Loti, Maran, Vigné d’Octon, Augagneur, Gide, Roubaud, Londres …, pour citer quelques auteursde la Troisième République, ou plus récemment, et par exemple, ceux de M.M Boiteau et Tronchon sur Madagascar, ou de Mme Branche sur la torture…

          « La France a bâti un faux modèle républicain » : la France a-t-elle voulu mettre en œuvre ailleurs qu’en Algérie, après 1945, et contre l’opposition permanente de la minorité agissante des Français d’Algérie, le « modèle républicain », avec la complicité des partis de gauche ou de droite ?

           De quelle République parlons-nous ? Celle de la République laxiste de Mitterrand et de Chirac qui ont laissé faire pour que la République soit tellement absente de nos quartiers sensibles ?

         A la fin de son interview, M.Stora repart sur son terrain de prédilection, celui des populations d’origine immigrée :

        « Comment expliquer à ces catégories de la population qui descendent de l’histoire de la colonisation que, soixante ans après, on ne peut toujours pas tenir en France des critiques contre ce système ? La colonisation est devenue un marqueur identitaire comme l’esclavage pour les Noirs. C’est une question historique aux conséquences politiques très vivaces. »

         Fermé le ban !

        Dieu soit loué ! En dépit de sa faible fréquentation, – pourquoi ? – la Cité de l’Histoire de l’Immigration contribue sûrement à combler ce gouffre d’ignorance.

          « On ne peut toujours pas tenir en France des critiques contre ce système »  : alors qu’à longueur d’année des historiens, des chercheurs, des intellectuels, dénoncent les méfaits de la France coloniale, le plus souvent sans connaître grand-chose de son histoire ?

        « Comment expliquer à ces catégories de population … ? Des catégories que M .Stora se garde bien de vouloir faire compter, car il n’a  jamais jusqu’à présent fait mesurer le champ d’un de ses thèmes préférés, celui de la mémoire coloniale, alors qu’il surfe en permanence sur le sujet ?

           Comment expliquer aux Français que cette absence supposée de critique puisse justifier que « la colonisation est devenue un marqueur identitaire… », alors que les « experts » ne savent même pas, ou ne veulent pas le mesurer, et que les Français constatent de plus en plus, compte tenu des flux de l’immigration passée « régulière » ou « irrégulière », que c’est l’Islam qui est peut-être devenu le « marqueur identitaire » ?

           Comme je l’ai déjà écrit, il est tout de même très étrange que ces catégories de population marquées du fer rouge de la colonisation, soient venues, et viennent encore nombreuses se placer sous le joug d’un  système colonial qui existerait toujours en France, pour appeler un chat un chat, notamment de la terre qui a vu naître M.Stora, au cours de la décennie noire des années 1990 2000.

           Pourquoi agit-prop professionnelle ? Parce que ces intellectuels tiennent un discours idéologique qui semble ignorer les grands progrès qui ont été réalisés dans l’histoire quantitative, et ici, dans la mesure statistique de ces fameuses « mémoires » collectives, ce qui n’était pas le cas avant 1939-1945.

       Ils ne font que se cantonner dans le discours des idées, et c’est évidemment plus confortable !

Jean Pierre Renaud

Les Médias et le PSG: où va le foot français ?

  La Gauche et la Droite parisiennes ont confié les clés du PSG à une puissance étrangère, avec pour résultat l’influence qu’elle est susceptible d’exercer sur la vie nationale, en jouant avec l’image de la capitale, Paris, siège des institutions de  la République Française.

            C’est évidemment le cas avec la domination écrasante dont le PSG a fait preuve au championnat de France de la Ligue 1 d’un football encore français, dans les apparences tout au moins.

            A l’occasion de son écrasant succès contre Troyes, 9 à 0, les journaux ont souvent rivalisé dans l’enflure pour saluer ce brillant succès d’une équipe qui dispose d’un budget de l’ordre du demi-milliard d’euros, alors que ses concurrents ont de la peine à aligner quelques millions d’euros.

        Le 14 mars dernier, le journal Le Parisien a battu tous les records des superlatifs, une demi-page en première page, avec plusieurs pages d’affilée, avec un commentaire qui vous laissait pantois d’émotion :

          « En décrochant le titre de champion de France à l’issue de la 30ème journée de la compétition (contre Troyes 9-0) le PSG devient le club couronné le plus tôt dans l’histoire du foot français »

           Question : s’agit-il encore « du foot français » ?

          Le journal Le Figaro du 15 mars publiait en page 12, un article intitulé :

          « Le PSG réécrit l’histoire du foot français »

          Question : s’agit-il encore du « foot français » ?

           Le 14 mars dernier, le journal La Croix publiait en page 23, un article intitulé :

         « Le Paris SG, champion de la précocité »

          Question: qu’est-ce à dire ? Un titre gentil comme tout !

          Le 15 mars, le journal Le Monde, quittant pour une fois les traverses de ses deux détectives infatigables, D et D, publiait en page 13, un article avec un titre choc, qui dit toute la vérité sur cette dérive du foot, dit français :

        « Le PSG, fossoyeur de la Ligue 1 »

              Et naturellement, le Président  de la Ligue de football professionnel, champion de toutes les combinaisons sportives, dit tout le bien qu’il pense du PSG :

             « Le football français doit être reconnaissant au PSG pour ce qu’il lui apporte à l’indice UEFA »

         J’ai souligné les trois mots intéressants.

         La France a décidément bien changé depuis les temps passés qui virent le même Président faire ses premières armes au Cabinet du ministre socialiste très grand teint que fut Gaston Defferre.

Jean Pierre Renaud

A Paris, l’équipe Hidalgo met en pièces le droit à construire!

A Paris, l’équipe Hidalgo met en pièces le droit de construire : plus de parkings ! Le Parisien du 6 décembre 2016, Paris page III

« La mini-révolution des immeubles sans parking »

Ou la violation du Plan Local d’Urbanisme !

            Hier, Madame Hidalgo loue les catacombes à la société Airbnb qui taille des croupières dans le droit et la fiscalité des locations, y compris dans l’hôtellerie parisienne, en favorisant toutes les opérations de locations au noir.

             Aujourd’hui, la maire délivre des permis de construire qui ne sont plus astreints à l’obligation ancienne de construction de parkings, une règle tout à fait sage du Plan Local d’Urbanisme, donc en violant une disposition protectrice du bien vivre parisien.

          Le but était évidemment d’éviter que les habitants des immeubles nouvellement construits, fassent stationner leurs véhicules n’importe où, ce qui est déjà, et bien souvent le cas, avec à l’évidence une aggravation de cette pollution et de cette inégalité entre contribuables, si la Ville persévère dans cette mauvaise « voie ».

         Je cite :

          « Normalement » le PLU contraint les promoteurs à créer une place de stationnement par tranche de 100 m2 . « On sait, précise jan Brossat, que cette disposition est un frein à la construction…

       Reste que la Ville n’entend pas en rester là. »Nous allons modifier le PLU en début d’année au Conseil de Paris », prévient Jan Brossat, histoire d’officialiser la tendance. »

    Moralité : la Ville viole une bonne disposition de l’urbanisme parisien, avec une conception tout à fait curieuse de la vie démocratique, puisque d’après l’Adjoint Brossat, elle serait assurée de voir cette violation entérinée par le  Conseil de Paris.

    Vraiment, une bien curieuse conception à la fois du bien vivre à Paris et du bon droit qui y est applicable !

     Les élus parisiens donnent l’exemple de l’irresponsabilité publique, tout à la fois juridique et morale.           

   Jean Pierre Renaud

Humeur Tique, la Rose ! « Sous le lit » ?

      –  Si j’ai bien lu le Parisien du 11 avril 2015, à la page 6 Politique,  sous le titre :

                « Et Aubry rentra dans le rang

               PS Le camp de François Hollande-Valls redoutait  une offensive de la maire de Lille en vue du Congrès de juin, mais elle renonce à sa « motion….

            « Nous avons reconstruit un texte dans lequel nous trouvons un accord sur le fond… Personne ne s’est rallié à l’autre. Personne n’est passé sous le lit. » a-t-elle expliqué… »

            « Sous le lit » ? A-t-elle dit ?

       – Et Le Monde des 12 et 13 avril 2015

           Dans le journal Le Monde des 12 et 13 avril 2015, page 9 :

      « Congrès du PS : la synthèse malgré tout »

          Le journaliste Nicolas Chapuis cite un propos différent :

         La maire de Lille lors d’une conférence de presse : « Il s’agit d’une motion préparatoire en commun, où personne ne s’est rallié, où personne n’est passé sous le tapis. »

      « sous le lit » ou « sous le tapis » ?

       Ou encore connivence entre communicants de presse d’un jour à son lendemain ?

            De façon plus prosaïque, Martine revient sur terre en tenant compte d’une règle tout simplement arithmétique ? Au fur et à mesure des raclées électorales du PS, même à Lille, les troupes se sont bien effilochées.